Soirées chardo/pas chardo ? syrah/pas syrah ? (31/05, 07/06 et 14/06)
Après le thème pinot/pas pinot de l’an dernier, 2024 était consacrée au chardonnay et à la syrah, toujours sur le format « match entre 2 équipes ».
A quoi reconnaît-on un chardonnay ? Bien souvent à l’élevage qui l’accompagne : le beurre, le gras... Ce qui fonctionne parfois certes, mais qui peut aussi être trompeur lorsque l’on rencontre un chardonnay en cuve ou un cépage différent élevé « à la bourguignonne ». Les participants étaient donc emmenés à se focaliser sur les éléments structurants du vin plus que sur les arômes. Le chardonnay donne généralement des vins avec une bonne acidité, avec du corps, sans monter trop haut en alcool (si l’on parle du chardonnay en Bourgogne de millésime « moyen »). Il tire donc sa force de son équilibre : il a l’acidité et la fraîcheur des vins du Nord (plus d’acidité que roussanne, marsanne etc…) et la densité des vins du sud (plus « épais » que riesling, sauvignon…), ce qui fait qu’il supporte bien l’élevage fût et la fermentation malolactique. On peut le confondre avec rien au sens où aucun cépage ne lui ressemble vraiment et avec tout car tout cépage est susceptible de lui ressembler si l’élevage est bourguignon.
La syrah a été présentée comme un cépage coloré, haut en alcool (toutefois moins que le grenache), avec une bonne acidité, du corps (mais un peu moins qu’un grenache aussi), et la possibilité de donner des vins tanniques. La syrah peut facilement être confondue avec le gamay ou la mondeuse (censés être un peu moins hauts en alcool, et moins tannique pour le gamay) et avec le carignan et le mourvèdre côté sud, qui eux donnent des vins généralement encore plus élevés en alcool.
Mais gardons toujours à l’esprit qu’en fonction des terroirs, des vinifications etc… il y a plus de cas particuliers que de généralités !
Soirée n°1
Desvignes, Givry blanc En Chenèves 2022 : (100% chardonnay) On commence avec un chardonnay très classique, au nez quand même assez mûr et légèrement boisé. La bouche combine gras, beurré avec une bonne acidité, de longueur moyenne. Le chardonnay est globalement identifié.
André Perret, Condrieu 2022 : (100% viognier) Un Condrieu classique marqué par la pêche, l’abricot, au nez exubérant. La bouche est fruitée, grasse, puissante (14%), avec une acidité un peu trop basse pour être un chardonnay. Le Rhône est globalement bien identifié par les participants.
Arnaud Lambert, Saumur blanc Les perrières 2022 : (100% chenin) Couleur claire, nez très citron, agrumes, un peu de pomme au four, élevage discret, la bouche est tendue, très salivante, sensation minérale, elle semble manquer un peu de corps et de puissance pour un chardonnay. Un vin très élégant qui a été globalement identifié.
Les Frères Mignon, Coteaux champenois blanc 2019 : (100% chardonnay) Couleur bien dorée, nez qui rappelle la brioche, les lies, fruits jaunes mûrs également. La bouche présente un très beau volume combiné à une acidité élevée et très bien intégrée, peu beurrée, très énergique, crayeuse, probablement proche du nature mais très propre et très long. Par déduction, les participants partent globalement sur un chardonnay. Sacré niveau sur les blancs ce soir !
A et P De Villaine, Bouzeron 2022 : (100% aligoté) Couleur claire, nez assez « neutre » principalement sur le citron. La bouche est légère en alcool, avec une belle acidité salivante, presque maigre, mais fraîche et digeste. Tout le monde s’accorde sur un cépage du Nord qui n’a pas la densité du chardonnay. Merci pour le bonus Fred !
Daniel Bouland, Morgon Corcelette sable VV 2022 : (100% gamay) Couleur sombre - mais moins que les suivants, nez de fruits noirs, violette, poivre. Bouche avec du volume, sur les arômes du nez, des tannins fins, très beau fruité, très juteux, c’est mûr et dense (14% vol) sans être alcooleux et assez long. Tout le monde tombe dans le panneau en disant syrah sur ce très joli Morgon.
Vasse Felix, Maragaret River Filius Cabernet sauvignon 2020 : (95% cabernet sauvignon, 4% malbec 1% petit verdot) Couleur sombre, nez crème de cassis, eucalyptus, élevage bien intégré. La bouche est mûre, suave, pas très tannique pour un cabernet, légèrement épicée. Tout le monde est un peu perdu avec ce vin qui pourrait être une syrah du nouveau monde ou tout autre chose.
