750 grammes
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La Cave du Théâtre

La Cave du Théâtre
28 septembre 2024

Soirées Les petits vins des grands (20 et 27/09)

 

Le thème de cette double soirée permettait de s’intéresser à la façon dont les vignerons gèrent leur entrée de gamme, puisqu’il est aujourd’hui difficile d’accéder aux grandes cuvées dans les domaines les plus réputés. Elles sont donc devenues une véritable porte d’entrée pour les amateurs de vin.

 

Ce thème, couplé à celui de la semaine suivante (Les Grands vins des petits vignerons), pose également la question de la pertinence de certains achats : vaut-il mieux acheter une « petite AOC » voire une IGP d’un excellent vigneron, ou une « grande AOC » d’un vigneron moins réputé ? A prix équivalent vaut-il mieux acheter le Bourgogne régional de Jobard, Coche, etc… ou le Pernand-Vergelesses 1er cru de Rollin par exemple ?

 

Tout dépend des vignerons que l’on choisit d’un côté comme de l’autre bien évidemment…

 

 

 

Labet, Crémant du Jura 2020 : Couleur dorée, un peu trouble, semble déjà évoluée. Nez sur le miel, les fruits jaunes bien mûrs, brioche, petite touche oxydative bien intégrée. Belle matière en bouche, mûre, bulle fine, assez long, belle tenue à l’air. Très belle bulle pour commencer.

 

Cathiard, Bourgogne aligoté 2021 : Couleur claire, un nez citronné, floral, assez simple. Bouche énergique, belle tension, citronné, peu d’élevage, classique pour un aligoté, mais avec plus de volume et bien plus de longueur que la moyenne, très salivant, parfait pour commencer.

 

Antoine Jobard, Bourgogne chardonnay 2019 : robe un peu plus foncée, nez avec des notes d’allumette, de réduction sur lies, petite touche beurrée et florale derrière. La bouche est énergique, encore jeune, marquée par les lies avec un léger gras derrière, elle combine largeur et longueur, avec beaucoup de longueur, une finale fraîche et salivante, surtout pour ce millésime solaire. Au niveau d’un beau Meursault, dans un style nouvelle génération.

 

Fourrier, Bourgogne pinot noir 2021 : Couleur très claire, un nez éclatant plein de framboise, de fraise, de rose. Bouche toute en fruit et en gourmandise, sur des fruits rouges très frais, aux tannins soyeux, pas forcément très long, mais un vin parfait, évident, qui ne devrait exister qu’en magnum.

 

Ponsot, Bourgogne pinot noir cuvée du Pinson 2012 : Couleur plus sombre que le Fourrier, nez encore jeune pour 2012, fruité plus « noir », poivre, thé fumé, pot-pourri. Bouche qui combine volume, fraîcheur, maturité, un style très différent du précédent qui fait partir les dégustateurs plus au Sud. Finale très longue, digeste. Une entrée de gamme de très haute volée là aussi.

 

Gonon, IGP Ardèche Les Iles Feray 2020 : couleur très noire, un nez très Gonon, marqué syrah sauvage, lardé, olive, anchois, violette, cassis. Bouche sauvage, à l’aromatique éclatante, avec volume et fraîcheur, sensation saline sur la finale très marquée olive noire, beaucoup de longueur. Au niveau des meilleurs Saint-Joseph, voire plus.

 

Montcalmès, Grenache Vin de France 2020 : Couleur rubis, nez de fruits rouges confiturés, fraise écrasée, garrigue. Bouche avec de la rondeur, peu de tannins, de l’alcool (15%) mais bien compensé par une sensation de sucrosité, très gourmand, à condition de le servir assez frais.

 

Sandlands, Sonoma Mencia 2021 (bonus) : couleur noire, nez de cassis, mûre, un peu confituré, violette, épices. Bouche en fait légère en alcool, avec une attaque un peu ronde et sucrée, et une finale assez courte sur des tannins un peu serrés.

 

 

 

Jamet, Côtes-du-Rhône blanc 2021 : couleur or pâle, nez avec un léger beurré, fruits jaunes, pas très marqué par le viognier. La bouche est fraîche, pas beaucoup d’alcool et une belle acidité sur ce millésime frais. Beaucoup voient ce vin très élégant sur un chardonnay bourguignon.

 

La Pierre Ronde (Antoine Lepetit de La Bigne), Bourgogne Aligoté VV 2022 : Robe assez claire aussi, légère réduction sur lies, fruits blancs, notes florales. La bouche combine fruit, fraîcheur, tension et un très léger gras, beaucoup de longueur, salivant. Très bel aligoté.

