Après leur venue pour les 2012 puis les 2013 l'an dernier, Marlène et Raphaël étaient de retour pour nous faire goûter leurs 2014. Quelle régularité année après année, des vins toujours aussi exceptionnels !
Cistes 2014
Belle Léone 2014
Marlène n°3 2014
Encore un grand merci à Marlène et Raphaël pour leur venue et leur générosité. En espérant les revoir très vite à la Cave du Théâtre !
Pour bien comprendre les différences avec l’AOC Sant-Pourçain, voici quelques éléments de comparaison :
L’AOC Saint-Pourçain fait environ 600 hectares répartis sur 19 communes et 20kms de long contre 400 hectares sur 53 communes et 80 kms de long pour l’AOC Côtes d’Auvergne qui est donc plus étalée et encore plus hétérogène.
On compte une vingtaine de producteurs à Saint-Pourçain contre une petite cinquantaine dans les Côtes d’Auvergne, où les exploitations sont donc en moyenne bien plus petites.
Le climat est aussi bien différent, beaucoup plus chaud et sec dans les Côtes d’Auvergne protégées par les Monts du Sancy (effet de Foehn). Il y a en moyenne 200mm/an de pluie supplémentaire à Saint-Pourçain. Cela explique en partie la meilleure réussite des blancs à Saint-Pourçain et les expérimentations comme les blancs de noirs, les vins de macération, etc... dans le Puy-de-Dôme.
L’encépagement est différent également avec la présence du Tressallier à Saint-Pourçain et l’arrivée de nouveaux cépages plus sudistes comme la syrah en IGP Puy-de-Dôme par exemple.
Enfin, les sols sont eux aussi en partie différents : on trouve du granite, de l’argilo-calcaire et du sable dans les deux appellations mais les sols volcaniques à proprement parler ne se trouvent qu’à certains endroits des Côtes d’Auvergne.
Soirée Auvergne n°1
1 Terres Bariolées, Côtes d’Auvergne Les Suquets 2022 (100% chardonnay, à Chalus) : couleur or pâle un peu trouble, nez un peu fermentaire, levure, poire, agrumes. La bouche est assez simple, manquant un peu d’énergie et de tension sur ce millésime solaire dans le Puy-de-Dôme. Un vin qui se goûtait mieux il y a 6 mois finalement.
2 Les Bérioles, Vin de France Autochtone 2021 (100% tressallier, à Cesset) : Couleur or, nez sur les agrumes, floral, à peine miellé, début d’évolution que l’on a senti avec l’ouverture vers des fruits plus exotiques. La bouche combine un très beau volume à une belle tension, aussi long que large, il s’est bien ouvert lui qui était un peu austère il y a un an, avec du fruit et aussi une sensation de minéralité sur la fin de bouche, finale très longue et salivante. Déjà excellent en l’état et un grand vin dans un an ou deux qui a fait l’unanimité.
3 Grosbot-Barbara, Vin de France Clos Jacques Chevallier 2018 (75% chardonnay + tressallier, pinot gris, à Cesset) : Couleur or pâle, nez déjà bien évolué, peut-être un peu trop pour 2018, avec un côté beurre rance. La bouche est très jolie, grasse et beurrée mais elle a aussi gardé une bonne fraîcheur et de la longueur. Un peu frustrant au final, la bouteille a probablement évolué un peu trop vite et se goûtait beaucoup mieux il y a un an ou deux. Le vin reste plutôt bon, mais pas au niveau espéré.
4 Bastien Migeon, Côtes d’Auvergne Châteaugay Tiétà 2022 (75% gamay, 25% pinot noir) : couleur assez claire pour un gamay majoritaire, un nez plein de fruit et de pivoine, cerise, framboise. La bouche attaque avec ce joli fruité, puis elle se durcit sur la finale, sur des notes « volcaniques » de cendre et de fumée qui étaient plus discrètes il y a quelques mois. Le terroir est en train de ressortir, il apporte une certaine complexité mais a un peu trop resserré le vin peut-être. Ça reste d’un très bon niveau, surtout pour un premier millésime.
5 Clos de Breuilly, Saint-Pourçain Barnabooth 2021 (60% pinot noir + gamay, à Cesset) : Couleur rubis foncé, nez plus classique de pinot à la bourguignonne, fruits noirs et rouges, à peine d’élevage mais déjà bien intégré. La bouche combine fruité, finesse des tannins, texture soyeuse, fraîcheur et une belle longueur, dans un style qui rappelle clairement la Côte de Nuits. Un style très différent du précédent, avec probablement plus de potentiel de garde ici. Il a fait l’unanimité lui aussi lors des deux soirées.
6 Henri Chauvet, Côtes d’Auvergne Boudes Abrupts 2022 (100% gamay) : couleur grenat, à peine trouble, le nez est parfaitement propre dès l’ouverture, profond, on hésiterait entre gamay et syrah sur cette cuvée, un peu lardé, mais surtout fumé, avec des fruits noirs, de la violette, des notes racinaires, de la ronce. La bouche semble à la fois aérienne, légère en alcool, avec une belle texture soyeuse sans être boisé, mais aussi avec du corps, des arômes très nobles de grappe entière, beaucoup de fraîcheur, et surtout une finale qui allonge loin, très saline et très umami. Pour chipoter, l’aromatique en bouche est un peu discrète, plus qu’à sa sortie en tout cas, le vin est encore un peu jeune dans l’idéal même si tout le monde l’a trouvé superbe. Il a encore un gros potentiel de garde.
7 Renards des Côtes, Vin de France Cheire de Poule 2022 (100% gamay, à Sayat) : dès l’ouverture de cette bouteille c’est très marqué vernis à ongle (acétate d’éthyle) et encore pire avec l’ouverture, le vin ne sera pas bu. Etonnant, car d'autres bouteilles de la même cuvée se goûtaient très bien.
8 Miolanne, IGP Puy-de-Dôme syrah 2022 (100% syrah, à Neschers) : couleur très sombre, nez très marqué syrah, violette, fruits noirs, lardé, semble annoncer un vin puissant. Mais la bouche est finalement légère, aérienne, avec des tannins très souples, très facile à boire, avec une belle fraîcheur, tout en gardant une aromatique de belle syrah très pure. Très joli.
9 Benoît Montel, IGP Puy-de-Dôme Sang des volcans 2020 (100% syrah, à St Bonnet-près-Riom) : couleur très sombre aussi, un nez sur les fruits noirs, le cacao, petite touche d’élevage vanillé. La bouche est légèrement plus puissante et plus dense que le précédent, l’élevage fût a bien arrondi les tannins, un style plus civilisé et plus en rondeur, la finale a quand même gardé une bonne acidité qui donne une allonge bienvenue. Jolie syrah là aussi, qui profite bien de ses deux ans de plus en bouteille.
10 Coteau Libre, Coteau rouge 2022 (80% syrah + gamay, pinot à Saint-Privat du Dragon) : une bouteille prélevée en cours d’élevage, couleur très sombre, un nez très typé syrah du Rhône, très lardé, un peu sanguin, violette, anchois, olive, toute petite volatile. Bouche plus puissante que les précédents, mais aussi un peu plus d’allonge avec à la fois plus d’acidité et de tannins, moins de rondeur, plus de salinité aussi, un côté umami en finale, très salivant. Pour des vignes plantées en 2020 tout le monde s’est accordé à dire qu’il y avait un vrai terroir et un style à part. Très intéressant.
11 Annie Sauvat, Vin de France Syrius 2018 : (Vin de paille, 100% gamay à Boudes) : couleur framboise, nez très purée de fraise, fruits rouges, un peu vineux. Bouche avec un bel équilibre, pas trop sucrée, une bonne acidité, beaucoup de fruit, reste assez frais et digeste. Parfait pour finir. Merci Seb !
Soirée Auvergne n°2
1 Jean Wambergue, IGP Val de Loire-Allier Initial Tressallier 2022 (100% tressallier, à Saulcet) Couleur claire, nez sur le citron, les agrumes, à peine floral. Bouche vive, tendue, traçante, légère en alcool, citronnée, belle acidité qui réveille les papilles, sensation minérale et bonne longueur. Jean a choisi de ne pas faire la malo, peut-être un bon choix en 2022. Parfait pour débuter et mettre en appétit.
2 Grosbot-Barbara, Saint-Pourçain Les Maltotes 2022 (50% chardonnay, 50% tressallier, à Montord) Un style complètement opposé, couleur plus marquée, nez beurré, encore jeune, sur des notes d’élevage vanille, coco, fruité plus mûr. La bouche est ronde, grasse, ample, boisée, mais heureusement l’acidité du tressallier s’impose en fin de bouche empêchant le vin de tomber dans la lourdeur en l’étirant juste ce qu’il faut. Un vin de gastronomie, qui séduit toujours l’assemblée.
3 Les Bérioles, Vin de France Intrépide 2017 (100% chardonnay, à Cesset) Jean nous a ressorti un 2017 pour l’occasion, couleur bien dorée, nez très bourguignon, floral, fruits jaunes, beurré. En bouche l’attaque est grasse, large, encore en pleine forme, très vite l’acidité plus élevée que dans le vin précédent étire le vin, qui finit un peu plus austère mais plus long, sur des amers nobles. Très joli vin aussi, qui a l’avantage d’être à son apogée.
4 Terres bariolées, Vin de France Sables de grès 2022 (100% chardonnay muscaté en macération, à Chalus) Couleur entre ambre et orange, plutôt limpide (sauf le fond de bouteille). Joli nez, exubérant, légèrement marqué par la rose, mais aussi, abricot, pêche, miel, semble proche d’un beau nez de liquoreux. La bouche est bien sûr sèche, sur des arômes de fruits secs et de fruits confits, de la rose, quelques tannins et quelques amers mais très fins pour ce vin orange qui reste accessible, complexe, avec beaucoup de peps. Par rapport au chardonnay de la semaine précédente qui manquait un peu de tension on voit là tout l’intérêt de la macération : aller chercher l’équilibre sur les amers et les tannins pour compenser le manque d’acidité. C’est réussi ! Bien sûr c’était un OVNI pour beaucoup ce soir-là, il a donc divisé l’assemblée.
5 Simon Bousquet, Vin de France Héloïm 2022 (80% gamay, 20% chardonnay, à Corent) On commence par la nouvelle mode du blouge (mélange de blanc et de rouge). La couleur est entre rose et rouge, un nez un peu réduit qui a besoin de temps, animal, puis il s’ouvre sur des fruits rouges acidulés et des notes de rose. La bouche est très légère, peu de corps, mais une belle acidité, très fraiche, un petit vin d’apéritif qui glisse tout seul, une aromatique de pinot sur un équilibre de vin blanc.
