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La Cave du Théâtre
La Cave du Théâtre
17 janvier 2025

Soirée Barolo, le retour (17/01)

 

Le rendez-vous était pris depuis plusieurs mois, voire quelques années pour certains : réunir toutes nos plus belles bouteilles de Barolo afin de vivre une soirée mythique entre passionnés du Piémont. Ayant personnellement appris tout ce que je sais de cette appellation grâce au document pdf (je le transmets volontiers par mail aux intéressés) de Nicolas Herbin, ancien caviste en Suisse et désormais consultant pour Origine 1980, je décide de lui faire un mail, sans vraiment y croire… « Avec grand plaisir, l’occasion fait le larron » ! Très accessible et toujours prêt à transmettre, Nicolas sera donc notre douzième homme.

 

Nos caves étant principalement remplies de « traditionnalistes » (élevages en foudres et non en barriques pour simplifier), nous n’aurons que des représentants de ce style, avec pour la plupart une volonté de travailler sur la finesse et une majorité de crus sur l’Ouest de Barolo, la partie de l’ère tortonienne, donnant des vins globalement un peu plus souples que sur la partie Est (avec de belles exceptions bien sûr).

 

Les notes sont à relativiser, car quelque part tout était exceptionnel ce soir-là, c'est surtout un moyen de hiérarchiser nos préférences.

 

Les vins ont été pour la plupart ouverts le matin pour le soir, servis en Riedel superleggero syrah à 18° environ. Il fallait bien ça, les vins se sont encore mieux comportés après quelques minutes dans le verre.

 

 

1 Ca’ di Press, Barolo di Monforte 2019 : (à Monforte, parcelle Perno) Couleur claire, nez de fruits rouges confiturés et de fleurs. Bouche en finesse pour Monforte et 2019, déjà accessible même s’il y a encore un peu de tannins sur la finale, un joli style, traditionnel propre et maîtrisé, élégant. Belle introduction. TB.

 

2 Giacosa, Barolo Falletto 2012 : (à Serralunga) Couleur assez sombre, nez fruits noirs, menthol, eucalyptus, goudron, tabac, épices. Bouche comme souvent chez Giacosa qui manque un brin de folie à mon goût, maîtrisée, complexe, avec des tannins fins, mais qui manque un peu d’intensité. C’est très bon, mais en-dessous des suivants. TB.

 

 

 

3 Accomasso, Barolo 2012 : (à La Morra, parcelle Rocche dell’Annunziata) Couleur claire, un peu tuilée, nez fruité, floral, légèrement terreux et sous-bois. Bouche toute en finesse et en rondeur pour Accomasso, où on sent le « petit » millésime mais pile à point, avec beaucoup de gourmandise, des tannins fins, gros plaisir immédiat. Pour chipoter il manque un poil de longueur par rapport aux tout meilleurs du soir. TB++.

 

4 Borgogno, Barolo Cannubi 2013 : (à Barolo)   Couleur claire, nez étonnant, pastèque, litchi, fraise haribo, amylique, ça sent les fermentations à froid, peut-être même le levurage, ce qui serait très étonnant pour le domaine. On émet pas mal d’hypothèses, mais on ne sait pas trop. La bouche est ronde, facile, fruité bonbon, monolithique et de longueur moyenne. B-.

 

5 Vajra, Barolo Bricco delle Viole 2013 : (à Barolo) Couleur assez sombre, magnifique nez, très classique, floral, goudron, myrtille, épices, réglisse, une bouche un poil en-dessous du nez, où on sent la parcelle en altitude, le terroir tardif sur un millésime frais, il y a du menthol, des notes presque végétales, mais nobles, la finale serre juste un peu trop, avec des tannins moins gras que les suivants. Mais un sentiment de noblesse, de « beauté froide ». TB+.