 

Paul Pillot, Bourgogne aligoté 2020 : Couleur encore plus claire, nez qui semble plus austère, plus citronné, plus « minéral ». Bouche très tendue, pas de gras du tout ici, très énergique, encore plus longue et plus salivante, dans un style un peu plus austère. Très bel aligoté également.

 

Les Horées, Coteaux Bourguignons Mon poulain 2022 : (pinot noir/gamay) Couleur très claire, contours violets. Nez éclatant dès l’ouverture, bonbon framboise, fraise, rose, pivoine. Bouche infusée, jus de fruit, pas de tannins, avec une acidité proche d’un blanc, très frais et facile à boire, une aromatique nature éclatante, un vrai bouquet de fleur et de framboise, pas forcément très long mais d’une efficacité redoutable avec un très joli style.

 

T. Liger-Belair, Bourgogne pinot noir Grands chaillots 2020 : Couleur sombre pour un pinot, nez mûr, fruits noirs, un peu de volatile. Bouche puissante, concentrée, presque sudiste, encore trop jeune, pas tout à fait en place, bonne acidité derrière mais qui semble un peu dissociée. On ne reconnait pas la finesse habituelle du domaine en l’état, mais pas de grosse inquiétude, à réessayer dans quelques années. Merci pour la bouteille Charles.

 

Anne Gros, Bourgogne pinot noir 2021 : On revient sur une robe très claire, un nez très classique de pinot sur le fruit. Bouche légère, aérienne, pleine de fruit, pas un gros volume, mais très digeste, facile à boire et prêt dès maintenant, on y retourne facilement. Merci pour la bouteille Fred.

 

Arnoux-Lachaux, Bourgogne pinot fin 2019 : Le vin qui a le plus divisé peut-être. Couleur plus sombre, nez qui fait d’abord penser à un grenache avec un côté solaire, fruits rouges confits, orangette, épices, pot-pourri. La bouche est concentrée, encore jeune, l’acidité nous éloigne du grenache cette fois-ci, avec des tannins encore présents (effet petits rendements, grappe entière et pas de bois neuf ?) qui ont gêné certains, presque un côté nebbiolo. Il faut aller chercher le vin, moins de plaisir immédiat que les précédents, mais probablement plus de potentiel.

 

Gonon, IGP Ardèche Les Iles Feray 2018 : proche du 2020 de la semaine dernière, très marqué syrah sauvage en grappe entière à la Gonon, tapenade, lardé… Bouche avec un peu moins de finesse de texture que le 2020 même si ça reste excellent.

 

Rostaing, IGP Collines rhodaniennes Les Lézardes 2016 : Couleur sombre, un nez bien marqué syrah aussi, violette, suie, thé noir, fumé, encore plus animal que Gonon. La bouche présente aussi cette aromatique intéressante, sauvage, épicée, mais des tannins encore un peu fermes en finale. Du vrai Rostaing. Presque encore un peu jeune dans l’idéal. Merci pour la bouteille Olivier.

 

Labet, Crémant du Jura 2020 : Couleur dorée, un peu trouble, semble déjà évoluée. Nez sur le miel, les fruits jaunes bien mûrs, brioche, petite touche oxydative moins présente que la semaine dernière. Belle matière en bouche, mûre, bulle fine, assez long, belle tenue à l’air. Très bien pour finir également.

 

 

En conclusion de cette première partie, tout le monde s’est accordé à dire que le niveau d’ensemble était vraiment très élevé. Bien souvent, les styles des différents vignerons étaient très marqués. Les Grands vins des petits vignerons à venir les semaines suivantes vont avoir fort à faire…

 

12 août 2024

Les Visites en Auvergne

 

Les Visites en Auvergne

Introduction

 

 

 

Sommaire (par ordre alphabétique et par portrait)

 

Bastien Migeon

Benoît Montel

Chemins de l'Arkose (Audrey et Yvan)

Elémentaires (Landry)

Henri Chauvet

Jean Maupertuis

Lapilli (Elsa et Géraud)

L'eau qui dort / Lisa Le Postec / Coteau Libre (Lisa et Paul)

Les grands pans (Corinne et Jean-Marie)

Simon Bousquet

Terres Bariolées (Claire et Edo)

Thierry Renard

+

Chlo d'Auzit

Domaine des Trouillères 

Miolanne

...