6 Terres d’Ocre, Vin de France Les Cailloux Pinot noir 2022 (100% pinot noir, à Châtel-de-Neuvre) Couleur framboise, nez plein de petits fruits rouges, éclatant, gourmand, marqué par la grappe entière aussi, clairement floral, pas très loin du côté bonbon mais il s’arrête juste où il faut. Bouche infusée, très pure, toute en fruit, acidulée, florale, toute en élégance, longueur moyenne mais on y retourne très facilement. (A carafer ou secouer un peu car il y a une pointe de gaz à l’ouverture - mais personne ne l’a senti du coup).
7 Clos de Breuilly, Saint-Pourçain Barnabooth 2021 (60% pinot noir, 40% gamay, à Cesset) Couleur rubis foncé, nez plus classique de pinot à la bourguignonne, fruits noirs et rouges, à peine d’élevage mais déjà bien intégré. La bouche combine fruité, finesse des tannins, texture soyeuse, fraîcheur et une belle longueur, dans un style qui rappelle clairement la Côte de Nuits. Un style très différent du précédent, avec probablement plus de potentiel de garde ici. Il a fait l’unanimité lui aussi lors des deux soirées.
8 Henri Chauvet, Côtes d’Auvergne Boudes Abrupts 2022 (100% gamay, à Boudes) : couleur grenat, à peine trouble, le nez est parfaitement propre dès l’ouverture, profond, on hésiterait entre gamay et syrah sur cette cuvée, un peu lardé, mais surtout fumé, avec des fruits noirs, de la violette, des notes racinaires, de la ronce. La bouche semble à la fois aérienne, légère en alcool, avec une belle texture soyeuse sans être boisé, mais aussi avec du corps, des arômes très nobles de grappe entière, beaucoup de fraîcheur, et surtout une finale qui allonge loin, très saline et très umami. Pour chipoter, l’aromatique en bouche est un peu discrète, plus qu’à sa sortie en tout cas, le vin est encore un peu jeune dans l’idéal même si tout le monde l’a trouvé superbe. Il a encore un gros potentiel de garde.
9 Les Chemins de l’Arkose, Vin de France Les terrasses 2022 (100% syrah, à Montpeyroux) : couleur claire pour une syrah, nez à peine réduit à l’ouverture au nez puis il s’ouvre sur des fruits noirs, un peu lardé. Bouche légère, facile à boire, peu d’alcool (12%), avec des tannins fins, très digeste, manque juste un peu de longueur dans cette série. On voit en tout cas clairement l’intérêt de la syrah en Auvergne, aujourd’hui très bien adaptée sur nos coteaux exposés sud.
10 Miolanne, IGP Puy-de-Dôme Syrah 2022 (100% syrah, à Neschers) : couleur très sombre, nez très marqué syrah, violette, fruits noirs, lardé, semble annoncer un vin puissant. Mais la bouche est finalement légère, aérienne, avec des tannins très souples, très facile à boire, avec une belle fraîcheur, tout en gardant une aromatique de belle syrah très pure. Très joli.
11 Les Chemins de l’Arkose, Vin de France 54-55 (100% plantet ou 54-55, pet’nat’ rosé, à Montpeyroux) : un pet’ nat’ à base d’hybrides. A ouvrir 1-2h à l’avance ou à carafer car la bulle est très présente à l’ouverture et pas de soucis, couleur rose foncé trouble, nez gourmand fraise, framboise, bouche légère, facile, simple mais efficace, impression d’une toute petite sucrosité. Parfait pour finir sur une note rafraîchissante.
Désolé auprès des producteurs dont nous n’avions plus rien en stock ou dont les premiers vins ne sont pas encore tout à fait sortis, et que nous aurions pourtant beaucoup aimé faire goûter… Nous comptons bien y remédier l’an prochain. Et au vu de l'engouement des participants à ces deux soirées, nul doute qu'il y en aura d'autres.
Corinne et Jean-Marie Bonny, passionnés de vin depuis longtemps, ont réalisé leur rêve : devenir vigneron. Ne trouvant pas de parcelle idéale à reprendre, ils ont fini par planter eux-mêmes des vignes ; un choix qui demande beaucoup de temps, d’argent et d’énergie mais c’était le seul moyen d’obtenir le résultat dont ils avaient toujours rêvé.
En 2017, la mairie de Saint-Sandoux leur propose une parcelle en friche depuis au moins la seconde guerre mondiale, d’un peu plus d’1 hectare, à Saint-Sandoux, de l’autre côté de l’autoroute, face à Veyre-Monton et à Corent, juste au-dessus de la parcelle de blanc de leurs amis de l’Arbre Blanc.
Le travail a été colossal entre le défrichage, le nettoyage, l'amendement, l'engrais vert, le labour, les plantations. Détails et photos sur le site du domaine https://grandspans.fr/notre-histoire/
En 2019 la parcelle est enfin plantée, 5500 plants (dans l’idéal 6000 bouteilles les années où tout ira bien) 2/3 de pinot noir sur la gauche, 1/3 savagnin sur la droite. Jean-Marie est un grand amateur de vins du Jura, des vins jaunes mais pas uniquement. Les sols argilo-calcaires ici sont adéquats pour le savagnin, le climat aussi, et ça peut être une bonne réponse au manque d’acidité des derniers millésimes. Comme il y a beaucoup de calcaire actif, la vigne a été greffée sur fercal. Les pinots sont des massales avec une grande diversité génétique, idem pour les savagnins sélectionnés chez le pépiniériste Guillaume dans le Jura. Tout est taillé guyot-poussard.
D'après le site du domaine : « La taille Guyot-Poussard que nous tentons de mettre en place est une forme de taille douce. Les coupes annuelles doivent être ordonnées de telle sorte que les plaies de taille aient des surfaces réduites et soient situées sur la face supérieure des rameaux. En dehors de cette zone, le bois est sain et sans plaie. La sève circule alors librement. En outre, deux bras sont construits, la baguette portant les fruits est ainsi alternée chaque année. Chaque plant étant différent, cette taille est très chronophage, mais passionnante. Heureusement, Caroline du domaine de l’arbre blanc nous conseille et nous corrige patiemment. L’ambition est évidemment de mettre en place une vigne vigoureuse et de limiter le dépérissement des pieds. »
La parcelle est très pentue, exposée sud très légèrement à l’est, solaire, très lumineuse le matin, protégée des vents d’Ouest. Ici, il n’a pas gelé en 2024 contrairement à tout le sud de Clermont, probablement grâce à ce soleil très matinal, peut-être aussi grâce aux haies et au fait de ne pas être trop bas dans la plaine. L’autre avantage ici c’est que la pression des maladies fongiques est faible, il y a peu de vignes autour, pour le moment 2 à 3 traitements par an suffisent.
Le travail à la vigne est bio, certifié. Jean-Marie est un passionné de biodiversité : il y a des haies tout autour, des composts sont réalisés en bas de la parcelle, les couverts végétaux sont déjà magnifiques après 4ans, avec beaucoup d’avoine, des coquelicots… Pas de labour, piochage de l’intercep. La vigne est palissée très haute pour avoir à la fois de la photosynthèse et le maximum d’ombre. Ebourgeonnage sévère sur ces jeunes vignes. Le savagnin se comporte très bien pour le moment, « il cherche toujours à monter, il est plus simple à gérer que le pinot qui a toujours besoin d’être redressé lui ». D’ailleurs tous les manquants sont replantés en savagnin, Jean-Marie regrette presque de ne pas en avoir planté un peu plus…
La Cave
Direction Veyre-Monton, dans le garage pour le moment. Mais un bâtiment est en construction à Saint-Sandoux pour l’avenir.
L’hygiène est parfaite, Jean-Marie y accorde beaucoup d’importance, nécessaire lorsqu’on travaille en nature.
Les raisins rentrent très tôt des vendanges, c’est l’avantage de travailler sur une petite surface. Sur une année chaude comme 2023, tout était rentré à 10h. Peu de vignerons peuvent se le permettre. C’est pour cette raison que le domaine n’a pas vraiment prévu de s’agrandir…
Tout passe dans le petit pressoir vertical, « c’est pratique parce qu’on voit ce qu’on fait, et parce que les jus traversent les rafles, ils sont en quelque sorte filtrés ».
Il y a ensuite un inertage dans la carboglace et tout part dans des cuves inox. Les blancs sont sur lies, il n’y a pas de bourbes en sortie de pressoir pour le moment.
Les rouges sont travaillés grappe entière, une sorte de semi-carbo avec une macération préfermentaire. Les jus de goutte vont dans une cuve et les jus de presse dans l’autre.
A l’heure actuelle les 2023 sont encore dans les cuves, ils attendent la mise en bouteille des 2022 en juin pour prendre leur place dans les fûts non neufs de chez Olivier Leflaive où Jean-Marie a un peu travaillé. Ce sont donc des élevages longs. « Ça c’est l’avantage d’être tous les deux doubles-actifs avec Corinne, quand tu n’as pas la pression financière et que tu peux te permettre de prendre le temps, ça change tout. Il faut le reconnaître, c’est une chance que nous avons ».
Tout est en levures indigènes, avec des pieds de cuve (sauf le cas du vin de voile), pour le moment aucun vin n’a eu besoin d’être sulfité que ce soit les 2022 ou les 2023. Le rouge 2022 verra probablement 10mg à la mise, mais ce sera décidé en fonction des analyses au labo.
Les levures du savagnin sous voile ont été sélectionnées avec l’INRA où Jean-Marie a ses entrées puisqu’il y travaille. Mais en faisant des essais sur des petites dames-jeannes on se rend compte que le savagnin même en Auvergne fait spontanément du voile !
Tout est embouteillé avec vide d’air, bouchons liège de qualité, dans l’optique d’une bonne garde.
Les 2022 sur fût
Tout est là !
228L de blanc, 300L de rouge et un fût de vin jaune qui sera mis en bouteille dans 2-3ans probablement (non goûté car difficile de toucher à un vin de voile en cours d’élevage). Il devrait y avoir le double de bouteilles en 2023 et on espère le triple en 2024.
Pas vraiment de volatile à l’analyse, pourtant le vigneron n’y est pas complètement hostile lorsqu’elle s’intègre bien dans l’équilibre du vin.
