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La Cave du Théâtre

La Cave du Théâtre
17 décembre 2023

Visite au domaine Benoît Montel

 

Après ses études viti-oeno en Bourgogne, Benoît est revenu à Riom pour créer son propre domaine en 1999. Il possède désormais 10ha de vignes de Chanturgue à St Bonnet-près-Riom + une partie d'achat de raisins. A partir de 2023 les vins du domaine sont certifiés bio, vendangés à la main, vinifiés en levures indigènes. Les doses de sulfites ont également diminué. Toutes ces améliorations se sont faites sans que les prix n'augmentent réellement. Félicitons Benoît pour tout le travail accompli, car c'est ici que l'on trouve les meilleurs rapports qualité/prix avec des vins d'une régularité exemplaire dans toutes les couleurs et sur de nombreux secteurs.

Notons aussi, en plus de la vaste gamme classique, de nombreuses cuvées expérimentales comme le montre la dégustation ci-dessous : vins en amphores, sans sulfites, macération, nouveaux cépages, immersion de fûts ou de bouteilles (dont une partie des fonds revient à une association caritative) mais aussi la formation de jeunes vignerons.

 

 

 

 

Portes Ouvertes fin 2023 - Une partie de la gamme

 

Les vins sont goûtés un peu froid en température, ce qui peut faire ressortir les tannins, mais globalement ce sont des vins sur le fruit, assez peu tanniques. Très belle réussite en 2022 qui combine maturité avec de bonnes acidités sur les gamays et les syrahs.

 

montel 2022

 

La faille 2022 : (syrah, fût enterré dans les vignes, sans SO2) léger, fruité, facile, ne fait pas très syrah mais c'est très bon.

 

En aparté 2022 : (syrah en cuve, même parcelle, achat à P. Heyraud à Cormède) syrah facile, tannins souples, mais plus de couleur ici, plus poivré, plus typé syrah.

 

GPS 2022 : (gamay pinot syrah) un peu réducteur ce jour-là, semble un peu végétal.

 

Madargue 2022 : gamay léger, simple, fruité, facile, manque un peu de concentration par rapport aux autres.

 

L’esprit des Papilles 2022 : (pour le club Les Papilles) syrah légère, facile, fruitée, légèrement poivrée, entre La faille et En Aparté.

 

Game Over 2022 : (Cépage gamaret, jeunes vignes, Benoît le présente comme un cépage fruité, moins rustique que le gamay) aromatique sur des fruits rouges mûrs, acidité élevée qui équilibre bien le tout, avec une finale encore un peu serrée, on sent qu’on est encore sur des vignes assez jeunes, mais prometteur.

 

Coulée de Lave 2022 : (gamay) plus coloré, fruits noirs un peu confiturés et poivrés, assez rond et gourmand, sans manquer de fond, déjà parfaitement en place.

 

Châteaugay Bourrassol 2022 : (100% gamay) coloré, un peu moins confituré que le précédent, donc tannins qui ressortent à peine plus, c’est frais, fruité, quand même assez long. 

 

Châteaugay VV 2022 : (Gamay en fût) en pleine prise de bois, très vanillé. A revoir dans quelques mois.

 

Sang des volcans II 2022 : (petite syrah ou serine. fût, amphore et cuve. achat à P. Heyraud à Cormède) style un peu austère mais noble, serine avec une acidité élevée, tendue, un peu serré, plus végétale que le suivant, mais finale qui allonge loin, presque saline (umami).

 

Sang des Volcans I 2022 : (syrah, à St Bonnet près Riom) un peu plus mûr et plus en largeur, plus gourmand et plus accessible tout de suite, joli fond aussi, un peu moins salin en finale.

 

Lueurs 2022 : (syrah + viognier) semble moins mûr et un peu serré, le côté « blanc » semble un peu dissocié.

 

Châteaugay Bourrassol MAG 2020 : nez assez évolué, fruits noirs un peu sous-bois et chocolat, bouche encore jeune, fruitée, souple, facile.

 

Châteaugay VV MAG 2020 : plus d’acidité, tannins encore serrés, encore un peu jeune.

 

 

 

 

Les Blancs : le même vin, 100% chardonnay issu de Châteaugay Bourrassol, fermenté en cuve puis élevage de 9mois dans 6 contenants différents. Exercice très intéressant. Bien sûr chardonnay + 2022 + Bourrassol (parcelle solaire exposé sud) = vins aux acidités assez basses. Justement Benoit cherche le meilleur contenant pour l’avenir.

 

montel inedit

 

I (en cuves inox) : chardonnay rond et fruité, manque un peu de tension, déjà un peu évolué, mûr.

 

N (amphore porcelaine) : (un petit œuf en fait) semble plus gras, avec une attaque plus large mais il a gardé plus de peps, plus de longueur, fruité mûr presque exotique mais gourmand, très accessible dès maintenant, sans tomber dans la lourdeur. Comme s’il avait les avantages du bois sans les inconvénients.

 

E (amphore grès) : plus fermé, demande plus de temps, mûr aussi, avec de la matière, moins d’acidité que le précédent mais il trouve son équilibre sur les amers, avec une finale très intéressante, plus "gastronomique", un joli contenant taillé pour des vins de garde.

 

D (amphore terre cuite) : assez rond, beau fruité, un peu moins mûr, manque un peu de peps. Facile.

 

I (fût d’acacia) : le fût marque un peu avec des notes très exotiques, un côté rhum mais dans le bon sens, gourmand, vanille, goyave, ça garde une bonne acidité, le plus gourmand de tous, sans tomber dans la lourdeur, déjà prêt.

 

T (fût de chêne) : très marqué boisé vanillé, gras, rond, manque d’acidité.

 

Très intéressant, car les deux contenants les plus répandus, cuve inox et fût de chêne, ne sont clairement pas les meilleurs…

 

 

 

Expression 2022 : (l’assemblage des 6 contenants) fruité, facile, proche de l’élevage cuve. 

 

Avenir 2022 : (vin orange, chardonnay 2mois macération) joli vin orange, élégant, fin, pas trop tannique, propre, joli fruit, du peps en bouche, amers nobles en finale. 

 

Double face : (méthode trad chardonnay) très fruits exotiques, brut assez sucré, rond, facile. 

 

Pet Nat viognier De bulles en blanc : non goûté.

 

Les Abysses volcaniques : non goûté. (chardonnay vinifié sans soufre, élevage 2ans en barriques, dans le Lac Pavin, à 25m de profondeur, à 4°, dans le noir total)

 

Leucate : non goûté. (chardonnay vieilli en fût chêne et acacia et amphores grès et terre cuite. Puis 2ans en bouteille dans un parc à huîtres à Leucate)

 

...

 

 

Visite des vignes à venir...

 

1 décembre 2023

Soirées Vignerons de Champagne (24/11 et 01/12)

Montagne de Reims

 

1 Adrien Renoir, Vignes Goisses 2019 Grand Cru Verzy (100% pinot meunier. Dég 06/2023. Elevage fût. Dosage 1gr) Couleur à peine saumonnée, nez fruité, fruits roses, frangipane, gourmand, bouche avec un joli fruit, très fraîche, tension et gourmandise à la fois, pas du tout d'austérité pour le faible dosage, c'est long, avec du fond. Super pour commencer.

 

2 Adrien Renoir, Les Epinettes 2019 Grand Cru Verzy (100% pinot noir. Dég 06/2023. Elevage fût. Dosage 1gr) Couleur bien plus foncée et un peu plus rosée, nez plus vineux, plus fruits rouges. Bouche plus vineuse, plus dense, avec un côté crémeux, large à l'attaque, la finale est très longue, sur un côté presque tannique, crayeux, amers nobles, a besoin d'un peu plus de temps probablement. Taillé pour la table, mais quel vin !

 

3 Chartogne-Taillet, Les Barres 2017 (100% pinot meunier. Franc de pied. Dég 07/2022. Elevage fût. Dosage 4gr) Couleur or, nez plus évolué, plus brioché. Bouche avec un beau volume, attaque assez large avec un dosage plus haut que les Renoir mais la finale d'étire sur une acidité plus haute, avec beaucoup de minéralité et d'élégance.

 

4 Egly-Ouriet, 1er Cru Les Vignes de Bisseuil : (70% chardonnay, 15% P.Noir, 15% P.Meunier. Base 2017 + 40% 2016. Dég 07/2022. Elevage fût. Pas de malo. Dosage 2gr) Couleur dorée, nez très chardonnay, presque bourguignon, léger beurré, toasté. Bouche crémeuse, arrondie par l'élevage, peu de bulles (encore moins que les précédents, qui semblaient ne pas en avoir beaucoup), beau champagne de gastronomie, déjà un peu évolué, commence à truffer presque, manque un poil de tension en finale où on reste un peu trop sur la rondeur pour chipoter.

 

renoir les barres

 

 

Vallée de la Marne

 

5 JM Sélèque, Soliste chardonnay 1er cru Pierry Les Tartières et les Porgeons 2016 : (100% chardonnay. Dég 01/2021. Elevage fût. Dosage 3gr) Couleur bien plus claire, nez très élégant, fruits blancs, floral, encore jeune. Bouche toute en finesse et élégance, attaque avec un peu de confort mais très vite tout en tension et en minéralité, sans austérité, bulle très fine, pousse loin.

 

 

Côte des Blancs

 

6 Bérêche, Grand Cru Cramant 2017 : (100% chardonnay. Parcelles Le Bateau et Chemin de Chalons. Dég 07/2022. Elevage fût. Dosage 3gr) Couleur or, nez qui a besoin d'un peu de temps, certains le trouvent un peu vineux pour un chardo mais très joli, avec l'ouverture il tire sur des fruits presque exotiques, la bouche est incroyable, très large, gros volume, mais aussi très longue, peut-être le plus long de la série, à l'équilibre parfait, plus marqué chardonnay que le nez, grosse maturité sans manquer d'acidité. On peut juste lui reprocher d'être encore tout jeune.