 

10 août 2024

Les Terres Bariolées à Chalus

 

Visite au domaine Les Terres Bariolées à Chalus

 

 

Domaine de 5 hectares repris fin 2021 (premier millésime en 2022) + 2,5 hectares en plantation. Chardonnay majoritaire pour le moment + chardonnay muscaté, pinot noir et gamay. Plantations de Syrah, aligoté, chardonnay et chardonnay muscaté à venir...

 

Claire Freist et Edoardo Veltroni se sont rencontrés en Bourgogne, chez Trapet et Bernard Moreau notamment. Edoardo est auparavant passé chez Elisabetta Foradori, André Beaufort, La Vougeraie.

 

Travail en bio (certifié à partir des 2024) et biodynamie (non certifié pour le moment). Vinifications sans intrants ni sulfites.

 

Toutes les vignes sont sur Chalus - un des 3 villages de la DG Côtes d'Auvergne Boudes.

 

Suite à la sécheresse de 2023 et au gel de 2024, des cuvées de négoce (achats de raisins bio en Bourgogne, Languedoc, Auvergne) devraient bientôt voir le jour. Ce n'était pas forcément prévu au départ, mais il n'y a pas le choix après 2023 et 2024, comme pour la plupart des jeunes vignerons d'Auvergne...

 

Débuts très compliqués au niveau quantité (mais pas qualité). 2022 : rendements moyens autour de 20hL/ha. 2023 moyenne autour de 9hL/ha (sécheresse). 2024 se profile autour de 9hL/ha (gel puis mildiou principalement, malgré 13 traitements et 12 à 14 heures quotidiennes dans les vignes)...

 

 

La commune de Chalus avec son château, sur un éperon basaltique, juste avant d'arriver à Boudes. Plus que 2 producteurs ici : Abbonnat et Les Terres Bariolées, tous les deux en bio. Les vignes sont principalement à l'Est et au Sud. Comme à Boudes il s'agit d'un secteur solaire et surtout très sec.

 

 

 

Les bouteilles sorties sur le millésime 2022 

 

 

 

Au printemps :

Les Suquets : (100% chardonnay) un chardonnay élégant, frais, pur et minéral.

La boudeuse : (100% pinot noir) un pinot noir léger, infusé, avec une petite volatile.

Frizzette pet' nat' rosé : (chardonnay et gamay) une bulle fraîche et vineuse.

 

 

A l'automne

Sables de grès : (100% chardonnay muscaté en macération, égrappé) vin de macération au nez aromatique, à la bouche très fine et élégante pour une macération de six mois.

Chalenta : (100% chardonnay) un chardonnay avec un élevage plus long que Les Suquets, plus de volume, plus exotique, plus de potentiel de garde, il appelle la table.

La Condamine : (100% gamay) un gamay sérieux, coloré, avec un bon potentiel de garde.

Les Chirouzes : (100% pinot noir) un pinot à peine plus puissant que La Boudeuse, mais dans un style toujours tout en finesse et en fraîcheur, qui s'aborde déjà très bien en jeunesse. 2023 sera plus puissant et solaire.

 

 

 

Visite des vignes (été 2024)

 

La Boudeuse, pinots noirs plantés en 1993 (+ un bout en 2003) à 4500-5000 pieds/ha, des sélections de Bourgogne sur porte-greffes 5C et 161-49. La seule qui a plutôt bien résisté au gel de 2024, malheureusement touchée en partie par le mildiou malgré les traitements. Ici aussi taille physiologique guyot-poussard (l'idéal c'est 5 rameaux, 12 grappes, 35hL/ha). Parcelle en haut de coteau qui culmine à 550m d'altitude. 

Comme sur l'ensemble de Chalus les sols sont argilo-calcaires avec du basalte, ce sont les proportions qui changent légèrement d'une parcelle à l'autre, avec parfois un peu de sable aussi.

 

Début de véraison août 2024 dans La Boudeuse

 

 

 A gauche du chemin les pinots de La Boudeuse, à droite les pinots des Chirouzes. Sols assez proches. Exposition qui tourne vers le Sud sur les Chirouzes (= roches volcaniques), plus solaire et toutes petites grappes millerandées comme on rencontre parfois en Bourgogne.

 

 

Les pinots noirs des Chirouzes. Sur l'ensemble du domaine les vignes sont magnifiques : palissées hautes et tressées, travail sur les couverts végétaux (avoine surtout), dans l'idéal plus de labour dans les années à venir, pulvérisation de lait de chèvre pour mieux "coller" la bouillie bordelaise.