Résonance Savagnin 2022 : couleur or pâle, un nez un peu sur la retenue en l’état, il ne laisse pas présager d’une telle bouche. L’attaque est énergique, très bien équilibrée entre une matière dense, surtout pour d’aussi jeunes vignes, et une acidité élevée. Les 14% d’alcool ne se sentent que par le volume et l’intensité pendant que le pH très bas (2,9 en 2022 ! il y aura environ 3,1 en 2023) équilibre le vin, le porte très loin, sur une finale saline très longue. Le profil rappelle clairement de beaux savagnins ouillés du Jura, comme les Notes bleues par exemple. C’est parfaitement propre. Déjà un des plus jolis blancs d’Auvergne dès le premier millésime. Bien sûr c’est un vin de gastronomie, qui avec de telles « mensurations » n’est probablement pas fait pour tout le monde. Il faut clairement aimer la tension. Mais l’élevage long l’a quand même bien patiné. J’ai hâte de le revoir avec quelques années et aussi de voir le 2023.
Magnétique Pinot noir 2022 : un peu le contraire du précédent, un pinot clair en couleur, léger (entre 12,5 et 13%), acidulé, aux tannins souples, qui n’est pas maigre pour autant, mais très digeste, sur la griotte, la groseille, avec aussi une note fumée bien présente, typique des 2022 apparemment puisqu’on retrouve la même chez l’Arbre Blanc sur ce millésime-là. Pour le moment les deux s’équilibrent bien. Il va être important que le fumé ne prenne pas trop les devants par rapport au fruit je pense. Un pinot élégant, frais, qui devrait s’aborder facilement en jeunesse.
Un grand merci à Jean-Marie pour la visite. Je venais au départ pour la curiosité de goûter les premiers savagnins d’Auvergne, et force est de constater que c’est une vraie réussite. Le pinot est lui aussi très intéressant sur cette très belle parcelle parfaitement « jardinée ». Mais le savagnin par son originalité, et surtout les pH qu’il peut donner aux vins tout en gardant volume et longueur m’a semblé ce jour-là la meilleure réponse au réchauffement climatique qui est le grand problème des blancs d’Auvergne à l’heure actuelle.
Le savagnin : l’avenir de l’Auvergne ? Et pourquoi pas ? Il me semble en tout cas bien mieux adapté que le chardonnay !
Les Palhàs (les terrasses) du Cantal ont ressuscité à la fin des années 1990 grâce à Gilles Monier (premier millésime début des années 2000) puis Stéphan Elzière et Pierre Chabasseur.
Depuis Vincent Legrand qui vient de reprendre une partie des vignes de Gilles Monier et Chloé Chassang-Itier les ont rejoint.
Chloé est une « régionale de l’étape » puisque son mari Florian Itier cultive des pommes et des légumes dans le secteur, et qu’elle possède elle-même des champs de céréales (peut-être un whisky un jour !)
Après ses études à Beaune et un stage chez Gilles Monier, elle a eu l’opportunité de reprendre les vignes et le stock de Simon Chabasseur, qui ne souhaitait plus continuer. Elle a ainsi créé le Chlo d’Auzit en 2022, chemin d’Auzit à Molompize.
Elle possède désormais 3,5ha sur le coteau historique des Palhàs à Massiac, 0,5 ha qui ont été plantés en 2020 à Molompize et environ autant à Pierrefort plus au sud (des altesses plantées en 2022 à 900m d’altitude).
Les vignes ici sont généralement exposés au sud, sur des sols de gneiss avec quelques schistes, à 500 mètres d’altitude en moyenne, avec un pic à 900m à Pierrefort. Le climat y est à la fois très continental et montagnard, sec, chaud les après-midi d’été mais avec une grande amplitude thermique : les nuits y sont fraîches ce qui permet de préserver de bonnes acidités. Le vent bien présent préserve plus qu’ailleurs des maladies cryptogamiques (seulement 3-4 traitements en 2023 par exemple), par contre le gel y est fréquent en avril. Les vendanges se font généralement fin septembre, un peu après celles des Côtes d’Auvergne.
Les vins sortent ici en IGP Comté Tolosan (une vaste IGP étendue sur 12 départements), avec l’éventuelle mention « Cantal ». Face aux complications administratives, les échantillons devant être envoyés à Toulouse par exemple, Chloé sortira tout en Vin de France à partir de 2023, ce qui permettra en plus de sortir quelques cuvées de rouge qui ne sont pas parties en malo.
Parcelle défrichée et plantée en 2020, sur des Palhàs historiques, le long de la nationale à Molompize. La route puis l’Alagnon sont juste dans notre dos. La parcelle est clôturée pour éviter le gibier. Cépages : altesse, pinot gris, chardonnay, gamay, pinot noir, syrah. Un peu moins de 5000 pieds/ha, plants de la pépinière Vullien en Savoie, pas de massales, greffés sur du 3309-Couderc. Pas de certification recherchée, mais le travail est bio, avec un accent mis sur le bien-être des plantes, une sorte de phytothérapie empirique. Comme on peut le voir il y a eu désherbage en 2023 (pour éviter la concurrence avec l’herbe sur ce millésime où l’eau a beaucoup manqué) car Chloé a dû faire dans la précipitation mais pour la bonne cause puisqu’elle est devenue maman en juillet ! Pas toujours simple de tout concilier lorsqu’on travaille seule à la vigne une grande partie de l’année.
Un pied de baco, peut-être un projet à venir…
Comme on peut le voir, le gel est passé par là en 2024, comme dans tout le Sud de l’Auvergne. La perte est estimée à un peu plus de 90%...
Parcelle historique des Palhàs, à l’entrée de Massiac le long de l’autoroute.
La dégustation
Le chai est dans un ancien corps de ferme à côté de la maison de Chloé et Florian, de l’autre côté de l’Alagnon, parfaitement équipé avec un étage pour les vinifications et un sous-sol pour le stockage.
Les rouges sont égrappés (les rafles ont du mal à mûrir ici), avec des vinifications douces, peu d’extraction, une majorité en cuves fibre, en levures indigènes, légèrement sulfités. Filtration tangentielle sur les 2023 (pas sur les 2022). Mise en bouteille avec vide d’air.
Chardonnay 2022 : (10% fûts usagés, 90% cuves) chardonnay clair en couleur, nez aromatique, floral. Bouche légère en alcool (12%), fruitée, florale, vive à l’attaque, qui termine assez simple et court, mais digeste et facile à boire.
Gamay 2022 : (100% cuve. Vignes du coteau historique) gamay clair en couleur, léger aussi (12%), nez de fruits rouges et poivre, bouche légère, fruitée, acidulée, légèrement poivrée, pas un gros volume, mais fraîche et digeste, avec un peu plus d’allonge et de fond que le chardonnay.
Syrah 2023 : (100% cuve. Vignes de 2020. Mis en bouteille il y a quelques semaines mais ne sera commercialisé qu’après quelques mois de repos en bouteille comme tous les 2023) Couleur assez claire pour une syrah, encore violacée sur les contours. Nez de mûre, cerise, poivre, violette, typique d’une syrah fraîche. Bouche légère en alcool (dans les 12% aussi, les autres cépages sont montés plus haut en 2023 par contre), pas très épaisse, là aussi très fraîche, acidulée, tannins souples, digeste et facile à boire, prometteur pour des jeunes vignes.
Un grand merci à Chloé pour la visite et la dégustation
Tour de Chauffe 2023 : (50% maccabeu, 50% grenache blanc du Roussillon. Vin orange. Les grenaches macèrent quelques jours en grappes entières. Les maccabeus sont travaillés en trempette cette année) Un vin de macération au nez exubérant, mais à la bouche finalement bien plus en finesse que ce qu'on pourrait penser avec juste ce qu'il faut de tannins et d'amers pour apporter de la fraîcheur.
Toï-Toï 2023 : (50% cinsault, 20% grenache du Languedoc + 15% gamay et 15% pinot noir de Saint-Pourçain. Les cinsault sont travaillés en mille-feuille avec les grenaches noirs, en grappes entières. Les pinots comacèrent une dizaine de jours dans une presse direct de gamay) Un jus de fruit !
Bosco 2023 : (90% pinot noir et 10% gamay à Dallet, Auvergne. La moitié de la vendange est pressée pour être ensuite rajoutée sur les grappes entières). Un vin plein de fruit, léger, frais, digeste, avec quelques notes fumées et poivrées.
Zeppa.o 2022 : (100% barbera du Piémont. Longue infusion tout en douceur) Un vin concentré, coloré, tannique, puissant, mais avec une belle acidité, taillé pour la garde.
Les coups de cœur de cette année ont en commun d’être des expressions fraîches, pures (peu boisées) et élégantes de cépages et de terroirs pourtant très sudistes pour la plupart d’entre eux. Preuve en est une fois de plus qu’il y a de grands vins partout sur la planète et que la caricature Ancien Monde/Nouveau Monde ne tient plus. Malgré le bouleversement climatique, il est encore possible de faire de jolis vins dans des secteurs très ensoleillés à condition d’adapter sa viticulture.
1 Baettig (Chili), Traiguén Los Parientes chardonnay 2021 : (Jeune et petit domaine créé par 2 amis. Planté en 2013 à 600kms au sud de Santiago, province de Malleco. 38e parallèle. Sols volcaniques ici. Clones français, non irrigué. Pressé grappe entière, 16mois fûts français 400L 20 à 30% neufs suivant les années) Couleur or pâle, un nez exotique, ananas, gourmand, contraste avec une bouche tendue, plus sur les agrumes, très peu de bois ressenti, belle finale fraîche et salivante.
2 Domaine des Notes bleues (Cédric Mottet), Arbois savagnin ouillé 2020 : (version 12 mois d’élevage) Couleur dorée et trouble, nez très finement oxydatif malgré l’ouillage, citron confit, agrumes mûrs. Bouche énergique, un peu moins oxydative que le nez, qui combine expression jurassienne assez classique et finesse.
3 Arnaud Baillot, Pernand-Vergelesses A ma fille Mahaut 2022 : Couleur très claire, nez de petits fruits rouges, pivoine. Bouche légère, peu d’alcool, peu de tannins, pas un gros volume, jus de fruit acidulé très frais, qui glisse tout seul. Il ressemble plus à un 2021 qu’à un 2022 finalement.