 

krug bereche

 

 

Bonus 

 

7 Krug, Grande cuvée n°169 : (Dég. 2021. Base 2013 + 40% de vins de réserve. 43% PN, 35% chardo. 22% PM. 146vins de 11années différentes de 2000 à 2013) Couleur or pâle, nez plus brioché, plus pain grillé, complètement différent. La bouche est plus ronde, plus sucrée, plus simple, moins dense, un peu plus de bulles, encore jeune, sur les arômes du nez, grillé, brioché, fruits secs, la finale semble un peu plus courte et plus simple, manque d'allonge. Rien de mauvais, mais assez quelconque finalement, et donc assez décevant dans la série en comparaison.

 

8 René Muré, Crémant d'Alsace Grand millésime 2010 : (dég 2014, chardonnay et riesling) plus évolué dans la série, plus brioché, noisette, quand même un beau volume, moins crayeux en finale bien sûr, plutôt bon. Mais si son rouge a largement surclassé bon nombre de Chambolle la dernière fois, ici ce n'est pas le cas.

 

9 Gonet-Médeville, Coteaux Champenois Grand Cru Ambonnay Athénaïs 2017 (100% pinot noir, égrappé) pinot coloré pour un coteaux champenois, encore un peu d'élevage au nez, un côté lacté, bouche mûre, sérieuse, joli fruit, encore quelques tannins, commence juste à rentrer dans une bonne phase, dans un style très Côte de Nuits, mûr, sérieux. On compare avec un Gevrey 2017 de Feuillet qui semble plus fin, plus léger, frais, mais peut-être un peu plus court.

 

 

Merci à tous pour cette très belle soirée lors de laquelle les vignerons de Champagne ont montré qu'ils ont atteint un niveau exceptionnel depuis quelques années.

 

18 novembre 2023

Soirée Thème mystère (17/11)

Le thème Mystère était : Trouve le vin de Saint-Pourçain ! Huit vins à l'aveugle + quatre très jolis bonus (merci à tous !), un seul vin fait sur St Pourçain, par les Bérioles et tout à l'aveugle !

 

 

1 Domaine Vaccelli - Ajaccio blanc Aja Donica 2021 : un peu jeune et sur la retenue, miellé, floral, fruits jaunes, belle texture sans être très boisé, frais, élégant, bonne acidité pour un vermentino. Très prometteur.

 

2 Gros Ch. Père & Fils - Ladoix 1er cru Les Gréchons blanc 2018 : nez toasté, encore un peu marqué par l'élevage, très chardonnay classique. La bouche garde un peu de toasté, pas très beurrée, un peu de noisette et brioche, taillée pour la table. Seule la finale manque un peu de tension sur ce millésime en comparaison avec le suivant.

 

3 Bouzereau - Puligny 1er cru Le Cailleret 2018 : moins toasté, un peu plus beurré, fin, élégant, finale plus minérale et plus longue. Merci R.

 

4 Pierre-Henri Rougeot - Pommard Clos des roses 2021 : (sans sulfites ajoutés) Explose de fleurs et de petits fruits rouges, tout en finesse, très élégant, pas un gros volume, mais évident, beaucoup de plaisir. Ca semble déjà prêt à boire. 

 

5 L'Anglore - Véjade 2019 : dans une bonne phase, superbe nez, éclatant, bouche en finesse, jus de fruit là aussi très propre et gros plaisir immédiat. Merci PN.

 

vaccelli anglore

6 Les Bérioles - IGP Val de Loire La Chabanne 2019 : (pinot noir, à St Pourçain) coloré, assez puissant et mûr pour un pinot de St Pourçain, mais du volume, de la longueur, un joli vin, que certains auraient mis plus au sud, sauf PN qui a trouvé bien sûr... Bravo !

 

7 Château Mazeyres - Pomerol 2018 : un Pomerol nouvelle génération, peu boisé, fruits noirs assez mûrs et gourmands avec une belle trame acidulée derrière. Beaucoup sont dans le Languedoc à l'aveugle ! Belle surprise pour tout le monde.

 

8 Henri Chauvet - Vie Ordinaire 2022 : (pinot noir) pinot éclatant, avec des fruits rouges presque exotiques, un fond fumé, une bouche fraîche et texturé à la fois. Il ne craint pas de passer derrière un Pomerol. Merci R.

 

9 Cassagne & Vitailles - Les Célis Vin de France 2021 : (100% grenache) grenache rond, infusé, soyeux, peut-être un peu lissé par l'élevage, mais ultra gourmand, fleuri, déjà superbe en l'état. 

 

10 Xubialdea - Irouléguy blanc Ardan Harri 2020 : on ressort les blancs pour le fromage, nez un peu noisette, déjà évolué, bouche très fraîche, minérale, énergique, belle finale salivante. Bel accord sur le brebis. Merci B.

 

11 Bordaxuria - Irouléguy blanc Erotik 2021 : semblait un peu plus mûr et chaleureux derrière, mais plus de matière, un peu trop jeune mais un beau potentiel de garde ici.

 

12 Scagliola - Brachetto d'Acqui : on termine par une petite douceur, une bulle rose légère (l'équivalent du Moscato d'Asti en rouge), sucrée, simple, qui glisse comme un bonbon.

 

celis chauvet

 

 

Merci à tous pour cette soirée une nouvelle fois très conviviale ! A la semaine prochaine pour les Champagnes !

 

16 novembre 2023

Vins des Côtes d'Auvergne : Introduction

 

Vins des Côtes d'Auvergne : Essai de synthèse et Visites de domaine

 

paysage auvergne

 

 

Tout a commencé lorsque quelqu'un me demanda « Ca ressemble à quoi un Côtes d’Auvergne ? ». Je me suis alors rendu compte que j’étais incapable d’apporter une réponse précise. Bien sûr, pour les autres régions et les autres AOC, la réponse est tout aussi complexe et toujours multiple. Mais il y avait là quelque chose de différent : est-ce que je connais si bien que cela les vins de ma propre région ? Si j’ai suivi des cours, lu des bouquins, assister à des masterclass sur les grandes régions du monde, ça n’a jamais été le cas pour l’Auvergne. Est-ce que je ne connais pas mieux la Grèce, le Portugal, la Suisse... où je n’ai jamais mis les pieds, que l’Auvergne où je vis ? On se dit qu’on est dedans, que ce n’est pas loin, qu’on connait déjà, et au final on ne finit jamais le travail.

 

Je déguste des vins d’Auvergne régulièrement, je connais les vignerons que je croise souvent, les villages, le relief… Mais les dégustations sont souvent rapides, les discussions aussi, puis elles ne tournent pas toujours autour du vin à proprement parler. J’ai finalement passer peu de temps avec les vignerons chez eux et dans leurs vignes.

 

Voici ce à quoi je voudrais absolument remédier, en prenant le temps d’aller visiter tous les vignerons qui voudront bien me recevoir, avec comme point d’orgue une dégustation des meilleurs vins au printemps 2024.

 

Mais avant cela, revenons sur les bases des vins d’Auvergne, en suivant le même protocole que sur les autres régions.

 

 

Côtes d'Auvergne : Essai de Synthèse

carte rvf côtes d'auvergne

 

  

Le site officiel de l'AOC nous donne les chiffres suivants :

  • Superficie totale : 400 hectares sur 53 communes (80kms de long par 15 kms de large)
  • 45000 hectares vers 1895 ! (Source Le R&B n°106) 
  • Appellation AOC Côtes d’Auvergne : 267 hectares
  • IGP : 71 hectares
  • Vin de France (VSIG) : 50 hectares
  • Parcelles familiales en amateur : 50 hectares
  • 40 caves particulières et 70 apporteurs à la coopérative de Saint-Verny
  •  

L'AOC a été obtenue en 2010. Elle autorise 5 Dénominations géographiques complémentaires : Madargue, Châteaugay, Chanturgue, Boudes en rouge, et Corent en rosé uniquement. Ce sont les coteaux sud où historiquement le raisin mûrissait bien mais cela mériterait probablement d'être revu... Si Corent tient sa réputation de son coteau sud par exemple, il est amusant de constater que les vins les plus intéressants aujourd'hui sont les rouges de la face Nord.

 

Cépages : chardonnay obligatoire pour les blancs. En rouge et rosé : Gamay (50% minimum) + pinot noir comme cépage accessoire. L’INAO permet des expérimentations à hauteur de 5% de l’encépagement et 10% des assemblages. (Source RVF n°669)

 

Production : 66% de rouge, 17% rosé, 17% blanc.  Rendement max 55HL/ha (52 pour les DGC). (Source RVF n°669)

 

Climat : semi-continental. Hivers rudes, été chauds, avec une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit (bonne maturation des baies tout en préservant de l'acidité). Les côtes d'Auvergne sont en plein "effet de Foehn" : la chaîne des Puys forme une barrière protectrice contre les pluies de l’Ouest. Précipitations moyennes à Clermont-Ferrand : 650 mm/an (faibles) et ensoleillement moyen de 2000heures/an.     

 

Géologie (Source COAM) : 

Ere primaire : création du socle ancien de granit (refroidissement du magma sous l’eau).

Eres secondaire et tertiaire : sédiments marins et détritiques qui se déposent donc du calcaire et de l'argile.

Eres tertiaire et quaternaire : plissement alpin avec soulèvement du Massif Central et création des plaines.  L’activité volcanique crée des coulées de lave et des sols de basalte. Les rivières creusent les vallées et déposent des alluvions. Dans certaines zones l’érosion ramène le granit en surface.

      

 

les unites geologiquesSource COAM

 

 

Donc des sols sédimentaires dans les plaines, argilo-calcaire, favorables au pinot noir.

Plutôt granitique ou basaltique en coteaux. favorables au gamay.