 

Après être passé devant Les Suquets (= pieds de vignes ?), tout en bas du coteau Est où les sols contiennent un peu plus d'argiles rouges, puis des gamays de La Condamine (terre du Seigneur, du château de Chalus probablement. Gamay d'Auvergne et Beaujolais 1963 et 1998) à mi-coteau où tout a gelé, voilà les vignes de Chalenta en haut de coteau. Les 10 rangs de chardo muscaté sont tout à gauche de la parcelle.

 

Plantations de chardonnay et aligoté, plein Est. Les sols sont un peu plus sableux et plus calcaires. A droite les plantations de syrah. Entre les deux un peu d'espace pour un projet de plantations d'arbres, de végétaux voire peut-être quelques animaux... 

 

 

Les nouvelles plantations de syrah. Achat des meilleures sélections massales chez Lilian Bérillon. Densité à 6000 pieds/ha. Greffage à l'anglaise (une sorte de Z à l'envers) sur porte-greffes paulsen, fercal et 140 ruggieri. Premier millésime en 2025 si tout va bien...

 

 

 

 

A la Cave - sur fûts (embouteillage pour début 2025)

 

Tous les 2023 seront embouteillés avec la nouvelle embouteilleuse partagée (avec Bastien Migeon, Lisa et Paul...), avec inertage à l'azote, sans sulfites ajoutés. Bouchons garantis sans TCA sur toutes les cuvées domaine. Analyses en labo tous les mois.

 

 

Chalenta 2023 : goûté sur 2 fûts différents, il reste quelques sucres à finir sur l'un. Chardonnay mûr avec des notes de fruits exotiques, une bouche dense, avec une petite volatile sur l'un des fûts qui lui fait du bien, intégrée à l'ensemble, apporte du peps et une sensation d'allonge. L'élevage reste discret à chaque fois. Les finales sont énergiques claquantes, ne saturent jamais le palais.

 

Suquets 2023 : (élevage plus long que l'an passé donc) Un chardonnay plus citronné (sols plus riches en argiles rouges), moins de volume, un peu plus austère, plus sur la tension que le précédent. Un autre style, très bon aussi. Regoûtés en bouteille, les deux blancs ont gardé quelques sucres résiduels (ils ont été à peine sulfités à la mise du coup), bien équilibrés par une très belle acidité. Ils combinent gourmandise, fraîcheur et tension. Ce sont probablement les meilleurs blancs 2023 de la région.

 

Sables de grès 2023 : (méthode différente cette année, seulement 1 mois de macération en jarre mais grappes entières) Un nez orange, plantes amères, moins muscaté, moins aromatique, plus subtil que l'an dernier. Une bouche moins tannique, plus suave, là aussi moins muscaté, mais qui allonge bien. Très prometteur.

 

Chirouzes 2023 : goûté sur 2 fûts différents, un pinot plus coloré que l'an passé, plus puissant, plus dense (on reste sur du 13-13,5% vs environ 11,5-12% l'an passé, pH bas autour des 3,4 qui lui donne une belle acidité, c'est équilibré, grain de tannins très fin, un pinot plus sérieux que l'an dernier, qui sera probablement moins gourmand au départ mais qui ira loin. Comme tous les vins précédents, parfaitement propre, aucune déviance ni problème bactérien sur ce millésime solaire.

 

(Pas de condamine en 2023 ni de Boudeuse)

 

 

 

 

 

En bouteille - Vins de négoce avec une étiquette différente, mis en bouteille en juillet 2024

 

 

Moitié route 2023 : (gamay de la condamine, pinot de la boudeuse et pinot de Bourgogne. Environ moitié gamay moitié pinot au final. Tout en grappe entière) Un vin coloré, nez plutôt marqué par le gamay, fruits noirs. Bouche gourmande, ronde, facile, avec une petite sucrosité, sudiste sur ce millésime. Pas très complexe mais c'est bon, sans défauts. Objectif atteint.

 

Bariolage 2023 : (chardonnay et aligoté de Bourgogne + 20% chardonnay muscaté) Un nez aromatique, exotique, papaye, goyave, beurre. Bouche qui est en fait légère en alcool, qui a gardé de la fraîcheur, une bonne acidité, qui finit sur le peps de l'aligoté et donne envie d'y retourner. Parfaitement propre là aussi.