4 RETA (Chili), Valle del Limari Quebrada chalinga Pinot noir 2021 : (Domaine créé en 2019 par l’œnologue légendaire Marcelo Retamal qui a sélectionné les trois meilleurs terroirs du Chili selon lui. Ici 400kms au nord de Santiago mais proche de l’Océan. Vignes plantées francs de pied en 2006. Sols granitiques avec des dépôts calcaires. 50% grappe entière. Elevage 16 mois dans des fûts bourguignons 228L de 3e et 5e remplissage) Couleur rubis avec des contours un peu gris, plus foncé que le précédent. Un nez élégant, qui pinote sur les fruits rouges, petite touche fumée, épices, ronce. La bouche est fraîche, avec un beau volume, des tannins fins, combine un fruité mûr et une belle acidité, semble avoir un beau potentiel de garde tout en étant déjà approchable maintenant, la grappe entière se sent et lui apporte une forme de noblesse. Très joli vin.
5 Cassagne et Vitailles, Vin de France Nimalaya 2021 : (vieux carignans du Languedoc, argilo-calcaires sur Montpeyroux et St Saturnin.) Couleur sombre, nez de fruits noirs, très propre, avec une petite touche amylique, encore jeune et sur le fruit. La bouche est très élégante, peu d’alcool, très fraîche, aucun boisé, plein de fruit avec une belle acidité dans le fond apportant une sensation minérale.
6 Arnot-Roberts (Californie), Lodi Kirchenmann vineyard Zinfandel 2021 : (Domaine créé en 2001 par deux amis. Sols limons granitiques et sableux, raisins achetées à Sandlands. Vigne franche de pied de 1915. Un peu de grappe entière ici.) Couleur sombre, nez sur le cassis, la mûre, petite touche violette et eucalyptus. Bouche très élégante pour un zinfandel, peu d’alcool, tannins fins, peu de bois ressenti, un fruité gourmand à peine sucré et derrière une belle acidité pour ce cépage qui donne là aussi une sensation de minéralité.
7 Antonio Madeira (Portugal), Dao Vinhas Velhas branco 2020 : (15% Arinto, 15% Bical, 15% Cercial, 15% Encruzado, 15% Fernao Pires, 15% Siria, 10% Autres. A 600m d’altitude sur granit dans la Serra da Estrela. Moitié 500L moitié cuve.) Retour au blanc pour le fromage, couleur or pâle et trouble, nez d’abord sur l’autolyse grillé, puis fruits bletts, notes florales, un peu brouillon. Jolie bouche énergique, tendue, minérale, citronnée, anisée, florale, à la finale salivante.
8 Mas Karolina, Maury rouge 2021 : (100% grenache, 17% vol, 90gr SR.) Couleur sombre, nez plein de fruits, mûre, crème de cassis. Bel équilibre en bouche où les 17% ne se sentent pas, les 90gr de sucres non plus, plein de fruits noirs frais. Assez simple mais toujours très efficace pour finir.
Bonus Mesquida Mora, VT Mallorca Gorgollassa d’Es Monjos 2022 : (1/3 grappe entière) Vieux cépage autochtone de Majorque, le gorgollassa, un vin très simple par rapport aux autres de la soirée mais qui a le mérite d’être léger en alcool (12,5%) et peu tannique.
Tout a commencé en 2019 lorsque Paul Aublet-Cuvelier et Mathieu Fleuriet ont eu le projet fou de défricher le coteau du lieu-dit Belmont, à Saint-Privat du Dragon, face à Lavoûte-Chilhac.
Paul est aussi associé en parallèle avec Lisa Le Postec sur le projet de négoce L’Eau qui dort. Après un BTS viti-oeno, il s’est notamment formé dans le Jura chez Désiré-Petit. Mathieu Fleuriet est lui en parallèle vigneron à Sancerre, au domaine B. Fleuriet & fils.
Vue depuis les vignes. Lavoûte-Chilhac est en bas à gauche. Au centre juste derrière les quelques sapins verts on peut deviner une terre en friche prête à accueillir les vignes de deux autres jeunes vignerons sur des sols volcaniques ici.
Si en 2019 ce n’était qu’une forêt, les murs de pierre encore en bon état attestent d’une viticulture en terrasse il y a fort longtemps. Il ne reste que le Conservatoire de Saint-Ilpize. Les vins, ici, sortent obligatoirement en Vin de France.
Après un long travail de défrichage, il a fallu refaire les chemins, repenser et retravailler les circuits hydrauliques et bien sûr planter la vigne : 4 hectares en 2020 + 1,5 hectare en 2021. Un travail titanesque !
Avec des pentes comme celles-ci, il faut absolument éviter l'érosion. Sur les plantations de 2020, 1 mur sur 2 a été enlevé pour avoir de plus grandes parties d'un seul tenant. Mais sur celles de 2021, Paul et Mathieu ont dû revenir au "format d'origine" comme sur le haut de la photo avec des terrasses plus étroites.
Le coteau est situé entre 550m et 680m d’altitude (moyenne autour de 650m), sur une sorte d’amphithéâtre exposé sud-sud-est et sud-ouest de l'autre côté. Pente de 40% en moyenne. L’altitude compense un climat extrêmement solaire et peu pluvieux car le coteau se situe en plein effet de Foehn, de l’autre côté d’une barrière de montagne (notamment le Mont Mouchet, 1500m environ). Autour de nous, la végétation est quasi méditerranéenne, avec des cactus, des saponaires de Montpellier déjà en fleurs, des figuiers, etc…
Ici les sols ne sont pas du tout volcanique, ni calcaire, il s’agit de granite leptynite (roche qui était encore plus profonde dans la mer par rapport à un granite « classique »), un granit très friable, très riche en divers minéraux (quartz, mica, feldspath et bien d’autres), par moment altéré en schistes, donc en quelque sorte proche des gneiss.
Le coteau a été planté majoritairement en syrah, avec aussi des pinots noirs et des gamays. En blanc roussanne, chenin et un peu de pinot gris. Ce sont pour ¾ des massales de chez Bérillon avec surtout une grande diversité génétique (environ 600 individus différents pour les syrahs). Porte-greffes 3309, 101-14, gravesac. Le « coteau » est planté en 160*80 soit 7000pieds/ha. Sur les terrasses "plates", équivalent à 9000 pieds/ha.
La vigne est palissée haute, tressée si possible, taillée en palmette sur tous les cépages. C’est une taille avec un bras de chaque côté, qui ressemble un peu au guyot double mais avec des « étages » pour plus d’espacement, avec 8 bourgeons par cep.
Des semis ont été plantés cette année : radis, seigle, vesce… L'herbe sera couchée au rolofaca, l'idéal serait d'arriver au non labour dans quelques années (un des principes de la viticulture régénérative). Les vignes sont en bio, beaucoup de phytothérapie, pas forcément de biodynamie, en tout cas dans un premier temps.
Il va bientôt être le moment de tout clôturer, pour protéger les vignes des nombreux blaireaux et ratons-laveurs dans le coin !
La dégustation
Paul et Mathieu ont pu acheter le prieuré de Lavoûte-Chilhac, un bâtiment magnifique et spacieux, même s’il y a encore beaucoup de travaux à prévoir.
Tous les vins sont en levures indigènes, léger sulfitage uniquement si nécessaire.
Les 2023 sur fût
chenin/roussanne : (avec le fond du 2022) un premier blanc avec de très jeunes vignes, proches de grapillons, mais un très joli blanc, citronné, floral, avec du peps, peut-être le plus frais des 2023 en Auvergne. Paul me dit que le roussanne ici, ramassée juste à la limite de la sous-maturité garde une très belle acidité, peut-être plus que les chenins. C'est prometteur pour la suite.
Le rouge jus de goutte : (syrah + 10% gamay et pinot noir. La syrah est égrappé à 30%) une syrah colorée, au nez très marqué syrah, lardé, violette, olive, anchois, petite volatile. Bouche saline, qui ne semble pas trop haute en alcool, bonne acidité, de corps moyen, des tannins fins. La fin de bouche donne une sensation de salinité-umami très salivante.
Le même sur un fût Lacroix : le vin semble encore plus frais, plus tendu, petite volatile aussi, le bois a encore moins marqué (même s'il a peu marqué sur le fût précédent qui n'était pas neuf), beaucoup d'allonge, très droit, belle acidité, et une finale encore plus saline. Très prometteur.
Le rouge avec quelques jus de presse : un peu plus de volatile que sur les deux précédents, un peu plus de volume, de "mâche" et de tannins. Il fera du bien dans l'assemblage.
Le rouge 100% jus de presse : goûté sur plusieurs fûts, la volatile est très marquée. Tous les rouges ont vu 1 gr/HL de SO2 après malo mais c'était déjà un peu tard sur ce genre de millésimes très solaires. Dommage car il y a un joli fond. Les jus de presse seront probablement remis dans les 2024 en fermentation.
Le Coteau Libre rouge 2022 : (environ 80% syrah, gamay, pinot noir et les quelques grapillons de chenin. Egrappé car les rafles n'étaient pas suffisamment mûres) Le vin sera embouteillé au printemps 2024, dans quelques semaines donc. Un profil plus léger que les 2023, moins de corps mais un jus plus gouleyant, très frais, petite volatile mais pas gênante à ce stade, encore quelques petits tannins, à peine moins lardé et salin que les 2023 mais on sent tout de même cette même trame terroir. Pour des vignes qui ont 2 ans c'est très prometteur.
Négoce Ribeyrou 2023 : (négoce, gamay, pinot noir et un peu de syrah, achat sur St Pourçain à Nebout) jus de fruit très facile à boire, très fruité, le gamay domine, parfaitement propre (toujours pas sulfité et il n'y aura probablement pas besoin d'en mettre), on sent qu'il n'y a pas le même fond, pas l'aspect terroir du Coteau Libre, c'est plus simple, mais très efficace, on y retourne facilement. C'est le but de la cuvée. Là aussi, mise en bouteille au printemps 2024. Regoûté en bouteille (il y a finalement eu une pointe de sulfites) c'est un vin clair, léger, plein de petits fruits rouges acidulés, frais et facile à boire.
Négoce Ribeyrou blanc 2023 : (sauvignons du domaine Fleuriet à Sancerre) en bouteille un beau sauvignon, mûr, tout en gardant une bonne acidité, fruité, pas du tout variétal.
Un grand merci à Paul pour la visite. Il faut féliciter ces gens ambitieux, peut-être un peu fous même lorsque l'on voit tout le travail qui a déjà été accompli, de redonner vie à ce si beau coteau historique, nourrissant ainsi notre passion pour le vin. Il faudra bien sûr être patient et indulgent avec les tout premiers millésimes qui vont sortir. Mais il s'agit bien là du projet le plus passionnant d'Auvergne ! Quel bonheur ce sera de goûter ces vins dans dix ans ! On sent déjà dans les premiers jus qu'il y a un vrai fond, un grand terroir qui ne demande qu'à s'exprimer. Et avec le talent et la philosophie de Paul le coteau est entre de bonnes mains.