Le basalte a une certaine porosité, il laisse filtrer l’eau, donc moins de stress hydrique. Sa couleur noire attire le soleil d'où une meilleure maturation des baies.

On distingue généralement le basalte (issu d'un magma refroidi rapidement), les pépérites (lorsque le magma remonte et rencontre les eaux souterraines, il forme une roche aux grains brunâtres), la pouzzolane (alvéoles rouges ou noirs issues de projection de lave) et la pierre ponce (roche volcanique très poreuse).

Les plus belles parcelles sont sur les coteaux (350-550m) : la pente engendre un meilleur ensoleillement et un meilleur drainage de l’eau.

Attention que les sols volcaniques ne sont pas majoritaires en Auvergne.

 

 

 

Les 5 Dénominations Géographiques du Nord au Sud (Source: Site officiel de l'AOC) :

- Madargue : (350-420m d'altitude. Gamay et pinot noir) Sol à tendance silicieux, affleurement granitique, terres blanches (calcaires) pauvres en humus.

 

- Châteaugay : (Gamay et pinot noir. Exposition Sud-Est) Sol constitué par une coulée basaltique, cendres volcaniques (pépérites) sur sol argilo-calcaire.

 

- Chanturgue : (Gamay et pinot noir) "Cantalo" en celtique signifie brillant et bien visible. Fortes pentes (plus de 25%). Flancs argilo-calcaires protégés de l'érosion par les coulées basaltiques.

 

- Corent : (Gamay et pinot noir. 400-500m d'altitude) Vignoble sur les flancs d'un volcan. Sol argilo-calcaire au sud et basaltique au nord avec des affleurements de pouzzolane.

 

- Boudes : (Gamay, pinot noir) Vaste coteau calcaire protégé à son sommet par une coulée basaltique.

 

 

 

A noter aussi l'excellent travail du Conservatoire des Cépages d'Auvergne qui abrite : • Canari Noir (Damas noir) • Chanis gris • Chatus Noir • Corbeau Noir • Epinou Noir • Gamay Bouze Noir • Gamay Fréaux Noir • Gamay Noir à jus blanc • Gouais Blanc • Grec rouge • Inconnu des roussilles (à préciser) • Limberger Noir • Mondeuse Noir • Muscat à petits grains blanc • Noir Fleurien Noir • Petite Syrah Noir • Pinot Noir • Portugais Bleu Noir • Sauvignonasse Blanc • St-Pierre Dore Blanc • Valdiguie Noir • Syrah

 

 

Bibliographie :

- RVF n°669 avril 2023

- Le Rouge et le Blanc n°106 (2012)

- Site officiel Côtes d'Auvergne.com

- Entre les Vignes n°2 avec les Vignerons nature d’Auvergne

- Le Vignoble des Côtes d'Auvergne, une nouvelle AOC. Denis Couderc et Pierre Soissons

 

15 novembre 2023

Visite au domaine Les Chemins de l’Arkose à Montpeyroux

 

Visite au domaine Les Chemins de l’Arkose à Montpeyroux

 

Pour le coup j'ai l'impression de déjà bien connaître les vins d'Yvan chez qui j'ai eu l'occasion d'aller plusieurs fois ces dix dernières années. Ce sont pour moi des valeurs sûres si on cherche du bio, pas tout à fait nature mais presque (une dizaine de mg à la mise en moyenne), propres, de bon rapport qualité/prix, et dans un style un peu "rustique" dans le bon sens du terme : des vins de terroir et de caractère. Je dois avouer que je n'avais pas forcément prévu de repasser chez Yvan et Audrey jusqu'à ce que j'apprenne par hasard dans le Rouge et le Blanc qu'ils travaillaient une vigne d'hybride ! Et je ne regrette pas du tout ma visite, bien au contraire, puisqu'en plus des hybrides j'ai eu la bonne surprise de voir un nouveau chai et des nouvelles cuvées. Ici aussi ça bouge, ça se remet en question et ça progresse constamment.

 

 

Yvan Bernard s’est installé sur le village de Montpeyroux en 2001. Il s’est officiellement associé avec Audrey Baldassin (déjà employée au domaine depuis quelques années) en janvier 2021, d’où le nouveau nom du domaine : les Chemins de l’Arkose. Le domaine est certifié bio depuis 2009, et certifié en biodynamie par Demeter depuis 2021.

 

 

Il possède désormais 13 hectares + l’équivalent de 4ha environ en négoce :

1/3 sur Montpeyroux/Authezat/La Sauvetat 

1/3 sur Corent : un peu à l’est, au Nord, au sud (mais les vignes du sud vont être arrachées, replantées au nord)

1/3 sur Blanzat/Sayat : des gamays et quelques pinots qui donnent principalement la cuvée le Clos, rachetés plus récemment à JP Prunière.

 

 

Une nouvelle cave vient d’être construite sur Montpeyroux-Ouest avec plus d’espace, il y aura la possibilité de faire un petit caveau de dégustation face aux vignes, une petite chambre à l’étage et une salle de réception.

nouvelle cave chemins de l'arkose

pinots noirs montpeyroux

 

 

Les 2023 ont été vinifiés dans le nouveau chai. « On commence à apprendre ce qu’il y a comme levures. Tout a été fait en levures indigènes, ça s’est bien passé. Ça a moins patiné qu’en 2022, on n’a pas pris de volatile cette année. On a tout de même préparé des pieds de cuve une semaine avant les vendanges pour être tranquilles. »

 

 

Quelques 2023 sur cuve

nouvelle cave Yvan

 

L’autre rive chardonnay : (négoce, à Dallet. Achat de raisins bio à de jeunes viticulteurs qui autrefois vendaient à la coopé. Depuis 3ans les raisins sont vendus à Yvan et à Patrick Bouju. Sols calcaires et basaltes. Expo Nord-Ouest, ça regarde Pont-du-Château. Vignes de 10ans. Parcelle solaire, mais il y a eu de l’eau ici contrairement à Montpeyroux) chardo assez floral, vif, fruité, manque un peu de tension en 2023 mais facile à boire.

 

Au pied du mur chardonnay muscaté : (parcelle d’à côté, 10ans aussi environ. En 2023 la moitié a fait une macération de 6 jours) un chardo qui sent en effet bien le muscat au nez. La bouche n’a pas une grosse acidité en 2023, mais la macération emmène du peps avec une finale sur les amers, pas trop tannique non plus.

 

Aligotés plantés sur Corent Nord il y a 4ans (vont remplacer l’aligoté de négoce Fleuve tranquille. 2023 sera le premier millésime) non goûté.

 

Oppidum (chardonnay Corent sud pour le moment) : non goûté.

 

Les Dômes rouge 2023 : (tous les gamays de Corent, surtout des gamays d’Auvergne, Corent Nord et à peine à l’Est. En semi-carbo) Coloré en 2023, très juteux, plein de fruit, belle acidité derrière, se goûte déjà très bien, presque prêt. Délicieux. « Sur cette cuvée il faut ramasser à la limite de la sous-maturité ». Ça + Corent Nord aujourd’hui ça permet vraiment de trouver un bel équilibre sur les millésimes chauds.

 

Le Clos lot 1 : (gamays du Beaujolais plantés à Blanzat en 2000 et quelques pinots. Ici c’est solaire, plus marneux) Couleur très noire, le nez fait syrah je trouve, fruits noirs, presque lardé. Bouche mûre, large, puissante, mais bien faite, qui ne tombe pas dans le trop confit. C'est bon, mais il faut savoir à quel type de vin s'attendre.

 

Le Clos VV : (« ça ira en demi-muids bientôt, je verrai ensuite si j’assemble ou non avec le précédent ». Veux gamays d’Auvergne des années 50 avec quelques hybrides, des teinturiers, des chasselas, « à l’ancienne ». Vinifié à la Jacques Néauport en millefeuilles, une couche égrappé/une couche grappe entière. Macération plus longue, 20jours) Couleur plus violacée mais plus claire, bouche plus tendue, moins large, acidité plus haute, impression minérale, une finale qui allonge beaucoup plus, sur des tannins un peu serrés mais ça pousse très loin. « Les vieux gamays d’Auvergne, sur nos terroirs, c’est autre chose que les gamays Beaujolais ! »

 

Pinots d’Authezat, Vieilles vignes, jus de goutte : (en 2023 il a fallu s’adapter, mettre beaucoup de grappe entière notamment, les gouttes sont vinifiées à part cette année, on verra à la fin…) un jus étriqué, serré, compliqué en l’état.

 

 

 

Et les hybrides ?

 

Pour les plus motivés quelques pistes de lecture/visio : Vitis Prohibita, documentaire de Stéphan Balay (2019), Pascaline Lepeltier, Mille Vignes (2022), Valentin Morel, Un autre vin, comment penser la vigne face à la crise écologique (2023) et surtout Le Rouge et le Blanc n°144 (2022).

 

Pour faire simple : un hybride est un croisement d'une vigne européenne (vitis vinifera - quasiment tous nos cépages aujourd'hui) avec une vigne américaine le plus souvent (vitis riparia, rupestris, berlandieri, labrusca - que nous connaissons très mal...). Au 19e siècle, pour tenter d'améliorer nos rendements, nous avons importés, entre autres, des cépages américains qui portaient sur eux le mildiou, l'oïdium (des champignons) puis le phylloxéra (un puceron). Ces cépages-là s'étant acclimatés au fil du temps, ils sont, eux, résistants. Le vignoble européen est entièrement détruit, il faut trouver une solution : les vitis vinifera seront greffées sur des pieds américains. Jusque-là l'histoire est connue. Ce que l'on sait moins c'est que pendant longtemps, des cépages hybrides côtoient nos vitis vinifera. Au déut du 20e siècle près d'un tiers du vignoble français est en cépages hybrides et l'on a recensé près de 3000 cépages différents. Dans les années 1930, la France est en surproduction de vin : pour des raisons politiques l'Etat décide de garder toutes les vitis vinifera plantées dans nos colonies et interdit la commercialisation des hybrides. Puis dans les années 50, l'Etat doit rembourser les Etats-Unis (source : le documentaire Vitis Prohibita) : il décide de lui acheter des produits phytosanitaires à grande échelle, il fait la promotion des vitis vinifera très sensibles au mildiou et à l'oïdium et demande l'arrachage des cépages résistants ! Il faut trouver une raison : on prétexte donc un fort taux de méthanol qui rendrait fou. La mauvaise réputation est faite ; les vitis vinifera et les produits chimiques l'ont emporté. Depuis quelques années certains hybrides ont été autorisés à nouveau, hors AOC bien évidemment...