 

 

24 juin 2024

Soirée Elémentaires avec Landry du 28/06

 

Elémentaires - Landry Boudot à Pont-du-Château

 

En attendant de trouver des vignes dans le Puy-de-Dôme, Landry achète des raisins (à des amis sérieux, tous en bio) dans d’autres régions. Il va lui-même vendanger et ramène les raisins pour les vinifier dans son hangar à Pont-du-Château. Les vinifications sont peu interventionnistes, tout est en levures indigènes, peu sulfité (seul une cuvée a vu 10mg à la mise et une autre 10mg au pressoir), parfaitement propre, sans aucun défaut œnologique grâce à un travail minutieux. Le style se veut très pur, frais, digeste, léger en alcool sur les rouges comme sur les blancs, avec de belles acidités salivantes.

 

 

 

1 Mutinerie (100% Syrah de Chiroubles) Une syrah au nez sauvage, lardé, garrigue, poivré, thé noir, violette… qui semble annoncer un vin avec beaucoup de caractère. La bouche est étonnamment très légère (un peu moins de 11% !), très ronde, peu tannique, avec une belle texture soyeuse, très digeste et facile à boire.

 

2 La chasse au chagrin (100% grenache du Gard) Le grenache est très clair en couleur, avec un nez très fruité, très fraise, pivoine, un peu bonbon. La bouche est là aussi légère en alcool, toute en fruit, peu tannique, soyeuse avec une petite touche de grappe entière et de végétal noble qui étire la finale.

 

3 Manières (100% gamay de Chiroubles) : un gamay plus sérieux que les rouges précédents, un peu plus fermé, avec plus de matière, plus de puissance, qui va demander un peu de garde dans l’idéal, mais avec peut-être plus de fond. Un style plus sérieux, mais qui reste frais.

 

4 L’Etreinte (100% pinot gris d’Alsace) un nez un peu réduit, fumé, grillé, avec beaucoup de lies qui gêne un peu au départ avant de s’atténuer avec l’aération. La bouche est par contre très énergique, très saline, avec un beau volume, pas très haute en alcool pourtant, longue et salivante, avec des amers nobles en finale.

 

5 Pluie battante (100% chardonnay de Chiroubles) très légère réduction sur lies là aussi, mais derrière on sent un fruité presque exotique, avec des notes d’ananas de plus en plus présentes avec l’aération. La bouche est fruitée, aromatique, moins sur la tension que le pinot gris, moins long mais plus immédiat et plus gourmand.

 

6 Superstition (Macération. Pinot gris d’Alsace + sauvignon d’Anjou) Un vin de macération qui a surpris par sa finesse, un vin très légèrement orange, pas spécialement tannique, qui combien une aromatique fruitée, éclatante à une bouche acidulée et gourmande. Il a surpris même ceux qui jusque-là étaient réfractaires aux vins de macération.

 

7 Second souffle (100% chenin d’Anjou) Un chenin énergique, citronné, avec une bouche tendue, percutante, très salivante, sans manquer de volume. On termine en beauté.

 

+ Fond de cuve de la syrah en Magnum : Pour la science Landry nous sort quelques vins non commercialisés, le fond de la cuve avec les lies, donc très trouble pour cette syrah, dont l’aromatique est encore plus marquée garrigue et sauvage que sur le premier vin, et une bouche avec un peu plus de matière et de mâche, tout en gardant la fraîcheur, d’un niveau exceptionnel.

 

+ Fond de cuve du grenache : moins de différence ici, le grenache n’est pas si trouble que ça, assez proche du deuxième goûté.

 

 

Les Bonus :

Pierre Deville Champagne Primitif (Verzy, 2020+2019 et 2018).

Franck Pascal Champagne Equilibre Cuvée Prestige Brut 1996

Prince Pierre Napoléon Bonaparte, Bleu Impérial  IGP Ile de Beauté Cinsault 2022

Henri Boillot, Volnay 1er cru Les Caillerets 2022

Grant Burge, Barossa Valley The Holy Trinity Grenache Syrah Mourvèdre 2011

Liefmans, Kriek  Brut 2022

Barbeito, Madère Tres Pipas Bastardo Reserva velha Medium dry

Victoire à l’unanimité des deux champagnes et du Madère !

 

 

Un grand merci à tous les participants pour cette dernière du semestre et surtout un grand merci à Landry, qui s’est prêté au jeu très difficile de faire goûter ses vins à des amateurs, qui a osé s’exposer aux critiques mais qui s’en est brillamment tiré en répondant à toutes nos interrogations et surtout avec des vins d’un niveau exceptionnel pour un premier millésime !

Nul doute que c’est un format qui sera reconduit !