- Surface : 955 000 ha en 2022, pour 35,7 millions d’hectolitres. Numéro 1 en surface viticole, environ 3e en quantité (proche de la France, l'Italie et la Chine).
- 1er exportateur mondial. Numéro 1 du vin en vrac, même si l’Espagne se tourne de plus en plus vers du « qualitatif ».
- Peu de vignerons indépendants : on différencie souvent les viticulteurs (65% des exploitations font moins de 0,5ha. Moyenne totale 1,5ha de vignes par exploitation) des bodegas.
- N°1 du bio.
- Plus de 600 cépages. Dans l’ordre : airen, tempranillo, bobal, grenache, mourvèdre, maccabeu-viura, cayetana blanca, cabernet sauvignon, palomino, syrah, alicante, verdejo, merlot, muscat d’alexandrie, warello, PX, mencia, parellada, chardonnay, mauzuelo-carignan, alvarinho…
- Elevages : Joven = 6mois, Crianza (24mois dont au mois 6en fût), Reserva = 36mois, Gran Reserva 60mois. Pour les blancs et rosés 18, 24 et 48mois.
- Le système d’appellation :
- Vino (anciennement Vino de Mesa)
- IGP (anciennement Vino De la Tierra)
- DOP avec les alternatives possibles VCIG, DO, DOP, DOCa (Priorat et Rioja), Vino de Pago (grands crus)
- Latitude : Entre 43,5 et 36°. Une viticulture du sud donc, bien en-dessous du fameux 45e parallèle. Il va falloir compenser cette chaleur grâce à deux éléments :
- L’altitude : l’Espagne est le pays le plus montagneux d’Europe.
- L’eau : Océan Atlantique, mer Méditerranée et les fleuves Ebre, Taje, Duero...
A lire : La formidable affirmation des grands vins d’Espagne par Pierre Citerne (RVF n°649)
Les principales régions - Des paysages variés
- Galice : « L’Espagne verte », « la Bretagne espagnole ». Région fraîche, extrêmement pluvieuse (jusqu’à 1500mm/an). Sols de schistes et de granit le long des fleuves Miño et Sil. Des blancs très frais sur la Côte Ouest à base d’albariño. De plus en plus de chaleur lorsqu’on rentre dans les terres : des blancs un peu plus mûrs à base de godello et des rouges à base de mencia et de vieux cépages autochtones. Viticulture en pergola parfois, ou en terrasse sur les pentes vertigineuses.
- Catalogne : secteur qui bénéficie à la fois d’un climat méditerranéen à l’est et d’altitude. Quelques jolis vins effervescents (cava), des blancs secs (cépage xarello notamment) et les grands vins rouges du Priorat (grenache, carignan…)
- Rioja, Castille-et-Leon (Ribera del Duero, Toro, Rueda) : climat continental, très rude en hiver, très chaud en été. Compensé par l’altitude (surtout Ribera del Duero). Rouges puissants à base du cépage tempranillo avec des élevages longs en fût. Quelques jolis blancs aussi sur Rueda (verdejo) et Rioja (viura-maccabeu). La région historique, mais globalement en perte de vitesse.
- Sierra de Gredos : montagnes sur les hauteurs du nord-ouest de Madrid, où les vins peuvent sortir en DO Mentrida, Vinos de Madrid… Principalement des grenaches à près de 1000m d’altitude. Nouvelle génération.
- Andalousie : zone la plus chaude d’Espagne, spécialisée dans les VDN (le mutage n'est plus obligatoire depuis peu). On essaye de bénéficier des courants d’air frais marins venant du sud-ouest. Sols de craie : "albariza". Cépage palomino (parfois PX) pour les blancs secs, et Moscatel et PX pour les sucrés. Quelques vins non mutés blancs et rouges en progression.
- Les îles : quelques jolis vins volcaniques sur les Canaries avec de vieux cépages autochtones. En progression sur Majorque également.
Soirée n°1
1 Cantalapiedra (Castille-et-Leon), VT Castilla-y-Leon Majuelo del Chiviritero 2021 : (domaine qui vinifie depuis 2014 7ha sur les 20ha qu’il possède de longue date, à La Seca (Rueda). 700m d’altitude, 100% verdejo. Sols de galets, argile et calcaire, vignes d’environ 40ans sur cette parcelle. Elevage vieux fûts puis cuves. Vinif proche du nature.) Couleur dorée, nez citron confit, petite volatile, levure, floral. La bouche est très propre, citronnée aussi, avec du volume, de plus en plus en se réchauffant, une bonne acidité qui lui permet de garder l’équilibre, une finale sur les amers, mais il reste assez simple.
2 Suertes del Marques (Canaries), DO Tenerife Vidonia 2020 : (domaine de 11ha + 15ha négoce créé en 2006. Tendance nature. 100% listan blanco ou palomino, Vignes à Las Suertes, La Florida et La Mocana sur argiles. Elevage 11mois en foudres de 2500L et fûts de 500L.) Nez très fumé, un peu soufré, réduit, volcanique, qui a tendance à s’accentuer avec l’aération. C’est mieux en bouche où ce côté fumé est moins dominant, jolies notes citronnées, salines, très énergique, très long et salivant.
3 Nanclares y Prieto (Galice), DO Rias Baixas A Graña 2021 : (domaine de 5ha bio né en 1993, 100% albariño d’environ 30ans à Sanxenxo sur sols de granit et sables. Elevage de 9mois 75% fûts de châtaigniers non neufs et 25% cuves inox) Nez un peu timide à l’ouverture, puis se développe sur des fruits exotiques et des agrumes. Très belle bouche avec du volume, presque un peu de gras pour cet alvarinho qui voit le fût, mais il garde une grosse acidité, fruits exotiques à l’attaque, la finale est plus zestée, avec de beaux amers, très longue. Très beau vin.
4 Envinate (Galice), Vino (Ribeira Sacra) Lousas Vinas de Aldea 2020 : (Créé par 4 amis œnologues en 2005, explorateurs de parcelles rares en Galice et aux Canaries. Vinif nature, grappe entière, vieux fûts, sols d’ardoise. Cépages mencia + brancellao, merenzao, mouraton, alicante…) Pas si clair que ça pour un Envinate qui peuvent parfois être encore plus infusés, très beau nez très fleuri, éclatant, pleine de fraise et de poivre aussi. La bouche est un beau jus de fruit très frais, pivoine, poivre et fumé, nature très propre, pas très long, mais très élégant et facile à boire.
5 Comando G (Sierra de Gredos), DO Vinos de Madrid La Bruja de Rozas 2021 : (Comando G (pour Grenache et Gredos) a été créé en 2008 par 3 amis : Marcel Isart, Fernando Garcia Alonso de Marananos et Daniel Jimenez-Landi. Travail en biodynamie, parcellaires, moyenne de 1000m d'altitude, sur granite, avec des vinif peu interventionnistes, grenaches infusés, grappe entière, levures indigènes, foudres non neufs. Juste un peu de SO2 à la mise.) Couleur très claire, nez très réduit à l’ouverture, bien mieux après 5h de carafe. Grenache infusé, très framboise, fraise, pivoine, aromatique élégante, mais fin de bouche encore très serrée, qui semble un peu jeune.
6 Bodegas Frontonio (Aragon), Vino (Valdejalon) El Jardin de las Iguales 2020 : domaine de 60ha créé en 2008 par le MW Fernando Morra et Mario Lopez à Valdejalon, au nord de Catalayud. Viti régénérative. 96% grenache, 4% macabeu. Vignes de 100ans, 700m d’altitude. Sols d’ardoise et calcaire. Expo Nord. 100% grappe entière, 3mois de macération. Elevage fûts 465L. Couleur ultra claire et limpide, brillante, nez de rose, de fraise, orangette, épices du souk, bouche en dentelle, pas très épaisse, toute en allonge et en subtilité, raffinée, qui gagnera en complexité avec le temps, mais elle est déjà excellente en l’état, très longue, fraîche, un grenache aérien.
7Bodega Cerron (Murcie), DO Jumilla La Servil 2021 : domaine familial de 30ha, bio depuis 1989 et bioD 2021, 95% mourvèdre 5% vieux cépages locaux. vignes de 1954 non greffées, 960m d’altitude, sols calcaires. Egrappé à 80%, fermentation en cuve bois, élevage en foudres 14 mois. Non collé, non filtré, 40mg SO2 total. Couleur sombre derrière les grenaches, nez de fruits noirs, réglisse, cuir, violette. Très belle bouche qui semble très fine pour un jeune mourvèdre, avec une acidité haute (ph 3,4) qui équilibre bien les 14,9% d’alcool, vraie sensation minérale et calcaire, pas beaucoup de rondeur, mais de l’allonge et de la fraîcheur, très beau style.
8 Alberto Orte Bodegas Poniente (Andalousie), DO Jerez Palo Cortado VORS : winemaker, explorateur et spécialiste des vieux cépages travaillant en Andalousie, Galice… 100% palomino fino du vignoble bio d’El Ajibe, solera de 30ans de moyenne. Elevage sous voile puis oxydatif ensuite. Couleur ambre foncé, nez plus oxydatif, noix, fruits secs, café, bouche qui a gardé un peu de fruit, mélange subtil d’oxydatif et de fruits encore frais, c’est plutôt sur l’élégance pour un palo cortado. Mais il garde surtout une ampleur exceptionnelle avec ses 21% d’alcool et son acidité énorme, une longueur interminable.
Bonus
Baztango Xurie (Pays basque), Vino Kiribil 2022 (Txakoli) : (courbu, mansengs riesling). Robe trouble, nez un peu typé nature, pomme blett, simple. C’est mieux en bouche, avec beaucoup d’énergie à l’attaque, vif, tonique, sur la pomme et le citron, pas un gros volume, mais une bonne maturité tout en gardant du peps.
Remelluri -Telmo Rodriguez (Rioja), DOCa Rioja blanco 2017 : (Rioja alavesa, 9 cépages, plutôt rhône blend) Changement complet de registre, robe dorée, nez très pêche, abricot, un peu de beurre, de caramel. Bouche avec du volume, du gras, puissante, moins acide, plus opulente que les précédents, sur les arômes du nez, bonne longueur mais il appelle la table. Un millésime moins tendu que 2019 ou 2016 de mémoire.