 

 

Qu'en pense Yvan ? Comme Valentin Morel, son combat ce sont les traitements : " En 2023 je finis à 11 traitements cuivre/soufre, environ 3,5kg/ha, si tu ajoutes le coût des produits phyto qui n'arrêtent pas d'augmenter, l'essence pour le tracteur, le temps et l'énergie que ça coute, c'est plus possible ! " On sait aujourd'hui que sur le long terme la "bordelaise" est mauvaise pour les sols et pour les eaux. "Tu peux pas traiter comme ça et te revendiquer bio/ écolo, tout faire pour te passer de SO2 en cave etc... il faut être logique, et agir". Le livre de Valentin Morel n'est pas sorti comme ça, les vignerons commencent à être nombreux à se poser les mêmes questions.

 

 

parcelle 5455

 

 

Voici la vigne de Plantet ou 5455. C'est une parcelle qui appartenait à la grand-mère d'Audrey qu'Yvan a récupérée il y a quelques années ((à l'époque il ne connaissait pas encore Audrey !). "Ca fait 25ares en tout, les vignes ont environ 70-80ans. C'est planté "à l'ancienne" en 10000 pieds/ha avec 2/3 de gamay dont quelques teinturiers parce qu'il fallait bien donner un peu de couleur au vin, quelques chasselas pour avoir du raisin de table et les 5 rangées les plus à gauche ce sont les hybrides. C'était l'assurance climatique. Même les années de gel ou les années où on n'avait pas le temps de s'occuper de la vigne ça donnait un bon rendement". La plupart sont en franc de pied, mais pas toutes, c'est pas évident de savoir exactement. En blanc ce sont des pieds qu'Yvan vient de remplacer. "Juste devant nous on est directement dans le caillou, l'arkose (roche diétritique issue du granit riche elle aussi en quartz et feldspath), la sécheresse de 2019 a eu raison de pas mal de pieds, au fond c'est plus argileux en surface, ça a moins souffert." Yvan fait quand même un labour, "on peut s'en passer à certains endroits mais ici c'est compliqué". Ce qui est replanté est greffé. En 2023 il sort 80hL/ha et un seul traitement. 

 

Voici ce qu'on peut lire du plantet sur les cépages.fr : "Cépage plantet ou 5455 Seibel aurait été obtenu par André Seibel au début du 20e siècle par un croisement de 4461 Seibel et d’un vitis berlandieri. Un seul clone agréé, le 1330. Avant 1960 il était le second HPD (hybride producteur direct - non greffé) le plus planté derrière le chancellor. Un cépage qui donne de gros rendements, riche en couleur, faible en tannins, avec une bonne acidité, aux arômes foxés."

 

Il y a une seconde petite parcelle comme celle-là avec du plantet et quelques pieds de chambourcin et de rayon d'or. Les nouveaux plants ne sont pas si difficiles que ça à trouver, les plantet proviennent de chez un papy en Haute-Savoie. "En cherchant et en discutant avec les collègues on trouve pas mal de variétés aujourd'hui".

 

A l'avenir Yvan a prévu de planter entre 0,5 et 1ha d'hybrides sur Authezat, avec peut-être 5-6 cépages différents afin de pouvoir faire des tests. Le but n'est pas forcément de passer tout le domaine en hybride. Mais un petit pourcentage, c'est un gain de temps, d'énergie, l'assurance que tu vas récolter, un gain financier donc, qui te permet de mieux t'occuper du reste. Ca permet de garder un prix de vente abordable sur la gamme. Ca permet aussi d'échanger les résultats avec les collègues, c'est comme ça qu'on pourra avancer.

 

 

Quid de la qualité des hybrides ?

Si tout le monde s'accorde sur les avantages écologiques et économiques des hybrides, le grand débat réside sur leur niveau qualitatif. D'après Yvan la mauvaise réputation des cépages résistants vient du fait qu'à l'époque on ne savait pas vinifier. "Va goûter les hybrides de Vin Nu dans la Creuse, ou ceux de Francis Rousset-Coteaux des Girondales en Haute-Savoie, notamment son Divico, un rouge originaire de Suisse et tu verras qu'il y a des vins excellents". Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd... Il faut bien avouer qu'on ne leur a jamais laissé leur chance : lorsque la bonne variété sera plantée sur le bon terroir avec des rendements relativement limités et des vinifs de qualité, nous verrons alors ce qu'il en est vraiment...

 

Le Plantet 2023 sur cuve : (vinifié en rosé, goûté sur une cuve qui a fini de fermenter, elle sera assemblée avec une cuve en fermentation, le tout mis en bouteille à 15gr de SR restant pour finir la fermentation et faire un pét' nat' rosé, la cuvée 5455) Couleur rose-framboise, nez fruité, framboise, fraise, assez classique au sens où il n'y a rien de très différent d'une vitis vinifera, absolument rien de foxé. Idem en bouche, c'est très bon, très fruité, pas trop d'alcool, une bonne fraîcheur dans le fond, très bon et très gourmand, on pourrait presque l'embouteiller comme ça. 

 

 

Alors est-ce que les hybrides sont l'avenir du vin ? Je dois avouer que je n'en sais rien du tout, mais plus je m'intéresse au sujet et plus je trouve que les partisans de ces cépages résistants ont d'excellents arguments.

 

 

Un grand merci à Yvan pour le temps accordé et pour toutes ces discussions. Ici, le bio c'est un état d'esprit et une façon de vivre au quotidien. D'ailleurs il paraît que l'on parle de plus en plus de l'irrigation dans les Côtes d'Auvergne ! Quel scandale ! Encore une raison de plus de mettre en avant les hybrides qui eux n'ont pas besoin d'autant d'eau...

 

14 octobre 2023

Soirée Vins du Portugal (13/10)

Soirée Vins du Portugal - Les trésors enfouis

carte portugal

 

Quelques chiffres

Surface : 195 000 hectares plantés en 2020 (230 000 en 2012). 9e puis 10e Mondial, en baisse. = 2,7% du monde.

50% caves coopé. Mais aussi énormément de viticulteurs avec moins d’1 ha. Moyenne nat. autour d’1 ha.

Cépages : Environ 300 cépages.  Dans l’ordre : tempranillo ou aragonez, touriga franca, castelao, fernao pires ou maria gomes, touriga nacional, trincadeira, baga, siria, arinto, syrah, loureiro.

Rendement moyen : 33 HL/ha, un des plus faibles du monde

Répartition : 70% rouge pour 30% blanc. Le blanc est encore plus en baisse.

31 DOC, 14 Vinho regional (ou IGP), et vinho (Vin de Table)

Export 35% (le Porto 64%). 10e mondial. Destinataires : France, Angola, Royaume-Uni, Etats Unis, Belgique-Allemagne.

Portugal = 70% du liège mondial

 

Comme souvent sur le bassin méditerranéen, nous voyons que la production est en baisse, car moins de consommation, travail des vignes très difficile, qui rapporte peu. Beaucoup de vignes sont à l'abandon, certaines sont arrachées au profit d'agricultures qui rapportent plus : oliviers et depuis peu amandiers dans le sud du pays.

 

 

Les principales régions

Vinho Verde : au Nord du Portugal, sous la Galice, le Vinho Verde bénéficie d'une forte pluviométrie et d'un climat frais par rapport au reste du Pays. Idéal pour produire des blancs frais, pas forcément pétillants, il y a aussi d'excellents vinho verde. Les sols sont granitiques et schisteux. La vigne est parfois plantée en pergola, on y trouve aussi quelques vignes grimpantes. Les cépages : le très fruité alvarinho, les plus secs loureiro et arinto. Quelques rouges légers également.

vinho verde

 

 

Le Douro : région du Porto, mais pas que ! Sur les pentes en terrasse, le long du fleuve, l'ensoleillement est bien plus marqué que dans le vinho verde, avec une pluviométrie de plus en plus faible lorsque l'on rentre dans les terres. En allant vers l'est on trouve des Douro rouges non mutés souvent puissants. Au Nord du fleuve par exemple, de nombreux Douro blancs très frais montrent qu'il s'agit en fait d'une région variée. Sols de schistes et granits, cépages très variés.

douro

 

 

Dao et Bairrada : régions centrales du Portugal, au climat relativement frais, car atlantique sur Bairrada où l'on produit aussi bien des blancs, des rouges que des bulles. A Dao c'est surtout l'altitude qui apporte de la fraîcheur, notamment vers la Serra de Estrela (Montagne de l'Etoile) qui culmine à 1993m. L'amplitude thermique entre le jour et la nuit permet une bonne maturité tout en préservant de belles acidités. Beaucoup de granit. Cépages variés, citons tout de même le bical en blanc et le baga en rouge.

serra de estrela

 

 

Lisbonne et Setubal : la région bénéficie d'un climat atlantique qui permet de produire des vins relativement frais. Les petites appellations Colares (rouges avec du ramisco et quelques blancs avec de la malvoisie), Bucelas (en blanc, arinto) ou Carcavelos (VDN blancs) sont des pépites en voie d'extinction. De très jolis blancs sont aussi produits à Setubal avec entre autre le Galego Dourado.

lisbonne

 

 

Alentejo : région du sud, très sèche et très solaire, où il faut absolument chercher les quelques massifs pour trouver un peu de fraîcheur. Cépages autochtones variés comme souvent.

alentejo

 

 

Madère et Les Açores : deux archipels très intéressants, au milieu de l'Atlantique, produisant surtout des VDN à Madère (et quelques ovnis..) et plutôt des vins blancs volcaniques sur les Açores.

madere et acores

 

 

 

La dégustation - Les trésors enfouis de Portugal

Plutôt que de choisir des vins représentatifs du Portugal, ou des bons rapports qualité/prix (certes très nombreux), la dégustation mettait l'accent sur le patrimoine exceptionnel de vieux cépages, de vieilles vignes et de beaux terroirs malheureusement en voie d'extinction, qui fait à mon sens tout l'attrait du pays. Ce sont donc des cuvées rares, plutôt haut de gamme, qui nous prouvent que le potentiel est là pour faire de grands vins, à condition de s'en donner les moyens bien sûr.