Barge, Côtes-du-Rhône Serine 2022 : (100% syrah Lieu-dit Bonnivière en Côte-Rôtie) Couleur sombre, nez très sauvage, lardé, violette, herbes aromatiques, anchois, thé, grappe entière, à la limite de la sous-maturité. La bouche est infusée, très sauvage, peu élevée en alcool, avec du végétal, un parti pris très fort de syrah sauvage, pure, que certains ont trouvé trop en sous-maturité et que d’autres ont trouvé génial. Là aussi, beaucoup sont perdus sur le cépage.
Clos Venturi, Brama syrah IGP Ile de Beauté 2022 : on termine la série de rouge par un vin un peu plus clair et un peu plus léger, plus discret, facile à boire, tout en élégance, bien travaillé mais atypique pour une syrah.
Monts Fournois, Champagne Côte 2010 : (100% chardonnay à Vertus, extra-brut. Dég 2023) On termine par un champagne peu dosé, minéral, encore jeune pour 2010 à la bulle très fine, un style noble et sérieux, où globalement le champagne blanc de blancs a été identifié.
Soirée n°2
Davd Reynaud, Crozes-Hermitage Blanc Aux Bêtises 2022 : (70% marsanne 30% roussanne, 2/3 œuf 1/3 bois) Couleur claire, nez très aromatique de fleurs blanches et d’abricot. La bouche est légère en alcool et pas très grasse pour un vin du Rhône, assez élégante. Les participants ne sont pas sur un chardonnay mais globalement sur une région plus fraîche que le Rhône.
Stater-West, Saumur Brézé 2020 : (100% chenin) un chenin encore un peu marqué par son élevage, légèrement beurré et toasté, avec une bouche grasse, très typée bourguignonne. Le piège fut donc fatal.
Arnot-Roberts, Watson ranch chardonnay Napa Valley 2021 : (1993, argilo calcaire) couleur claire là aussi, un nez légèrement beurré et fruits exotiques, mais peu boisé. La bouche est différente du nez, plus minérale, énergique, légère en alcool (12,5%), tendue et très digeste. Un joli vin dont la localisation et le cépage ont bien sûr posé problème.
Maxime Cottenceau, Montagny 1er Cru Vignes Longues 2021 : (100% chardonnay) On termine par un chardonnay plus classique, qui combine gras et acidité, avec un peu d’élevage au nez mais une fin de bouche très minérale, très longue, encore un peu jeune mais avec beaucoup de fond. Très joli vin, globalement placé en Bourgogne.
Patrick Bouju, Lulu L2020 : (100% gamay, Auvergne) On passe au rouge avec un vin clair, très trouble, à la volatile marquée (un peu d’acétate au nez et d’acétique en bouche), un peu de gaz aussi, parti-pris de vinification naturelle marqué, qui a donc divisé, certain ont adoré d’autres ont détesté. Un vin qui ne laisse pas indifférent, intéressant à goûter dans cette série, tout comme le Dard & Ribo. Merci Renaud et PN.
JM Burgaud, Morgon Les charmes 2022 : (100% gamay) un gamay foncé en couleur, sur les fruits noirs, mais une bouche légère en alcool aux tannins fins avec un très beau fruité. Moins piège que le Daniel Bouland de la semaine précédente qui était un peu plus mûr.
André Perret, Saint-Joseph 2022 : (100% syrah) Couleur sombre, nez encore marqué par l’élevage, vanillé, bouche qui semble plus puissante qu’elle ne l’est réellement, très poivrée, un peu dissociée et boisée. Par déduction la syrah est globalement trouvée.
Dard & Ribo, Crozes-Hermitage 2021 : (100% syrah) un vin très clair en couleur, léger en alcool, qui ne fait pas du tout syrah, malheureusement marqué par la souris sur cette bouteille. Un producteur qui se goûte généralement mieux.
Pierre Vaïsse, IGP Hérault Aphyllante 2020 : (100% mourvèdre) Couleur sombre là aussi, un nez orienté fruits noirs, menthol, bouche soyeuse, gourmande, tannins très fins, très suave, sans jamais tomber dans la lourdeur, une belle bouteille, dont le cépage n’est pas simple à deviner.
Besse, Valais syrah les serpentines 2019 : (100% syrah) Une syrah suisse très sombre, puissante, épicée, encore quelques tannins, chaleureuse, qui demande presque à vieillir encore un peu. Les participants pensent globalement à une syrah du sud.