Bodega Contador (Rioja), DOCa Rioja Predicador 2015: (93% tempranillo, grenache, mazuelo, graciano) Couleur sombre, nez boisé, fumé, fruits noirs, début d’évolution tabac, sous-bois. Bouche encore jeune, puissante, boisée, fruits noirs confits, bonne longueur. Un style plus traditionnel qui tranche avec les vins précédents.
Sant Josep Cooperativa Clot d’Encis (Catalogne), DO Terra Alta Clot Ranci solera 1962-2023 : (grenache blanc) couleur claire et orangée, nez qui fait assez jeune, à peine oxydatif, beaucoup de fruit comme de l’abricot surtout, voire de la pêche, la bouche est étonnante aussi, facile d’accès, les 17% d’alcool ne se sentent pas, c’est frais, très fruité pour un vieux ranci, avec une belle allonge acidulée.
Soirée n°2
1 Enric Soler (Catalogne), DO Penedes Nun Vinya dels Taus 2020 : (domaine bio de 1,5ha créé en 2004 par ce professeur d’œnologie de Barcelone. 100% xarello, vignes de 70ans, sols argilo-calcaires. Elevage 8mois fûts dont 50% neufs) Couleur or pâle, nez encore un peu marqué par son élevage, très bourguignon dans l'esprit, beurré, légèrement toasté et vanillé. La bouche est plus jolie et moins marquée, avec une belle tension, des agrumes, une finale longue et fraîche plus minérale sur des amers nobles. Un beau vin, encore un peu trop jeune, qui a eu besoin d'une longue ouverture.
2 Veronica Ortega (Castille-et-Leon), DO Bierzo Cal 2020 : (domaine de 5ha bio créé en 2012. 100% godello. 650m d’altitude sur calcaire. Elevage 14mois vieux fûts et amphores) Couleur or pâle, moins brillante que le précédent, nez qui fait penser à un chenin, sur la poire, la pomme au four, le citron. Bouche énergique, peu d'alcool (12,5°), en fraîcheur, travaillée plutôt en réduction, un peu nature mais parfaitement propre, pas un gros volume, mais une finale fraîche et minérale, citronnée, zestée.
3 Palacio de Fefinanes (Galice), DO Rias Baixas Ano III 2016 : (grand domaine créé en 1928, achat de raisins. 100% albarino sur sols de granit, élevage long en cuve puis en bouteille) Couleur dorée, nez plein de fruits exotiques très mûrs, miel, presque beurré, exubérant. La bouche reprend ces fruits très mûrs, avec du volume mais une belle acidité qui vient étirer l'ensemble et l'empêcher d'être lourd, belle longueur plutôt sur les agrumes. Joli vin, à son apogée, dans un style plus exubérant et moins en tension que Nanclares.
4 Bodegas Ponce (Castille-La Manche), DO Manchuela Pino 2021 : (17ha + 18ha en fermage bio et bioD. Vieilles vignes. 100% bobal 900m d’altitude sur calcaires. Elevage 11 mois en demi-muids de 600L) Couleur grenat, contours violets. Le nez évoque un gamay avec de la mûre, cerise, cassis, violette. La bouche est très fruitée, florale, élégante, fraîche avec ses 12,5% d’alcool, étirée par une belle acidité qui lui donne de la longueur et une sensation minérale, quelques petits tannins en fin de bouche accentue l’allonge du vin. Très joli bobal d’altitude.
5 Telmo Rodriguez (Galice), DO Valdeorras O Diviso 2018 : (flying winemaker et explorateur en Galice, Rioja… vieilles vignes 80% mencia + merenzao, souson, grenache… sur granit entre 700 et 800m, en partie exposé nord. Egrappé, Elevage en demi-muids 600L) Couleur grenat, le nez évoque cette fois-ci la syrah avec du poivre, des fruits noirs, de la violette, des notes lardées. La bouche reprend cette aromatique avec une texture soyeuse, tannins fins, de la fraîcheur, pas très haut en alcool (13,5%), finale poivrée assez longue. Très beau vin.
6 Comando G (Madrid), DO Vinos de Madrid La Brena 1er cru 2020 : (Comando G (pour Grenache et Gredos) a été créé en 2008 par 3 amis. Travail en biodynamie, parcellaire, 1060m d'altitude, expo nord, sur granite, avec des vinif peu interventionnistes, 100% grenache de 60ans, grappe entière, levures indigènes, foudres non neufs. Juste un peu de SO2 à la mise) Couleur ultra claire, de l’infusion extrême, superbe nez sur la rose, la fraise, la framboise, presque des fruits exotiques à la manière d’un blanc. La bouche attaque sur la finesse, le fruit, la fraîcheur, très peu de volume, elle s’étire longuement, sur des tannins serrés mais de qualité qui donnent de l’allonge, sensation minérale fortement présente pour ce vin d’esthète, qui peut être difficile à comprendre.
7 Frontonio (Aragon), Vino La Cerqueta 2021 : (domaine de 60ha créé en 2008 par le MW Fernando Morra et Mario Lopez à Valdejalon, au nord de Catalayud. Viti régénérative. 630m d’altitude sur ardoise, 100% grenache de 75ans, grappe entière. Elevage divers fûts) Comparaison intéressante avec le Comando G, couleur rubis, très claire en soi mais beaucoup plus foncé que le précédent, nez très fraise, cerise rouge, un peu bonbon, pivoine aussi. La bouche est très fine aérienne, mais toute en rondeur, sans tannins, offrant déjà beaucoup de plaisir, un peu plus immédiat et gourmand mais un peu plus court en finale par rapport au Comando G.
8 La rioja alta (Rioja), DOCa Rioja Gran Reserva 904 2011 : (vieux domaine de 400ha + 300 en négoce, 90% tempranillo 10% graciano. Elevage 4ans en fûts de chêne américain) Couleur sombre, nez très coconut, vanille et fruits noirs, aussi un début d’évolution tabac et sous-bois. En bouche aussi l’élevage domine, les tannins sont bien arrondis par le bois, c’est encore jeune, il y a un peu de fruit et une acidité quand même présente. La finale est longue mais sur la sucrosité de l’élevage. Il fait son effet au départ, mais peut devenir assez vite écœurant.
9 Equipo Navazos (Andalousie), DO Jerez La bota de palo cortado n°121 : (Jeune embouteilleur indépendant et sélectionneur de fûts. 100% palomino fino. Vendange 2010. Sur Sanlucar. Elevage sous voile puis oxydatif) Couleur ambre clair aux reflets oranges, un nez qui a gardé beaucoup de fruit sur ce jeune palo cortado, très abricot sec, orange, noisette. La bouche est élégante, peu élevée en alcool (18%) pour un palo cortado, tendue et acidulée, très longue et très saline, très umami. Superbe. Mais un petit cran en-dessous du Poniente en terme d'intensité et de longueur.
Merci à tous pour ces deux excellentes soirées qui nous auront permis de voir tout le potentiel de la nouvelle génération espagnole.
Tout nouveau domaine créé en 2022 par Bastien Migeon. Après un BTS viti-oeno en Bourgogne et son apprentissage chez Pierre Goigoux, Bastien a répondu a un appel d'offre lancé par la mairie pour reprendre les vignes du village vigneron historique d'Enval, non classé en AOC Côtes d'Auvergne car les vignes historiques n'étaient pas déclarées.
En parallèle de son activité d'employé viticole chez Philippe Heyraud, Bastien s'est lancé d'abord sur un fermage de près d'1 ha sur Châteaugay (cuvée Tiétà - premier millésime en 2022).
Il a ensuite récupéré en fermage plusieurs petites parcelles (environ 1,5ha en tout) sur Enval, Châteaugay, Riom et Saint-Bonnet-près-Riom (premier millésime en 2023).
Une des parcelles d'Enval, merlot à droite (les bâtons en bois), gamay au centre et pinot noir à gauche. A 50cm de profondeur on tombe dans du calcaire lacustre, quelques basaltes sur le dessus. Exposition Est. Les sols viennent d'être labourés. Les vignes étaient en mauvais état mais après 2 saisons de taille, un peu d'engrais organiques et quelques "grattages" des sols, il y a une nette amélioration. Les merlots sont taillés en cordon de royat, les gamays et les pinots en guyot-poussard. Le but est de convertir le domaine en bio dès que possible.
Les plantations
En 2024 un demi-hectare de syrah sera planté sur Enval (en IGP), terroir un peu plus frais que Châteaugay, à 450m d'altitude, clones de Côte-Rôtie 471 et le nouveau clone 188. Environ 4700 pieds/ha en 2m * 0,90m dans le sens de la pente donc Nord-sud. Sols très sableux avant de tomber dans des marnes. Exposition sud. Face à nous (photo du haut), le versant Nord de Châteaugay et la ville de Riom à gauche. La photo du bas a été prise quelques semaines plus tard.
Une nouvelle parcelle d'un demi-hectare prête à accueillir du viognier et du côt l'an prochain. Base de granit avec au-dessus du basalte et de l'argile. Exposition sud. Nous sommes juste au-dessus de la parcelle de la précédente photo et pourtant les sols sont différents. Les côt seront des massales de Touraine.
Une autre parcelle en friche devrait accueillir des massales de pinot noir de Sancerre l'an prochain et plusieurs projets de plantation sont en cours pour essayer à terme d'atteindre environ 5ha dans l'idéal.
La dégustation des 2023
Tous les 2023 sont 100% cuves. Année de sécheresse. Petits rendements ici aussi. Le chardonnay est déjà en bouteille, pour les rouges il faudra attendre juin-juillet environ.
chardonnay Prima : (sur Enval et Riom, cuve de 200L, pas de malo. Sols calcaires expo sud à Riom) Un chardonnay au nez fruité, mûr, très pêche, abricot, des accents de viognier (mais moins qu'il y a quelques semaines me dit Bastien). Bouche épaisse, concentrée, pas trop haute en alcool, grasse, acidité moyenne. Une jolie longueur. L'équilibre reste bon, mais dans un registre plus rhodanien que bourguignon.
pinot noir Mont-Oriol : (Enval, St Bonnet terroirs proches d'Enval, et environ la moitié à Riom sur argilo-calcaires plein sud. 50% grappe entière) un pinot concentré, coloré, au nez un peu confit, caramel, une bouche puissante, solaire, (environ 14,5%) qui a encore besoin de s'affiner. Regoûté en bouteille quelques mois plus tard, il s'est effectivement affiné, il a gardé une belle fraîcheur et son côté caramel a totalement disparu.
gamay Tiétà : (à Châteaugay, 100% gamay cette année. Egrappé car rapport peau-jus compliqué. 19 hL/ha cette année) Là aussi c'est très coloré, concentré, un bon 14,5%, mais les vieux gamays d'Auvergne ont réussi à donner une belle acidité, l'équilibre est bon, les tannins sont déjà bien arrondis, il y a du corps, de la longueur, un fruit noir très mûr, le profil est plutôt languedocien. Rien à voir avec le 2022 mais c'est très bon. Regoûté en bouteille, c'est le vin le plus puissant et le plus concentré de la gamme, très bon mais à mettre en cave quelques années.
gamay-merlot Rouge-gorges : (à Enval, 40% gamay, 60% merlot et un rang de cabernet sauvignon. Merlot égrappé, 40% grappe entière sur le gamay, d'abord vinifiés séparément) On retrouve la concentration, la couleur, mais le merlot d'Enval apporte une certaine fraîcheur, une forme de végétal noble, une acidité plus haute, peut-être un peu plus de tannins aussi mais ils donnent de l'allonge. Regoûté en bouteille, c'est le vin le plus léger (12,5%) et le plus frais, un peu plus simple que les deux précédents mais aussi plus immédiat et plus facile à boire.