 

15 juin 2024

Soirées chardo/pas chardo ? syrah/pas syrah ? (31/05, 07/06 et 14/06)

 

Après le thème pinot/pas pinot de l’an dernier, 2024 était consacrée au chardonnay et à la syrah, toujours sur le format « match entre 2 équipes ».

 

A quoi reconnaît-on un chardonnay ? Bien souvent à l’élevage qui l’accompagne : le beurre, le gras... Ce qui fonctionne parfois certes, mais qui peut aussi être trompeur lorsque l’on rencontre un chardonnay en cuve ou un cépage différent élevé « à la bourguignonne ». Les participants étaient donc emmenés à se focaliser sur les éléments structurants du vin plus que sur les arômes. Le chardonnay donne généralement des vins avec une bonne acidité, avec du corps, sans monter trop haut en alcool (si l’on parle du chardonnay en Bourgogne de millésime « moyen »). Il tire donc sa force de son équilibre : il a l’acidité et la fraîcheur des vins du Nord (plus d’acidité que roussanne, marsanne etc…) et la densité des vins du sud (plus « épais » que riesling, sauvignon…), ce qui fait qu’il supporte bien l’élevage fût et la fermentation malolactique. On peut le confondre avec rien au sens où aucun cépage ne lui ressemble vraiment et avec tout car tout cépage est susceptible de lui ressembler si l’élevage est bourguignon.

 

 

 

La syrah a été présentée comme un cépage coloré, haut en alcool (toutefois moins que le grenache), avec une bonne acidité, du corps (mais un peu moins qu’un grenache aussi), et la possibilité de donner des vins tanniques. La syrah peut facilement être confondue avec le gamay ou la mondeuse (censés être un peu moins hauts en alcool, et moins tannique pour le gamay) et avec le carignan et le mourvèdre côté sud, qui eux donnent des vins généralement encore plus élevés en alcool.

 

 

 

Mais gardons toujours à l’esprit qu’en fonction des terroirs, des vinifications etc… il y a plus de cas particuliers que de généralités !

 

 

 

Soirée n°1

 

Desvignes, Givry blanc En Chenèves 2022 : (100% chardonnay) On commence avec un chardonnay très classique, au nez quand même assez mûr et légèrement boisé. La bouche combine gras, beurré avec une bonne acidité, de longueur moyenne. Le chardonnay est globalement identifié.

André Perret, Condrieu 2022 : (100% viognier) Un Condrieu classique marqué par la pêche, l’abricot, au nez exubérant. La bouche est fruitée, grasse, puissante (14%), avec une acidité un peu trop basse pour être un chardonnay. Le Rhône est globalement bien identifié par les participants.

Arnaud Lambert, Saumur blanc Les perrières 2022 : (100% chenin) Couleur claire, nez très citron, agrumes, un peu de pomme au four, élevage discret, la bouche est tendue, très salivante, sensation minérale, elle semble manquer un peu de corps et de puissance pour un chardonnay. Un vin très élégant qui a été globalement identifié.

Les Frères Mignon, Coteaux champenois blanc 2019 : (100% chardonnay) Couleur bien dorée, nez qui rappelle la brioche, les lies, fruits jaunes mûrs également. La bouche présente un très beau volume combiné à une acidité élevée et très bien intégrée, peu beurrée, très énergique, crayeuse, probablement proche du nature mais très propre et très long. Par déduction, les participants partent globalement sur un chardonnay. Sacré niveau sur les blancs ce soir !

A et P De Villaine, Bouzeron 2022 : (100% aligoté) Couleur claire, nez assez « neutre » principalement sur le citron. La bouche est légère en alcool, avec une belle acidité salivante, presque maigre, mais fraîche et digeste. Tout le monde s’accorde sur un cépage du Nord qui n’a pas la densité du chardonnay. Merci pour le bonus Fred !

Daniel Bouland, Morgon Corcelette sable VV 2022 : (100% gamay) Couleur sombre - mais moins que les suivants, nez de fruits noirs, violette, poivre. Bouche avec du volume, sur les arômes du nez, des tannins fins, très beau fruité, très juteux, c’est mûr et dense (14% vol) sans être alcooleux et assez long. Tout le monde tombe dans le panneau en disant syrah sur ce très joli Morgon.

Vasse Felix, Maragaret River Filius Cabernet sauvignon 2020 : (95% cabernet sauvignon, 4% malbec 1% petit verdot) Couleur sombre, nez crème de cassis, eucalyptus, élevage bien intégré. La bouche est mûre, suave, pas très tannique pour un cabernet, légèrement épicée. Tout le monde est un peu perdu avec ce vin qui pourrait être une syrah du nouveau monde ou tout autre chose.