 

 

 

Les Blancs

1 Marcio Lopes, Vinho verde Pequenos rebentos Selvagem 2020 : (Winemaker qui a débuté en 2010, se considérant plutôt comme un explorateur à la recherche des cépages et terroirs oubliés du nord du Portugal et de la Galice. Cépage 100% azal, vigne sauvage qui grimpe le long des arbres, plantée en 1932 à Amarante proche de la rivière Tamega. Sols de granit. Egrappé, fermenté 30jours en amphore puis élevé 9mois en fûts non neufs avec les lies)  Couleur à peine orangée, nez d'agrumes, un peu de cire, puis des notes de melon qui font penser à une légère macération. La bouche est vive, toute en fraîcheur, basse en alcool (12%), très digeste, fruitée, acidulée, ça manque juste un peu de corps. La longueur est moyenne, mais le côté frais, salivant avec quelques amers donne envie d'y retourner.

 

2 Companhia dos profetas e dos Villoes, Porto Santo Listrao dos Profetas 2021 : (Tout nouveau domaine du winemaker Antonio Maçanita et du restaurateur Nuno Faria qui viennent de redécouvrir les vins de l'île de Porto Santo, petite île au nord-est de Madère. Cépage 100% listrao ou palomino fino. Vignes de 80ans sur calcaires limons et sables. Elevage 10mois fûts non neufs) Couleur or pâle, nez qui s'ouvre sur une petite réduction grillée sur lies, puis des notes citronnées, des agrumes, une imperssion d'embruns marins aussi. La bouche est très énergique, avec beaucoup de tension, donnant une impression de salinité, légère en alcool mais sans manque de volume, la finale très longue le pousse très loin. Superbe.

vigne porto santo

 

 

3 Antonio Maçanita, Douro As Olgas Letra F 2019 : (Winemaker sur plusieurs régions du Portugal, Antonio Maçanita a commencé dans les années 2000 ayant toujours pour but de mettre en avant les grands terroirs oubliés du pays, à l'instar de Telmo Rodriguez ou Raul Perez en Espagne. Ici vignes de 90-110ans avec une quinzine de cépages complantés à Carlao 440m d'altitude, sur granit, 20kms au nord du fleuve. Fermentations à froid, élevage 12mois barriques "neutres". Vignoble classé F en 1932 dans la notation Moreira da Fonseca car pas assez chaud, inadapté pour du porto et par conséquent oublié) Couleur dorée, nez très expressif, beurré, brioché, fruits jaunes, déjà évolué, un côté champagne blanc de blancs sans les bulles. Idem en bouche c'est gras, beurré, brioché, déjà prêt à boire, plutôt sur l'opulence, mais le taux d'alcool moyen (13%) et l'acidité élevée lui permettent de rester équilibré. Très belle longueur. Joli vin, taillé pour la table. 

 

4 Wine & Soul, Douro Guru 2016 : (Cépages viosinho, rabigato, codega, gouveio) Couleur or pâle, nez fruité, agrumes, buis, rappelle un sauvignon, très marqué par le viosinho donc, encore jeune. La bouche rappelle un peu Sancerre aussi, très minérale, fruitée, jeune, énergique, légère en alcool, pas construite sur le volume, mais une belle tension, c'est long et salivant. Très joli aussi, dans un style très différent du précédent. Merci Bertrand ! 

 

5 Antonio Madeira, Dao vinhas velhas 2019 : malheureusement une bouteille avec un défaut, dommage pour cet excellent petit producteur qu'on regoûtera un jour...

 

 

 

Les rouges

6 Azores Wine Company, A proibida 2018 : (Vignes sur les sols volcaniques de l'île de Pico. Cépage Isabella donc un cépage hybride (HPD) interdit, issu du croisement d'une vitis labrusca et de petit meslier, naturellement résistant au phylloxéra, à l'oïdium...) Couleur étonnamment claire pour un cépage hybride, un nez exubérant, très bonbon à la fraise, un peu chimique, quelques notes végétales, le côté animal de l'anthranylate de méthyle des hybrides n'est pas trop marqué. On sent que c'est "soft" pour un hybride ! La bouche est exubérante aussi, fruitée bonbon et végétale, seulement 11% d'alcool, c'est donc frais, mais l'aromatique peut quand même vite écoeurer. Un vin qui était surtout là pour évoquer le sujet bouillonnant des hybrides et qui en ce sens à rempli son rôle.

 

7 Adega Regional de Colares, Colares Arenae ramisco 2014 : (Appellation qui jadis faisait 1800ha, tombée aujourd'hui à 15ha sous l'effet de la pression immobilière. Cépage 100% ramisco. Vignes franc de pied dans du sable à moins d'1km de l'océan. Elevage long en foudres de bois exotiques puis en fût et en bouteille. 50% grappe entière) Couleur rubis, le nez évoque un nebbiolo, sur la fraise, la cerise, un côté cuir, goudron. La bouche est légère en alcool, fruitée, fraîche, avec une belle acidité, en longueur, avec des tannins qui donnent de l'allonge. Très élégant.

vigne colares

 

 

8 Viuva Gomes, Colares reserva 1969 : (emb en 1973, reconditionné en 2000. 100% ramisco. 100% grappe entière. Fermenté en cuve bois puis élevage en fûts d'acajou et de châtaignier) Couleur claire et tuilée, nez très tertiaire, sous-bois, humus, café, fumé, champignon, kirsch... La bouche est encore en forme avec une belle acidité, du corps, surtout pour un vin à 11,5% d'alcool, des tannins encore présents peut-être un peu secs pour chipoter, bien sûr plus sur le tertiaire que sur le fruit frais, mais avec beaucoup de charme.

 

9 Fitapreta, Alentejo Os Paulistas Chao dos Eremitas 2019 : (Cépages tinta carvalha, castelao, moreto, alfrocheiro, trincadeira. Vignes de 1970 sur granit et sable, dans le massif de Serra d'Ossa 260m d'altitude. 30% grappe entière. Elevage 18mois fûts de chêne non neufs. Deuxième millésime de cette cuvée) Couleur rubis foncé, nez très fruité, cerise un peu sucrée, très floral aussi, gourmand. La bouche confirme, c'est rond, gourmand, beaucoup de fruit, alcool modéré (13,5%) surtout pour l'Alentejo, ça reste digeste, tannins soyeux avec une belle texture travaillée sans être marquée par le bois. Manque juste un peu d'allonge si on compare au suivant.

 

10 Quinta da Pellada, Dao Muleta 2017 : (Domaine familial de 60ha aujourd'hui sur 3 lieux. Ici vignes centenaires sur la Serra de Estrela à 450m d'altitude sur granit. Cépages jaen, baga, touriga nacional, bastardo, alfrocheiro etc… Elevage fûts non neufs) Couleur grenat, nez très élégant de cerise noir, de goudron, de pin, balsamique, de ronce... La bouche est à la fois fruitée, floral, avec un végétal noble, quelques épices, un côté graphite marqué, surtout une finale portée très loin par une belle acidité, et des tannins présents mais fins dignes des plus beaux barolos. La longueur est impressionnante. L'équilibre puissance/fraîcheur aussi. C'est déjà bon et avec un gros potentiel de garde aussi. On termine en beauté.

 

 

Les vins mutés

11 Andresen, Porto blanc 40ans (50cl, codega, rabigato, arinto, malvasia. Muté à 77°) Couleur ambre clair, nez assez proche du Madère qui suivra, sur le café, la noisette, l'amande, la datte, fruits secs, encaustique. La bouche est parfaitement équilibrée, avec une attaque sucrée et une finale plus sèche, puissant, intense, long. La preuve qu'il peut y avoir de grands portos blancs. Merci Michel !

 

12 D'Oliveiras, Madère verdelho 1986-2016 : (cépage verdelho donc demi-sec. Muté à 96°. Chauffage en canteiro puis élevage en "pipas" demi-muids avec une part des anges qui stagne autour des 10%) Couleur acajou, nez encore plus marqué café, noix, toffee, cannelle, sucre brun... La bouche est comme souvent incroyable de puissance, d'intensité, combiné à une acidité très élevée (bien plus que sur le porto blanc) et une finale d'une longueur stratosphérique, avec une impression de salinité. Le tour de force est de réussir à rester très digeste, faire saliver, avec la même buvabilité qu'un riesling.

listrao dos profetas

colares

 

 

Au final, une dégustation de très haut niveau. Tout le monde est pleinement convaincu par le niveau global des vins, avec une forte impression des vins blancs secs notamment. Je dois bien avouer qu'en travaillant sur les vins portugais depuis plusieurs mois maintenant, je ne m'attendais pas à tomber sur des vins aussi frais et aussi variés. Plein d'autres pépites n'ont malheureusement pas pu être retenues pour cette soirée. Le patrimoine de vieilles vignes et de grands terroirs semble ici sans limites. Nul doute qu'il faudra aller explorer chaque région encore plus en détail à l'avenir.

Merci à tous les participants de cette belle soirée, qui en appellera forcément d'autres.