Le 2022
Cuvée Tiéta (= têtu) 2022 : 75% gamay d'Auvergne centenaire sur la roche, coulée volcanique, et 25% pinot noir. Exposition sud sud-ouest, pas une grosse pente. 30% de grappe entière. Elevage 25% fûts non neufs et 75% cuves fibres. Entre 35 et 40mg SO2 total.
Couleur rubis avec des contours violets, le nez sent plus le gamay que le pinot, cerise, violette, toute petite note amylique, pas d'élevage ressenti. La bouche est très fruitée, belle fraîcheur, pas du tout confite pour 2022, un beau volume, l'acidité dans le fond tient bien le vin, surtout une très belle finale avec des tannins fins et racés et une impression d'allonge minérale assez longue. Très beau niveau, surtout pour un premier millésime.
Nul doute que cette dégustation en appellera beaucoup d'autres. Bien sûr, Bastien doit faire face à tous les problèmes des jeunes vignerons : vignes à remettre en état, manque de matériel et de moyen, manque de temps car il faut travailler à côté... Mais on sent un vigneron passionné, discret, travailleur mais surtout très professionnel, ayant réfléchi à tous les aspects de sa viticulture, capable de répondre à toutes nos questions avec science et humilité. Nous avons hâte de voir ce qu'il nous réserve à l'avenir.
« Dès ton premier millésime, tu devras frapper un grand coup » avait dit Chave à Laurent Vaillé selon la légende. Les premiers vins d’Henri étaient encore dans les fûts que les collègues nous prévenaient déjà : « Allez voir ce qui se passe à Boudes, c’est extraordinaire, mais surtout ne trainez pas, il sera bientôt trop tard ! »
En effet, une nouvelle page des Côtes d’Auvergne était en train de s’écrire. Avec le départ à la retraite d’Annie Sauvat et d’Annie Charmensat à Boudes, l’ancienne génération laissait sa place à la nouvelle. Et avec tous les jeunes vignerons qui s’installent en 2022 et 2023 en « bio tendance nature » pour schématiser, Henri se retrouve, sans rien avoir demandé, comme chef de file et ambassadeur des nouveaux vins de la région.
Henri Chauvet a racheté le domaine Sauvat en 2021. Il a été formé chez Jérôme Bressy (Gourt de Mautens) et Thierry Allemand où en plus d’acquérir une grosse expérience à la vigne et en cave, il a pu construire son futur réseau de distribution. Henri est surtout un grand amateur de vin, qui a rendu visite à quasiment tous les bons vignerons dans toutes les régions de France.
Disons-le d'emblée : dès les 2021, les vins ont atteint un niveau que l'on n'avait encore jamais vu dans la région. Les 2022 et 2023 sont encore meilleurs, et nul doute qu'avec tout ce qui est mis en place les millésimes suivants vont encore progresser. Ils combinent pureté, fruité, gourmandise, précision, profondeur et surtout expression du terroir comme je l'ai rarement vu sur fût, toutes régions comprises.
C'est qu'Henri se donne les moyens de ses ambitions. A chaque étape, il choisit ce qu'il y a de mieux : meilleurs tonneliers, massales de chez Bérillon (6€ HT le plant !), bouchons Francisco Sagrera comme ceux de la Romanée-Conti par exemple, travail au cheval sur 7ha pour le moment avec 2 prestataires (6000€ / ha), greffe en place pour une partie, 4 employés en hiver et 8 au printemps (10 en comptant le labour au cheval), nouveau chai, étiquettes de Jules Maillard, bio et levures indigènes bien sûr, etc... Il se pose aussi des questions sur ce qui pourrait lui permettre de progresser encore plus, demande conseils aux meilleurs (Valette, Ganevat, Allemand...) sur les questions de la biodynamie, des semis, du soufre volcanique, de l'inertage... Il n'est pas fermé sur ces questions mais tout sera minutieusement expérimenté avant d'être appliqué.
Le domaine est entièrement sur Boudes. Il fait environ 10 hectares (6 de gamay, 3 de pinot et 1 de chardo) auxquels il faudra ajouter les plantations de 2023 : 0,5ha de syrah sur échalas à haute densité et 1 ha de cabernets francs avec quelques cabernets sauvignons et quelques clairettes à 600m d’altitude sur une coulée de basalte. L’an prochain il faudra aussi ajouter deux belles parcelles en luzerne depuis plusieurs années qui viennent d’être défrichées afin de planter en tout 1,5ha de blanc en complantation (Savagnin, chenin, maccabeu, roussanne, vermentino, chardonnay et sauvignon sont réservés chez Lilian Bérillon). Et un projet encore plus ambitieux est en cours. L'idéal pour lui serait d'arriver aux alentours de 12ha.
Le domaine était autrefois en conventionnel, avec beaucoup de produits chimiques et de gros rendements, mais Annie Sauvat avait entrepris un début de conversion vers le bio depuis 5 ans environ. Il y avait donc du mieux, ce qui permettra à Henri de gagner du temps. S'il faut retravailler les sols, la taille, etc... il a notamment pu récupérer une majorité de vieux gamays d'Auvergne sur de beaux terroirs.
Un tour dans les vignes
On commence par le coteau historique, à la sortie du village. Expo sud-ouest. Sélection massale de pinot noir de Pommard sur porte-greffes SO4. Entre les bâtons au premier plan, un porte-greffe américain (le 140) prêt à être greffé sur place. Ces pinots rentrent dans la cuvée Vie Ordinaire. Tout au fond à gauche les chardonnays de la cuvée A fleur de peau. Entre les deux la parcelle de gamay De cendre et d'âme. Les terrasses tout en haut appartiennent au domaine Pelissier. Tout est taillé en guyot-poussard désormais (sauf les syrahs sur échalas qui sont en gobelets) et non plus en guyot simple, avec une taille douce, de "bon sens".
Toujours le coteau historique, mais à l'entrée du village. A gauche les gamays de Tout là haut, à droite une autre parcelle de pinot noir.
Sur le coteau historique, au centre. Plantations de cabernet francs. Des massales de Trotanoy, Vieux Certan, quelques Loire aussi, achetées chez Bérillon. Environ 600m d'altitude donc au-delà de la limite de l'AOC ! Là aussi sols volcaniques, exposition sud.
Plantation des syrahs sur échalas (pour une meilleure photosynthèse et donc une meilleure maturité), juste en dessous des cabernets francs. Ce sont des massales de chez Clape et Chave achetées chez Bérillon. Densité 8600 pieds/ha environ, 1,40m * 1m. Les porte-greffes sont variés sur les nouvelles plantations.
Toujours le coteau historique exposé sud, à peine à droite et sous les syrahs, le cœur de la parcelle de pinot noir qui rentre dans Vie ordinaire. Sur notre gauche il y a de nombreux genévriers et églantiers. Ont-ils une influence sur les aromatiques ? Ici 1,6ha sur basalte, un peu de marnes rouges à gauche, plus calcaire sur notre droite.
Cette fois-ci on passe de l'autre côté du village, sur le "plat", nous ne sommes donc plus sur le coteau volcanique, mais sur des argiles rouges reposant sur un bloc calcaire. Ici les gamays de la cuvée Rouge. Il y a environ 70% de vieux gamays d'Auvergne et 30% de gamays beaujolais, ce dernier est mûr quinze jours plus tôt ! Pour le moment juste un peu d'engrais organiques, les sols sont dans une phase de repos, de "remise à zéro" après laquelle Henri essayera divers semis et engrais verts.
A peine plus loin, la parcelle des chardonnays de Froussard, quelques pinots à gauche et quelques gamays à droite et sous la cabane, qui entrent dans la Huppe. Sols très différents, ici granit décomposé en sous-sol avec quartz, feldspath et mica et argiles rouges en surface.
Les millésimes
2024 : Une année marquée par le gel, puis par le mildiou. Finalement Henri s'en sort mieux que prévu avec un peu moins de 20hL/ha. Vendanges du 20 sep au 11 oct avec beaucoup de tri. Une année à l'ancienne avec des vins à un petit 12%, mais la qualité s'annonce présente.
2023 : Année marquée par une très forte sécheresse, à Boudes pire qu'ailleurs dans les Côtes d'Auvergne.... Au final de très petits rendements. Henri a eu peur de friser la catastrophe, il a du coup acheté un peu de raisin (même si le négoce ce n'est pas son truc, mais quand on n'a pas le choix...) Il s'en sort tout de même avec presque 30hL, "inespérés" juste avant les vendanges où il pensait avoisiner les 10hL. Par contre une bonne partie des nouvelles plantations de mai est morte de la sécheresse, il va falloir recommencer... Un gros tri a été fait : toute une parcelle de pinot noir a été laissée au sol ! Les vins s'annoncent cependant frais avec des ph qui sont restés étonnamment bas, un peu à mi-chemin entre 2022 et 2021 (un peu plus proche de 2022 tout de même) au sens où il y a encore plus de profondeur que dans les 2022, encore plus de tension, et légèrement moins de rondeur.
2022 : un printemps très sec mais de l'eau est finalement tombée l'été. Un millésime "caviar", comme Henri a rarement vu même dans le Rhône, l'état sanitaire était parfait. Le millésime a donné des vins déjà très accessibles, avec de beaux volumes, plus en rondeur que les 2021. Un côté "sexy" sans manquer de fond pour autant sur les beaux terroirs. Les ph étaient paradoxalement plus bas que sur les 2021.