Barge, Côtes-du-Rhône Serine 2022 : (100% syrah Lieu-dit Bonnivière en Côte-Rôtie) Couleur sombre, nez très sauvage, lardé, violette, herbes aromatiques, anchois, thé, grappe entière, à la limite de la sous-maturité. La bouche est infusée, très sauvage, peu élevée en alcool, avec du végétal, un parti pris très fort de syrah sauvage, pure, que certains ont trouvé trop en sous-maturité et que d’autres ont trouvé génial. Là aussi, beaucoup sont perdus sur le cépage.

Clos Venturi, Brama syrah IGP Ile de Beauté 2022 : on termine la série de rouge par un vin un peu plus clair et un peu plus léger, plus discret, facile à boire, tout en élégance, bien travaillé mais atypique pour une syrah.

Monts Fournois, Champagne Côte 2010 : (100% chardonnay à Vertus, extra-brut. Dég 2023) On termine par un champagne peu dosé, minéral, encore jeune pour 2010 à la bulle très fine, un style noble et sérieux, où globalement le champagne blanc de blancs a été identifié.

 

 

 

Soirée n°2

 

Davd Reynaud, Crozes-Hermitage Blanc Aux Bêtises 2022 : (70% marsanne 30% roussanne, 2/3 œuf 1/3 bois) Couleur claire, nez très aromatique de fleurs blanches et d’abricot. La bouche est légère en alcool et pas très grasse pour un vin du Rhône, assez élégante. Les participants ne sont pas sur un chardonnay mais globalement sur une région plus fraîche que le Rhône.

Stater-West, Saumur Brézé 2020 : (100% chenin) un chenin encore un peu marqué par son élevage, légèrement beurré et toasté, avec une bouche grasse, très typée bourguignonne. Le piège fut donc fatal.

Arnot-Roberts, Watson ranch chardonnay Napa Valley 2021 : (1993, argilo calcaire) couleur claire là aussi, un nez légèrement beurré et fruits exotiques, mais peu boisé. La bouche est différente du nez, plus minérale, énergique, légère en alcool (12,5%), tendue et très digeste. Un joli vin dont la localisation et le cépage ont bien sûr posé problème.

Maxime Cottenceau, Montagny 1er Cru Vignes Longues 2021 : (100% chardonnay) On termine par un chardonnay plus classique, qui combine gras et acidité, avec un peu d’élevage au nez mais une fin de bouche très minérale, très longue, encore un peu jeune mais avec beaucoup de fond. Très joli vin, globalement placé en Bourgogne.

Patrick Bouju, Lulu L2020 : (100% gamay, Auvergne) On passe au rouge avec un vin clair, très trouble, à la volatile marquée (un peu d’acétate au nez et d’acétique en bouche), un peu de gaz aussi, parti-pris de vinification naturelle marqué, qui a donc divisé, certain ont adoré d’autres ont détesté. Un vin qui ne laisse pas indifférent, intéressant à goûter dans cette série, tout comme le Dard & Ribo. Merci Renaud et PN.

JM Burgaud, Morgon Les charmes 2022 : (100% gamay) un gamay foncé en couleur, sur les fruits noirs, mais une bouche légère en alcool aux tannins fins avec un très beau fruité. Moins piège que le Daniel Bouland de la semaine précédente qui était un peu plus mûr.

André Perret, Saint-Joseph 2022 : (100% syrah) Couleur sombre, nez encore marqué par l’élevage, vanillé, bouche qui semble plus puissante qu’elle ne l’est réellement, très poivrée, un peu dissociée et boisée. Par déduction la syrah est globalement trouvée.

Dard & Ribo, Crozes-Hermitage 2021 : (100% syrah) un vin très clair en couleur, léger en alcool, qui ne fait pas du tout syrah, malheureusement marqué par la souris sur cette bouteille. Un producteur qui se goûte généralement mieux.

Pierre Vaïsse, IGP Hérault Aphyllante 2020 : (100% mourvèdre) Couleur sombre là aussi, un nez orienté fruits noirs, menthol, bouche soyeuse, gourmande, tannins très fins, très suave, sans jamais tomber dans la lourdeur, une belle bouteille, dont le cépage n’est pas simple à deviner.

Besse, Valais syrah les serpentines 2019 : (100% syrah) Une syrah suisse très sombre, puissante, épicée, encore quelques tannins, chaleureuse, qui demande presque à vieillir encore un peu. Les participants pensent globalement à une syrah du sud.