 

8 octobre 2023

Soirées Monts (29/09 et 06/10)

1 Taille aux loups, Montlouis-sur-Loire Clos Michet 2019 : couleur or, nez brioché, légère touche vanillée, pomme au four, fruits jaunes presque exotiques avec l’aération. Bouche avec un léger gras à l’attaque, belle acidité qui étire le vin très loin. Finale longue et salivante. Un classique, toujours très bon pour commencer.

 

2 Bachelet-Monnot, Puligny-Montrachet 2020 : couleur or pâle, nez plutôt sur un élevage grillé encore un peu marqué, notes florales et fruitées. Bouche plutôt sur la tension, léger grillé, minérale, peu de gras, assez longue, salivante. Joli vin, encore un peu jeune dans l’idéal.

 

3 Les Bruyères David Reynaud, Crozes-Hermitage Beaumont 2021 : Couleur sombre, nez très typé syrah, violette, poivre, lard… Bouche toute en finesse, légère, tannins souples, ça glisse tout seul, beaucoup de plaisir en l’état.

 

4 Castello Tricerchi, Brunello di Montalcino 2018 : Couleur rubis claire, nez plein de fruits rouges, pivoine, beaucoup pensent pinot noir, puis cinsault, en se réchauffant quelques épices, tomates séchées. La bouche est très fine, pure, fruitée, avec une belle acidité, tout en élégance. Très joli piège !

 

mont damné dagueneau

 

5 Abbatucci, Monte Bianco Vin de France 2019 : (100% sciaccarellu) Couleur très claire là aussi, nez de fruits rouges un peu plus sucrés, badiane. Bouche plus puissante que le précédent, un peu plus d’alcool et de sucrosité, mais aussi plus de volume, plus intense, plus sudiste, tannins très fins là aussi, grosse longueur. Tout le monde est séduit, une fois de plus lorsque ce cépage est bien travaillé.

 

6 Arnaud Lambert, Saumur-Champigny Montée des Roches 2020 : pour le St-Nectaire on revient à un vin plus sombre en couleur, mais plus frais, avec des notes de cassis, un peu de poivron au nez. La bouche est finalement assez mûre et fine, avec des tannins soyeux, une finale qui reste fraîche, ça semble déjà prêt à boire. Il réussit finalement très bien à passer derrière le Monte Bianco, ce qui n’allait pas de soi.

 

7 Dagueneau, Sancerre Le Mont damné 2014 : la seule déception de la soirée, un nez très marqué H2S (sulfure d’hydrogène) avec un mélange de pierre à fusil/pétrole/œuf pas très agréable, derrière des notes de buis bien marqués, avec l’aération léger fruit exotique mais qui reste timide. C’est mieux en bouche, avec une bonne minéralité, un côté salivant en finale et de la longueur. Mais on en attendait un peu plus.

 

8 L’Ancienne Cure, Monbazillac Jour de fruit 2021 : couleur dorée, nez sur les fruits exotiques, l’ananas, le miel, assez fin et frais, beaucoup pensent plutôt à du manseng. La bouche est fraîche, pas trop sucrée, acidulée, très ananas, loin du stéréotype vin lourd de Monbazillac. La dégustation à l’aveugle a encore frappé. Très joli pour finir.

 

29 septembre 2023

Visite chez Jean Maupertuis à St Georges s/ Allier

 

Visite chez Jean Maupertuis à St Georges s/ Allier

 

Jean Maupertuis fait partie des historiques de la région, c'est la valeur sûre en nature, les vins sont toujours propres, frais, digestes, faciles à boire, et ils sont restés très raisonnables en prix malgré leur succès.

 

La visite des vignes fut un peu rapide faute de temps... mais on peut trouver un excellent reportage ici par exemple : https://www.wineterroirs.com/2010/11/jean_maupertuis.html

 

 

vignes st georges

 

 

Jean s'est installé en Auvergne vers 1995/1996. Il a fait partie de 1999 à 2006? du domaine de Peyra, devenu légendaire dans le monde du nature, avec Stéphane Majeune (aujourd'hui restaurateur à Sens) et Eric Garnier.

 

Il possède environ 5,5ha : un peu plus de 2ha à côté du domaine et environ 3ha à Madargue (moitié pinot, moitié gamay). Approchant la soixantaine, Jean et sa compagne veulent peu à peu diminuer la surface à Madargue pour se concentrer sur les vignes de St Georges.

 

Madargue c'est très solaire. En 2023 ça a été compliqué, comme au sud à Boudes, le secteur "central" s'en est mieux sorti. Les 5 crus, comme souvent, ce sont les endroits historiques où le raisin murissait, des coteaux plein sud en général. Aujourd'hui ce ne sont plus forcément les meilleurs endroits. Un pinot de Madargue est mûr 3 semaines avant un vieux gamay de St Georges. Et encore, il aura moins d'acidité. Les vieux gamays d'Auvergne reviennent fort, ils sont bien adaptés au réchauffement.

 

Sur Madargue, Jean possède une vigne de 1927, en pleine forme, aux rendements minuscules par contre. Il possède aussi des vignes des années 1990 taillées en lyre, à 3000pieds/ha ! "Tous ceux qui sont mécanisés n'en voulaient pas ! Tant mieux ". Ce sont les rares vignes en lyre avec celles de L'Arbre Blanc à Saint-Sandoux. Sur Madargue, Il y a des pinots, des gamays d'Auvergne mais aussi pas mal de gamays Beaujolais.

 

Ici il y a principalement des vignes de 70-80ans, Jean possède une parcelle de chaque côté du village de St Georges. Ce sont souvent des vieux gamays d'Auvergne, mais c'est complanté avec beaucoup de choses : des teinturiers, du mirefleurien, du chasselas...

 

 

 

Tous les 2023 sont goûtés sur cuve inox. Jean fait désormais les fermentations et macérations en cuves béton voire cuves fibre puis les élevage en inox. Peut-être qu'une cuvée ira en fût par la suite, mais c'est rare. Tous les rouges sont grappe entières, en semi-carbo, "à la beaujolaise". Très peu d'extraction chez Jean. Les malo sont finies depuis un bon moment, désormais elles se finissent toujours avant les fermentations alcooliques. Depuis longtemps il n'y a aucun intrant, et pas du tout de sulfites, même à la mise.

 

Lave Grise rosé 2023 : (principalement des gamays, sur lave grise, assez proche de la pouzzolane. Fait les années où il y a assez de jus comme 2022 ou 2023, sinon ça rentre dans le Pink bulles) Rosé très clair, juste pressé, proche d'un blanc de noirs, sur la vivacité, un peu vineux, frais.

 

Puy Long chardonnay 2023 : (à Gimeaux, au nord de Riom, sur granit et calcaire) chardo travaillé sur la vivacité, simple mais plutôt réussi, même si en 2023 bien sûr il ne faut pas attendre beaucoup de tension.

 

Pierre Noire 2023 : (en bas du village, base d'argile avec débris basaltiques, vieux gamays et quelques cépages complantés) Pas mal de couleur en 2023, joli fruité plutôt sur des fruits noirs, la bouche a gardé une belle acidité, c'est frais, digeste, facile à boire, assez long quand même, déjà très joli.

 

La Plage 2023 : (gamays de Madargue, sur sables. Cuvée créée en 2011) c'est plus mûr, tannins souples là aussi, facile à boire, un peu de réduction à ce stade.

 

Neyrou 2023 : (Neyrou = ancien nom du pinot noir. A Madargue. Cuvée créée en 2011 aussi. Très pentu, plein sud) pinot coloré, mûr en 2023, la bouche a quand même gardé de l'acidité, tannins encore un peu serrés. Quelques épices. C'est bon, mais à ce stade ça ne pinote pas vraiment.

 

 

En bouteille

La Plage 2022 : un peu de gaz et de réduction, dans une phase compliqué avec le froid, pas le meilleur moment pour lui.

 

Pierres Noires 2022 : ouvert de la veille, ça n'a pas bien tenu. Il faut les finir le jour de l'ouverture.

 

Neyrou-Plage 2019 : (assemblage des deux en 2019 comme en 2021 faute de volume) Gamay avec un début d'évolution au nez, un côté cacao, très gourmand, la bouche combine largeur, maturité sur ce millésime, à une belle acidité, ça reste frais et digeste. Quelques années de bouteille lui ont fait du bien. Excellent.

 

Pink Bulles 2021 : (pét nat' légèrement rosé de gamay. Autrefois avec pas mal de sucre, désormais sec. "Ca correspond plus à notre goût d'aujourd'hui, c'est plus digeste comme ça. Auparavant quand les vins étaient très acides un peu de sucre ça faisait du bien mais ce n'est plus le cas aujourd'hui... Sauf 2021 bien sûr, c'était un peu raide quand c'est sorti, deux ans après c'est parfait. Il faut le dire aussi, c'est plus facile à gérer les pet' nat' sans sucres". Mise en bouteille en cours de fermentation lorsqu'il reste environ 25gr de SR. Ca finit de travailler 3 mois. On tape sur un pneu pour envoyer les lies et les dépots tartriques contre le bouchon et on met sur pointe 3 mois supplémentaires avant dégorgement. On fait le plein sans dosage.") Une bulle qui a perdu un peu de couleur, à peine saumonée aujourd'hui, vive, fraîche, le temps en bouteille a arrondi un peu les angles, seulement 11° d'alcool cette année, contre 12 d'habitude, ça glisse tout seul, redoutable !

 

 

Un grand merci à Jean et Magalie pour le temps accordé et toutes les anecdotes autour du tonneau. Pour eux, le vin c'est ça avant tout !

 

29 septembre 2023

Visite au domaine Simon Bousquet à Corent

 

Simon Bousquet fait partie de cette nouvelle génération de jeunes vignerons tout fraîchement installés en Auvergne (avec Bastien Migeon 2022, Terres Bariolées 2022, L'eau qui dort-Coteau libre 2022, Chlo d'Auzit 2022, Lapilli 2023, L'Arbre blanc 2.0 2023, Elementaires 2023, V. Legrand, V. Vidil...). 