2021 : millésime très pluvieux, frais. Afin de bien comprendre tous ses terroirs Henri avait vinifié et commercialisé les vins parcelle par parcelle. Le millésime a donné des vins de garde, très marqués par la grappe entière, sur la tension, avec moins de volume et moins de rondeur que 2022, mais les vins ont beaucoup de profondeur. Un millésime pour amateurs avertis.
Les 2021 et 2022 on été vinifiés au domaine Sauvat (ci-dessus), les 2023 dans le nouveau chai (ci-dessous) : vinifications au rez-de-chaussée, élevages et stockage au sous-sol.
Les 2023 sur fût(passage fin 2023 + quelques compléments de mars 2024)
Toutes les malo sont déjà finies. Quelques fûts sont encore en fermentation alcoolique avec un peu de sucres. Tout est en grappes entières. Pas de collage ni de filtration. Très léger sulfitage si vraiment nécessaire à la mise en bouteille. Mise avec vide d'air. Pas de "cuvées de printemps" sur les 2023, les élevages vont être prolongés, probablement jusqu'à début 2025.
Vie Ordinaire pinot noir : (sur un vieux Seguin Moreau 300L) superbe jus, racé, mûr, avec de la concentration bien équilibré par une haute acidité. Ca donne le ton des 2023 d'entrée.
Abrupts 1er lot sur basalte et marnes bleues : (sur un Seguin Moreau. Expo est) ça tire sur la syrah, poivré, avec une grosse allonge. Equilibre superbe avec un 14 d'alcool et un pH autour de 3,3. Vraie impression de vin terroir avec beaucoup de fond déjà. Un côté umami en finale comme souvent dans les vins d'Henri sur les sols volcaniques.
Abrupts 2e lot sur basalte et marnes rouges (sur un Rousseau 500L un peu plus récent. expo sud sur le coteau historique) fait plus gamay, plus en largeur, très baies sauvages. A peine plus d'alcool que le précédent, pourtant on aurait plutôt dit le contraire.
Si possible l'élevage durera 18mois, mais à voir avec le temps... Les deux seront probablement assemblés, à confirmer aussi. En 2023 malo en fût (pas comme 2022)
De Cendre et d'âme 1er lot 70%gamay/30% pinot : (parcelle vinifié en dehors d'Abrupts cette année car expo Ouest et sols basalte et calcaire plus "féminin et plus crayeux") Goûté sur un vieux fût François Frères, très typé pinot, plus serré, tout en allonge, 13% d'alcool ici.
De cendre et d'âme 2e lot 100% gamay : (sur un fût Taransaud) plus réduit, plus typé gamay, plutôt 13,8% alc., plus en largeur même si on retrouve cette finale crayeuse. Les deux devraient bien se compléter. Volatile "naturelle" assez haute à l'analyse mais qui ne se sent pas du tout, allonge le vin, comme souvent chez Henri.
A voir désormais si après élevage les Cendre et d'Ame iront ou non dans Abrupts....
Au chant de la Huppe : (argile rouge, calcaire, granit rose. Que du gamay cette année, les pinots ont été laissés par terre car trop confits) Fait gamay fruité, un peu moins en place ce jour-là, semble avoir plus d'acidité, ce qui n'est pas le cas à l'analyse, sûrement moins de volume.
Au chant de la Huppe sur le foudre 35HL : l'élevage est plus marqué, plus large, moins d'acidité. une touche végétale aussi ici. Les deux devraient bien se compléter.
Abrupts vendangés 15j plus tard : (à 15,5-16°, à la Bonneau !) dans un fût neuf Rousseau, il reste 10-12gr de SR, très concentré bien sûr, mais il y a de l'acidité derrière, à voir... En mars encore un peu de sucres, le bois le marque encore un peu (c'est bien le seul chez Henri) mais la bouche s'est bien affinée. Dans l'assemblage il fera du bien.
Négoce Carignan du Roussillon : (vignes de 95ans entre Lézignan et Minervois, en biodynamie. Henri a été vendanger lui-même, tôt) 14% d'alcool, grappe entière, même acidité que les gamay, un Carignan très fin, tendu, sanguin, racé, pas du tout confit. Incroyable. En mars un peu plus réducteur, dans une phase plus compliquée.
Négoce Carignan en rosé de saignée : encore 50gr de SR dans la cuve, à voir, mais ce sera un rosé de table en tout cas.
Négoce pinot noir de S... : acheté à des personnes de confiance, joli nez floral, pivoine, mais bouche maigre, étriquée et finale du coup serrée, mais à voir dans quelques mois, sera sûrement très floral et fin, par contre moins de volume et sera assez simple par rapport à tous les autres vins. Quand on sait que c'est 7* le prix du précédent à l'achat... En mars il s'est détendu, semble moins étriqué, en bonne voie.
Froussard : (chardo sur argiles rouges et granit rose) que du fût en 2023, goûté sur un Rousseau, reste 1gr de SR, fait un peu Rhône nord avec du volume, assez mûr, 13,5%, pas une grosse tension. Henri réfléchit à tenter un Vin de Voile sur quelques fûts... Regoûté en mars il a déjà gagné en tension, comme lui a dit Ganevat ce sera un grand vin mais il a besoin de 2ans1/2 voire 3ans d'élevage.
Macération 2023 : (goûté à 6 semaines, le "pire" moment nous dit Henri car c'est là le plus amer. Passé ce pic, ça va redescendre. Fera entre 3 et 6mois de macération) Réduction fumé, en effet très amer, gentiane, quinine, mais une certaine finesse, et du peps, intéressant à table.
En bouteille
Vie ordinaire 2022 : pinot noir incroyable, fraise écrasée, figue, un peu fumé lardé, anchois, orange et pêche confiturés. Texture très soyeuse, semble très ouvert, un peu exubérant, mais en même temps peu élevé en alcool et assez frais, finale acidulée. Me rappelle les meilleurs Rajat Parr ou certains pinots de Baden. Exceptionnel.
Abrupts 2022 : joli gamay, bien sûr plus sérieux derrière le pinot, fruits noirs, notes fumées et minérales de terroir, pointe racinaire, à aller chercher, mais beaucoup de fond, probablement plus de longueur, avec une grosse tension salivante, de l'umami, à carafer mais il peut déjà s'approcher, tannins fins, très propre, pas de bois ressenti. TB++.
Fiches techniques des 2022
À fleur de peau 2022 - 100% chardonnay (magnum) : Une toute petite parcelle d’un peu plus de 20 ares avec des vieux chardonnays dans une très forte pente à la sortie du village. Une dominante de basalte plus ou moins décomposé avec des calcaires fractionnés. 1 semaine de macération en grappes entières puis un pressurage pneumatique très long. 9 mois d’élevage dans des vieux fûts de 400 l et de 228 l. Non levuré - Non débourbé - Non bâtonné - Non collé - Non filtré. 1,5 g/hl de soufre à la mise comme les suivants car les bouteilles allaient être déplacés de l’ancien chai vers le nouveau.
Froussard 2022 - 100% chardonnay : Une parcelle située dans un hameau très proche de Boudes avec des vieux chardonnays issus d’une sélection massale bourguignonne. Une dominante d’argile rouge très riche en oxyde de fer avec une décomposition minérale granitique. Les raisins ont été directement pressé (pas de foulage). 9 mois d’élevage dans des fûts neufs de 500 l (50%) et des vieux fûts de 228 l (50%). Il s’agit de bois de la forêt de Tronçais qui ont subi un séchage long (36 à 48 mois) avec une chauffe très légère. Tonnellerie Rousseau. Non levuré - Non débourbé - Non bâtonné - Non collé - Non filtré.
Rouge 2022 - 100% gamay (Ensauvagés en 2021) : Une parcelle composée essentiellement avec des vieux gamays d’Auvergne et des gamays beaujolais. On peut également trouver quelques autres variétés de gamay en quantité limitée. Une dominante d’argile rouge très riche en oxyde de fer avec un bloc calcaire affleurant. 12 à 15 jours de macération en grappes entières dans des grandes cuves en inox. Uniquement des remontages au seau pour mouiller le chapeau. 9 mois d’élevage dans des vieux fûts de 300 l et de 228 l. Non levuré - Non collé - Non filtré.
Vie ordinaire 2022 - 100% pinot noir (Entre chien et loup en 2021) : deux parcelles : une grande parcelle dans le cœur du coteau historique du village avec une dominante très volcanique et une petite parcelle avec le soleil levant où il y a des restes de bombes volcaniques et des marnes bleues. 12 à 15 jours de macération en grappes entières dans des grandes cuves en inox. Uniquement des remontages au seau pour mouiller le chapeau. 9 mois d’élevage dans des fûts neufs de 500 l (35%) et des vieux fûts de 228 l (65%). Bois de la forêt de Tronçais qui ont subi un séchage long (36 à 48 mois) avec une chauffe très légère. Tonnellerie Rousseau. Non levuré - Non collé - Non filtré.
Abrupts 2022 - 100% gamay (Tout là-haut, Envol et De cendre et d'âme en 2021) : assemblage de tous les plus beaux terroirs de gamay du coteau historique de Boudes (dans des très fortes pentes). Le basalte règne en maître avec différents types de marnes (essentiellement, elles sont bleues). 4 semaines de macération en grappes entières dans des grandes cuves tronconiques en bois. Quelques pigeages aux pieds (un pour lancer la fermentation, un pour consolider la bonne cinétique fermentaire et un pour extraire les plus beaux éléments des raisins). 9 mois d’élevage dans des vieux fûts de 300 l et de 228 l.
+ 3 cuvées de printemps : Au chant de la Huppe gamay-pinot (auparavant A l'aube), Contre-Nature gamay, et Qui sait ? gamay en blanc de noirs tranquille - la partie en vin effervescent est encore sur lattes.
Fiches techniques des 2023(qui sortiront tous en mars 2025)
Tous non levurés, non collés, non filtrés, sulfités à la mise entre 1 et 1,5 g/HL
Abrupts 100% gamay, Vie Ordinaire 100% pinot noir, De Cendre et d'âme 70% gamay-30% pinot noir, Au chant de la huppe 100% gamay (les raisins de la cuvée Le Rouge sont inclus ici), Au Crible 100% chardonnay (remplace A Fleur de peau, macération plus longue), négoce Ciel à perdre 100% carignan, négoce En attendant la pluie 100% pinot noir de Bourgogne
Un grand merci à Henri pour les visites et les dégustations. Vivement la suite !