Clos L’Epinay, Chaflorie Pét Nat’ 2023 : (100% chenin sur Vouvray) On termine avec un pet nat, travaillé en nature, parfaitement propre, très gourmand, avec un peu de sucre, léger en alcool, facile à boire, à la bulle fine. Pas très long mais très bien pour terminer. Personne ne pense chardonnay ici.
Soirée n°3
Bretaudeau, Muscadet Gabbro 2021 : (100% melon de Bourgogne) On attaque par un vin clair en couleur, au nez citronné, légèrement marqué par le grillé des lies, sans bois. La bouche est tendue, dynamique, légère en alcool (12%), pas très épaisse mais avec une belle longueur. Beaucoup ont répondu chardonnay sur ce très beau Muscadet.
Riccitelli (Argentine), Gualtallary Sobre suelos calcareos chardonnay 2021 : (100% chardonnay) Un vin légèrement plus coloré, élevé en œuf béton, réduit à l’ouverture, superbe après 4-5h de carafe, un nez très marqué allumette, lies, agrumes. Bouche encore plus énergique et tendue que le précédent, un peu plus d’alcool (13%), de corps et de longueur. Un vin qui a surpris, le chardonnay a été évoqué par déduction.
Combier, Crozes-Hermitage clos des grives blanc 2021 : (95% roussanne, 5% marsanne) un vin bien plus coloré, au nez marqué par l’élevage en barrique, vanillé, toasté, beurré, avec de l’abricot, des notes florales. Une bouche grasse, opulente, pas très haute en alcool sur ce millésime mais qui manque clairement d’acidité à l’unanimité être un chardonnay.
Benoit Girardin, Chassagne-Montrachet 2021 : (100% chardonnay) On termine par un bourgogne très classique, gras, beurré, à peu près au même niveau que le précédent en taux d’alcool et en densité, mais la finale a plus d’acidité et de longueur. Le chardonnay est vite identifié.
Edmunds St John (Californie), Barsotti ranch syrah 2014 AVA El Dorado County : (100% syrah) Une couleur sombre à peine rouillée, un nez de fruits noirs, de cuir, de fer. La bouche est finalement bien plus légère que ne le laissait présager le nez, vive, fraîche, pas très épaisse ni très longue mais très digeste. Un vin en hommage au nouvellement retraité Edmunds St John qui a beaucoup œuvré pour la nouvelle génération californienne. Très difficile à placer pour nous ce soir-là.
Fils de Charles Trosset, Savoie Arbin Mondeuse Prestige des arpents 2019 : (100% mondeuse) Une mondeuse colorée, sur les fruits noirs, la violette, un peu de poivre, légère en alcool (12,5%) mais qui semblait mûre, les tannins sont relativement fins pour une mondeuse. Difficile à placer.
Château Thivin, Côte de Brouilly Zaccharie 2019 : (100% gamay) Couleur claire, nez de fruits rouges, cerise, pivoine, très bourguignon sur ce millésime. La bouche est mûre, mais avec des tannins fins, une belle acidité, tout le monde pense à un joli pinot noir, moi le premier… Merci pour ce joli piège Olivier !
Domaine des Lises, Crozes-Hermitage Franc de pied 2015 : (100% syrah) (100% syrah) Couleur sombre, peu d'évolution, nez de syrah racé, fruits noirs, violette, léger lardé, une bouche qui combine intensité, puissance et fraîcheur avec une très belle acidité et une trame minérale dans le fond, il reste encore des tannins mais pas secs et légèrement fondus par le temps en bouteille. Une très belle syrah, profonde, qui en a encore sous la pédale.
Pierre Vaïsse, IGP Hérault Aphyllante 2020 : (100% mourvèdre) Couleur sombre là aussi, un nez orienté fruits noirs, menthol, bouche soyeuse, gourmande, tannins très fins, très suave, sans jamais tomber dans la lourdeur, une belle bouteille, dont le cépage n’est pas simple à deviner mais que certain(e)s ont tout de même décelé.
Domaine des Bérioles, Tressallier 2022 Méthode traditionnelle : on termine tranquillement par des bonus, toujours très efficace une bulle fruitée, légère, aérienne.
Sérol, Vin de France Turbullent : on finit par ce pétillant rosé avec 8-10gr de SR, parfait pour clôturer l’année.
Merci à tous les participants. On se retrouve en septembre pour de nouvelles aventures !