 

 

 Lorsque l'on côtoie beaucoup la Bourgogne, la Champagne, le Bordelais... on ne se rend pas toujours compte de ce que signifie "s'installer" pour un jeune vigneron qui débute sans hériter du domaine familial. Ici, on y est pleinement confronté : le végétal n'est pas toujours parfait, le chai pas adéquat, l'équipe de vendangeurs pas assez nombreuse pour rentrer la vendange rapidement, il faut se débrouiller pour louer ou se faire prêter du matériel, faire avec des produits, des bouchons, du verre, des cartons, etc... à prix raisonnable et bien sûr travailler à côté pour vivre. Enfin, faire comprendre qu'il faudra bien vendre les bouteilles un certain prix pour rembourser l'emprunt initial... ll faut tirer un grand coup de chapeau à tous ces vignerons courageux, qui acceptent de tâtonner, de faire au mieux avec les moyens du bord, d'être toujours dans le provisoire, en attendant d'avoir les moyens de trouver mieux.

 

 

Après un BTS viti-oeno de 2016 à 2018 et plusieurs stages (notamment au domaine des Trouillères), Simon a repris des vignes en Mars 2022 : 2,18ha sur la face sud de Corent. 4 petites parcelles proches les unes des autres, 2 en chardonnay et 2 en gamay, plantées en 2,50 * 0,90m. Ici, les sols sont argilo-calcaires, avec un peu de basalte sur la parcelle de chardonnay la plus haute sur le coteau (550m d'altitude). En parallèle, il est employé à la vigne chez Henri Chauvet.

coteau sud corent

 

 

 Le problème c'est que sur les 4 parcelles, 2 sont bonnes à arracher ! Il reste plutôt l'équivalent d'1,18ha en fait ! Les vignes appartenaient à un coopérateur qui vendait à St Verny et qui travaillait n'importe comment : les sols n'ont jamais été travaillés, ça a toujours vu le glyphosate, les vignes ont été mal greffées et surtout sur des porte-greffes mal adaptés, la taille également était très imprécise. Il y a pas mal de manquants aussi. Et énormément de pieds touchés par l'esca. Le problème c'est que la vigne est devenue faignante, elle trouvait tout ce dont elle avait besoin en surface. Par endroits on peut sûrement rattraper, à d'autres il faudra arracher. Mais on ne peut pas changer complètement de viticulture du jour au lendemain, il faut quelques années de transition, sinon la vigne ne le supportera pas.

 

 

Pourquoi donc rester ici ? "Déjà, il n'y avait que ça de disponible !" Mais, ce terroir a un beau potentiel. Il a l'avantage d'être entre deux couloirs de grêle, "ça ne tombe jamais ici. Le gel ne reste pas trop aussi. L'inconvénient par contre, c'est que c'est très solaire, le gamay tient bien, le chardonnay c'est plus compliqué si tu recherches des vins sur la fraîcheur". "En 2022 je m'en sors avec presque 30hL, en 2023 avec 30-35 hL avec une qualité plutôt bonne après tri". Il y a un projet de plantation sur Plauzat, en face de l'autre côté de l'autoroute (" c'est basaltique juste en face, et de l'autre côté plutôt argilo-calcaire avec une influence plus forte du Sancy ")

 

 

chardo du bas

La parcelle de chardonnay "du bas", en mauvais état.

 

 

chardo du haut

La parcelle de chardo "du haut", en bien meilleur état. Un peu de basalte ici, mais surtout une veine d'eau qui lui a permis de mieux survivre. Les sols sont très différents ici, le résultat aussi, beaucoup plus de fraîcheur. Le petit coin en bas à droite pourrait être replanté en plus. Peut-être en chardo, peut-être en gamay d'Auvergne, mais sur des porte-greffes vigoureux, du fercal ou du SO4. "Sinon le melon, ça me tenterait bien, j'adore ce cépage" !

 

 

En attendant, les sols sont travaillés/enherbés un rang sur deux. Vu le peu de surface, tout est taillé tard, en mars, ça limite l'esca ici. Pour nourrir les sols progressivement, sont ajoutés de la plume, de l'herbe à cochon, potasse, phosphore, surtout oligo-éléments, "il en manque beaucoup". L'idée c'est aussi de renforcer la plante. Dans quelques années on pourra aller plus loin, surtout avec l'aide de Mikaël Hyvert, le taulier du coin pour tout ce qui est travail à la vigne. En 2023, 6 traitements cuivre/soufre ont été passés, en demi-dose. Tout est bio désormais. La conversion sera demandée dès que le domaine sera bien installé.

 

 

A la cave !

 

Simon a trouvé une cave vigneronne dans le village en 2023. Parfaite au niveau température, son inconvénient c'est qu'elle n'est pas accessible pour les camions. Là aussi, c'est du provisoire. Les 2022 ont été pressés en partie au domaine des Trouillères, puis vinifiés à Aulnat dans un entrepôt. L'inconvénient c'est qu'il était loin. L'avantage c'est qu'on pouvait tout faire en gravité, tout a été fait avec des gaz neutres, rien n'a eu besoin d'être sulfité en 2022. Tout a été élevé en cuves. Une partie de la récolte avait été vendue faute de place pour tout garder. En 2023, tout est fait ici à Corent, le travail est toujours en levures indigènes, pas de collage ni de filtration, une seule cuve a eu besoin de SO2. Simon essaye au maximum de travailler sans sulfites, mais ne s'interdit pas d'en mettre si vraiment nécessaire. Tous les vins sortent en Vin de France, au moins pour le moment, "on verra par la suite". L'agrément est payant et pas toujours simple pour les vins non filtrés malheureusement

pressoir

Le pressoir à l'ancienne, vraiment très pratique pour des pressurages doux et lents, si on n'a pas de gros volumes bien sûr...

 

cuves fibres

 

 

Les 2023 en cuves fibres pour le moment. Peut-être qu'une cuvée verra la barrique... Attention, si le matériel semble "sommaire", Simon fait d'autant plus attention à l'hygiène, à la rigueur. Tout est extrêmement précis. Toutes les FA sont terminées, il reste quelques malos à finir sur certaines cuves. Les analyses sont envoyées dans le Beaujolais. "Il n'existe pas de labo en Auvergne, juste une sorte de bus pendant les vendanges. On envoie tout dans le Beaujolais, certains à Montpellier. C'est sérieux. Tu as les résultats le soir-même. Indispensable pour moi pendant les fermentations. Par contre on est à 40€ l'analyse..."

 

 

2023 Koumi blanc chardo du haut + un peu de gamay (pour lui donner du peps) Parcelles Le Clos, La Bigade, La Couleyre. Argilo-calcaire et limon-sableux : Pour un 2023 c'est très frais, le gamay a bien marqué, on tire vraiment sur le blanc de noirs, précis et tendu, avec une finale sur des amers nobles, très joli.

 

2023 Stella chardo du bas 2semaines et demi de macération (en vraie carbo) Parcelle La Bigade argilo-calcaire : pas d'autres choix que la macération pour donner du peps, enlever de l'alcool avec la grappe entière. Le nez est superbe, très pêche, même ananas, fruits exotiques, ça attaque bien en bouche, ça finit par contre un peu court, manquant un poil de relance. Mais c'est bon. Surtout pas pataud pour un 2023. On verra plus tard si les deux seront assemblés ou non.

 

2023 Elohim : (Dieu multiple en hébreu, 80% gamay en grappe entière + 20% chardonnay ajoutés en pleine fermentation semi-carbonique. Parcelles Le Clos, La Bigade, La Couleyre) donne un vin clair, plein de fruits, tannins souples, frais, facile à boire, je trouve qu'il pinote un peu, petits fruits rouges acidulés, groseille, framboise, on a déjà envie de le mettre en bouteille !

 

2023 Haceldama : (=champ du sang, à cause des herbes coupantes sur la parcelle. La petite parcelle de gamay, 2 semaines de semi-carbo, grappe entière donc. Parcelle Les Bourdelles colluvions basaltiques et argiles) plus coloré, attaque sur un fruit plus noir et plus confituré, mais la finale reprend de l'acidité et de la fraîcheur. Ca manque juste un peu de longueur, mais là aussi c'est bon, dans un style plus gourmand. C'est ce que veut Simon, faire des vins frais, digestes.

 

2023 Viligate : (30% gamay + 70% pinot noir achetés à Mikaël Hyvert sur Corent sud aussi. Travaillé de plusieurs façons en millefeuilles. Parcelle La Couleyre) Belle aromatique qui pinote bien, plus de volume, acidité élevée, par contre les tannins sont serrés. C'est lui qui verra probablement la barrique (12 mois en effet).

 

2023 Cyrene : (grande parcelle de gamay, en semi-carbo, mais a patiné, c'est lui qui a été sulfité à 20mg pour l'instant. Parcelle Les Bourdelles colluvions basaltiques et argiles) "Lui c'est l'enfant rebelle, on ne sait pas trop ce qu'il nous fait", très changeant en plus. Ce jour-là en effet, il y a beaucoup de volatile, très compliqué. On verra dans quelques mois...

 

 

En bouteille

Koumi blanc 2022 : on ouvre 2 bouteilles différentes, la première est très exotique au nez mais présente une bouche étrange un peu diluée. La seconde présente un nez plus frais, plus réducteur, différent, la bouche ne semble pas dans son meilleur jour. "Rien à voir avec le mois dernier".

 

Héloïm 2022 : même recette que 2023, gamay avec 20% de chardo, clair en couleur, léger, aérien, petits fruits rouges, avec l'ouverture il part sur des notes de thé noir, de zan. Il est léger, tendu, mais avec un vrai fond. Un vin d'esthète. Réussir ça dès le premier millésime, chapeau !