 

6 Burlotto, Barolo Monvigliero 2014 : (à Verduno, un des très rares Barolo en grappe entière même sur ce millésime très pluvieux. Foudres français ici et non de Slavonie) Couleur très claire, nez très « Monvigliero » de fraise écrasée et de rose. La bouche est en dentelle, quasiment pas de tannins, fraise écrasée, rose, éclatant, avec un sentiment de perfection, tout est à la bonne place, beaucoup de gourmandise, tout en gardant du fond et juste ce qu’il faut de l’acidité du nebbiolo pour un rendu très aérien. Exceptionnel.

heureusement, nous avions le "Masnaghetti" sous la main

 

 

7 G. Mascarello, Barolo Monprivato 2009 : (à Castiglione) Couleur très claire, un peu tuilée, nez plus évolué que le précédent mais très beau aussi, fruits rouges confiturés mais un peu plus cuits, pot-pourri, léger sous-bois. Bouche fantastique, plus jeune que le nez, tannins fins et fruité gourmand bien présent, un peu moins sucré que le Monvigliero, plus d’acidité, plus « Barolo », beaucoup de fond, une belle allonge, touche quinine, la grande classe du Monprivato, équilibre parfait entre finesse et structure. Il ne tome jamais dans la lourdeur même sur ce millésime solaire. TB++.

 

8 G. Rosso, Barolo Vigna Rionda Ester Canale 2018 : (à Serralunga. Vieilles vignes héritées de la légende Tommaso Canale) Couleur très claire, le nez le plus bourguignon, petits fruits rouges, pivoine, framboise, cerise, ça pinote. Bouche ultra élégante, fruité éclatant, tannins très fins, pas forcément un gros volume mais sans que ce soit gênant, toujours ce fruit éclatant d’un grand bourgogne mais avec une tension et une sensation minérale derrière qui allonge loin. Bien sûr il va gagner en complexité avec le temps, mais quel délice en l’état, et quel style ! TB++.

 

9 G. Rinaldi, Barolo Tre Tine 2016 : (à Barolo, parcelles Le Coste, Cannubi San Lorenzo et Ravera) Couleur moyenne, à l’ouverture le nez est joli, avec de la rose, de la griotte, petite volatile au départ, balsamique, la bouche semble plutôt bien équilibrée et assez fine, mais la volatile ne cesse de prendre de la place, jusqu’à prendre même toute la place, le fond de verre ne semble pas très propre même. C’est la déception du soir pour moi. B.

 

10 Bartolo Mascarello, Barolo 2015 : (à Barolo, Canubbi, Rue, Rocche dell'Annunziata, Monrobiolo di Bussia, Nelso) Couleur moyenne, nez magnifique, fleurs séchées, goudron, réglisse, tabac, balsamique, herbes aromatiques, toute petite volatile mais qui est bien intégrée à l’ensemble et ne s’amplifiera pas. La bouche est encore jeune, puissante, tannique, me rappelle l’Accomasso 2015 bu récemment, il y a du fond, un grand vin en devenir sans nul doute, mais moins de plaisir immédiat ce soir-là. TB+.

 

11 Cavallotto, Barolo Riserva Vignolo 2008 : (à Castiglione) Couleur sombre, nez évolué, sur le thé noir, la viande fumée, très différent des autres. La bouche est encore puissante, massive, à l’ancienne. Un vin qui a bien joué son rôle de faire-valoir pour le suivant, mais pas plus. B+.

 

12 G. Conterno, Barolo Riserva Monfortino 2008 : (à Serralunga, parcelle Francia) Une couleur parmi les plus sombres de la soirée, le nez est exceptionnel dès le départ, combinant un fruité intense, noir et rouge à des notes très nobles d’herbes, de balsamique, de pot-pourri, réglisse, fumé. La bouche, comme le nez, est la synthèse de tout ce que nous avons eu de mieux jusqu’ici, combinant finesse et structure, avec une attaque plutôt large et soyeuse, et une finale qui allonge très loin, avec de l’acidité, des tannins de qualité, le vin semble sur un plateau, excellent aujourd’hui, parti pour durer des années. D’entrée, Nicolas qui a surtout eu l’occasion de boire des vieux Monfortino reconnait le style de la cuvée, « ça goûte Monfortino, même jeune ». Un grand terroir, sublimé. Il fallait réussir à passer derrière tous ces grands vins : la légende a été à la hauteur de sa réputation. Exceptionnel.

 

 

 

 

Un grand merci à tous les participants de cette soirée exceptionnelle, et notamment à Nicolas pour toutes ses explications et anecdotes, mais aussi pour avoir transmis sa passion pour cette si belle région. En espérant bien évidemment que ce ne soit pas la dernière…

 

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