 

Haceldama 2022 : (il y avait une cuve à 12,5° et une à 14° qui ont été assemblés à la fin) gamay un peu plus mûr, joli nez cerise, mûre. La bouche attaque ronde, gourmande, fruits un peu sucrés, puis se retend par la suite, avec des tannins un peu plus marqués que dans le précédent, même si on garde un style plutôt fin et frais.

haceldama

 

 

Un grand merci à Simon pour le temps passé dans les vignes et à la cave. Bravo pour son courage et son abnégation : bien sûr que tout n'est pas parfait ici, mais quand on voit tout ce qui est relaté plus haut, il faut un sacré talent pour sortir de tels jus sur ses 2 premiers millésimes. Rendez-vous est pris pour l'avenir !

 

 


Malheureusement, face aux difficultés d'être vigneron en 2025, de cumuler plusieurs emplois, au gel et au mildiou de 2024, etc... l'aventure s'arrête là pour Simon. Le peu de 2024 a été vendangé par Henri Chauvet. En 2025 les vignes seront reprises par Landry du domaine Elémentaires. Une situation qui nous invite une fois de plus à prendre conscience de l'ampleur de la tâche pour ces jeunes néo-vignerons, et à profiter pleinement des bouteilles que nous possédons. En espérant revoir Simon un jour dans une nouvelle aventure...
 

 

28 septembre 2023

Visite au domaine des Trouillères aux Martres de Veyre

 

A la retraite de Jean-Pierre Pradier en 2017, le domaine des Trouillères a été repris par Mikael et Camille Hyvert.

 

 

Ils sont tous les deux sur le domaine désormais + un employé à temps partiel, et une vingtaine pour les vendanges.

Les 5,5 hectares sont situés : en grande partie autour du domaine sur le Puy de Tobize, sur la face Nord de Corent, quelques ares sur la face sud de Corent, sur le "Chemin des Martres" à Veyre Monton.

(Pour rappel la face Nord de Corent est basaltique, l'Ouest très riche en pouzzolane, l'Est et le sud très argilo-calcaires)

 

 

- Sur Corent, gamay et pinot noir. Quelques vignes de gamay d'Auvergne datent de 1948, les autres de la fin des années 1980. Climat très frais sur Corent Nord, vendanges 1 semaine plus tard. Plus solaire sur Corent sud bien sûr.

corent face nord

  

 

- Autour du domaine, les sols sont très argileux, avec quelques veines calcaires. On parle parfois de "dépotoir" car il y a aussi un peu de granit etc... Cépages gamay, pinot noir et 1,24ha de chardonnay. Des gamays de Bouze viennent d'être replantés, cépage légèrement teinturier mais qui garde une bonne acidité pour un teinturier. Du gamay St Romain vient d'être planté aussi, ainsi que du pinot noir en 2017. Les autres vignes ont une trentaine d'années. Assez solaire ici.

vignes des trouilleres

  

 

- A Veyre-Monton la parcelle est très calcaire. Moitié pinot, moitié gamay. Exposition sud-est. Solaire.

 

 

 

Toutes les vignes sont plantées à 5500 pieds/ha, en 2m * 0,90m. Avant elles étaient taillées en Cordon, mais Jean-Pierre les a retaillées en guyot à la fin des années 1980. Mikael continue en guyot simple ou mixte, mais toujours avec un flux de sève de chaque côté.

 

Jean-Pierre a eu la bonne intuition de planter sur des porte-greffes vigoureux : 330EM pour les blancs, SO4, fercal..., Mikael a aussi mis des 1103 paulsen... Avant on mettait des porte-greffes faibles dans le basalte pour faire des petits rendements et des vigoureux dans l'argilo-calcaire pour faire des gros rendements. Mais avec le réchauffement climatique, la sécheresse, les sols calcaires...on se rend compte que les porte-greffes vigoureux sont mieux adaptés aujourd'hui.

 

 

Le travail à la vigne

Le domaine est cerfifié bio depuis 2009. Quelques essais de biodynamie sont en cours, notamment des préparations faites en collaboration avec Yvan Bernard avec qui Mikael échange le matériel, et les résultats.

Les sols sont enherbés 1 rang sur 2, travaillés 1 rang sur 2, pas trop souvent et juste en surface. Peu de travail sur le cavaillon car difficile d'accès avec les machines disponibles. Un peu de débrousailleuse, un peu de pioche si nécessaire. 

Une partie des vignes est tressée (les moins vigoureuses), le reste est rogné le plus tard possible.

Traitements le plus "légers" possibles, au soufre systématiquement contre l'oïdium, pas beaucoup de cuivre car pas beaucoup de mildiou en général (sauf 2023). En moyenne 800gr/ha en 4 fois environ (dons loin des 4kgs autorisés). Pas mal de prêle, d'osier et d'autres plantes pour renforcer la vigne.

 

 

 

2023 : très particulier ici, deux canicules : une en août et surtout une en septembre qui a tout accéléré très vite. La vigne a souffert du manque d'eau aussi, pourtant il y a eu plus de pluie ici que dans le sud des Côtes d'Auvergne. Les vendanges ont été avancées à la dernière minute. Les raisins étaient mûrs 30 jours après véraison. Vers le 10 septembre +0,5° d'alcool potentiel par jour. Il a fallu aller très vite puis bien trier. Certains raisins étaient à 15,5 potentiel ! Heureusement ils pourront être assemblés avec ceux de Corent Nord beaucoup plus bas. Bien sûr avec ces degrés potentiel et des pH élevés il faut être très vigilant aux bactéries, bretts..., d'autant plus en nature. Les vins sont bien plus colorés qu'en 2022, plus puissants, plus tanniques aussi, même s'il y a très peu d'extractions ici (pas de pigeage...). Mikael s'en sort tout de même avec environ 38hL/ha contre 40-45 en moyenne ces dernières années.

 

 

Vente : 30% d'export, surtout Japon, Scandinavie, Pays-Bas, Suisse, Etats-Unis. Encore que le Japon a beaucoup stocké, ça se calme un peu. C'est une volonté de ne pas faire plus, car il y a la demande sinon...

 

 

 

Les vins

amphores et jarres

Les amphores en grès vs les petites jarres en terre cuite qui respirent beaucoup plus (idéal pour les blancs de macération notamment)

 

cuves trouilleres

 

Pas de collage, ni de filtrage, depuis 2020 volonté de faire du 0 sulfites, mais dès qu'il sent qu'il sent qu'il peut y avoir des bactéries Mikael ne s'interdit pas de mettre entre 1 et 2 gr/hL en cours d'élevage si c'est vraiment nécessaire.

 

Annolium blanc 2023 sur cuves (70% chardo, 30% gamay travaillé en blanc pour donner du peps. Certaines années ça peut être du pinot aussi) Bon équilibre entre des chardo à 15,5 et des gamay à 11, fermentation alcoolique et malo sont déjà finies. Un blanc avec du gras à l'attaque, du volume, ça devient plus vineux en fin de bouche, sur l'amande, portée par des amers, pas spécialement chaleureux, ça a gardé une bonne acidité pour un blanc 2023.

 

Gamay Corent Nord 2023 sur cuve (11;5%, égrappé lui. Sera sûrement assemblé) très frais mais sans être maigre ni en sous-maturité, goûte un peu comme un pinot sur des petits fruits rouges, groseille, serre un peu en finale encore mais c'est joli.

 

Gamay des Trouillères 2023 sur amphore en grès : (13,8% Carbo. Entrera dans la cuvée Eruption. Eruption : gamays de Bouze et d'autres types de gamay proches du domaine) Coloré, un peu chaleureux, encore serré. Manque un peu d'acidité. A voir dans quelques mois.

 

Pinot Noir Larrivas-Corent Nord Bouche à Z'oreilles 2023 sur amphore en grès : (13%. En grappe entière - 2022 était égrappé) élevages avec peu de lies chez Mikael. Ici comme dans le précédent, c'est coloré, puissant, manque un peu de fraîcheur et un peu serré encore. Mais à voir en fin d'élevage.

 

2022 cuve pinot léger Larrivas + petites trouillères + Veyre (tous les pinots légers et un peu de gamay. Sera la cuvée Les Zones Vignes) c'est très clair, acidulé, léger, perlant, légère volatile, frais, juteux, devrait faire un bon vin de soif dans quelques semaines.

 

Pinot Noir 2022 de Larrivas : (égrappé, a eu 1 an d'amphore. Remis en masse en cuve) un peu plus concentré que le précédent mais garde un profil très différent des 2023, plus acidulé, plus clair, petite volatile, légère souris en finale. 

 

Montagne de Strass 2022 rouge : (un peu de fût et un peu de jarre, assemblage 50% gamay 50% pinot, que de l'argilo-calcaire. Une cuvée phare de JP Pradier qui sera peut-être arrêtée à l'avenir) Fait plus pinot que gamay, le fût ne marque pas du tout, là aussi petits fruits rouges, typé nature, volatile, cerise, tannins encore un peu serrés.

 

Le clan sous l'arbre 2022 en bouteille : (chardonnay avec 20% de macération carbo + 80% de presse, en jarres en fûts. Sans sulfites) Couleur saumonnée, nez un peu amande, frangipane, presque un peu typé blanc de noirs. Bouche avec du gras à l'attaque, pas une grosse acidité, la finale est étirée assez loin par des tannins et des amers de qualité, la macération a donné un peu de peps à la finale. Plutôt joli, mais il peut surprendre, un vin de gastronomie.

 

(Non goûté dans la gamme : le rosé Courant alternatif. Le Pet nat rouge To Bize or not no bize 100% gamay pour le prochain - le 2023 qui sortira en 2025. Il n'y en a pas eu en 2022. Le précédent avait un peu de pinot).

 

 

Un grand merci à Mikael pour le temps accordé et surtout pour toutes ses explications à la vigne comme à la cave !

 

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