Clos L’Epinay, Chaflorie Pét Nat’ 2023 : (100% chenin sur Vouvray) On termine avec un pet nat, travaillé en nature, parfaitement propre, très gourmand, avec un peu de sucre, léger en alcool, facile à boire, à la bulle fine. Pas très long mais très bien pour terminer. Personne ne pense chardonnay ici.

 

 

 

 

Soirée n°3

 

Bretaudeau, Muscadet Gabbro 2021 : (100% melon de Bourgogne) On attaque par un vin clair en couleur, au nez citronné, légèrement marqué par le grillé des lies, sans bois. La bouche est tendue, dynamique, légère en alcool (12%), pas très épaisse mais avec une belle longueur. Beaucoup ont répondu chardonnay sur ce très beau Muscadet.

Riccitelli (Argentine), Gualtallary Sobre suelos calcareos chardonnay 2021 : (100% chardonnay) Un vin légèrement plus coloré, élevé en œuf béton, réduit à l’ouverture, superbe après 4-5h de carafe, un nez très marqué allumette, lies, agrumes. Bouche encore plus énergique et tendue que le précédent, un peu plus d’alcool (13%), de corps et de longueur. Un vin qui a surpris, le chardonnay a été évoqué par déduction.

Combier, Crozes-Hermitage clos des grives blanc 2021 : (95% roussanne, 5% marsanne) un vin bien plus coloré, au nez marqué par l’élevage en barrique, vanillé, toasté, beurré, avec de l’abricot, des notes florales. Une bouche grasse, opulente, pas très haute en alcool sur ce millésime mais qui manque clairement d’acidité à l’unanimité être un chardonnay.

Benoit Girardin, Chassagne-Montrachet 2021 : (100% chardonnay) On termine par un bourgogne très classique, gras, beurré, à peu près au même niveau que le précédent en taux d’alcool et en densité, mais la finale a plus d’acidité et de longueur. Le chardonnay est vite identifié.

Edmunds St John (Californie), Barsotti ranch syrah 2014 AVA El Dorado County : (100% syrah) Une couleur sombre à peine rouillée, un nez de fruits noirs, de cuir, de fer. La bouche est finalement bien plus légère que ne le laissait présager le nez, vive, fraîche, pas très épaisse ni très longue mais très digeste. Un vin en hommage au nouvellement retraité Edmunds St John qui a beaucoup œuvré pour la nouvelle génération californienne. Très difficile à placer pour nous ce soir-là.

Fils de Charles Trosset, Savoie Arbin Mondeuse Prestige des arpents 2019 : (100% mondeuse) Une mondeuse colorée, sur les fruits noirs, la violette, un peu de poivre, légère en alcool (12,5%) mais qui semblait mûre, les tannins sont relativement fins pour une mondeuse. Difficile à placer.

Château Thivin, Côte de Brouilly Zaccharie 2019 : (100% gamay) Couleur claire, nez de fruits rouges, cerise, pivoine, très bourguignon sur ce millésime. La bouche est mûre, mais avec des tannins fins, une belle acidité, tout le monde pense à un joli pinot noir, moi le premier… Merci pour ce joli piège Olivier !

Domaine des Lises, Crozes-Hermitage Franc de pied 2015 : (100% syrah) (100% syrah) Couleur sombre, peu d'évolution, nez de syrah racé, fruits noirs, violette, léger lardé, une bouche qui combine intensité, puissance et fraîcheur avec une très belle acidité et une trame minérale dans le fond, il reste encore des tannins mais pas secs et légèrement fondus par le temps en bouteille. Une très belle syrah, profonde, qui en a encore sous la pédale. 

Pierre Vaïsse, IGP Hérault Aphyllante 2020 : (100% mourvèdre) Couleur sombre là aussi, un nez orienté fruits noirs, menthol, bouche soyeuse, gourmande, tannins très fins, très suave, sans jamais tomber dans la lourdeur, une belle bouteille, dont le cépage n’est pas simple à deviner mais que certain(e)s ont tout de même décelé.

Domaine des Bérioles, Tressallier 2022 Méthode traditionnelle : on termine tranquillement par des bonus, toujours très efficace une bulle fruitée, légère, aérienne.

Sérol, Vin de France Turbullent : on finit par ce pétillant rosé avec 8-10gr de SR, parfait pour clôturer l’année.

 

 

Merci à tous les participants. On se retrouve en septembre pour de nouvelles aventures !

 

28 mai 2024

Peyre Rose 2014 à La Cave du Théâtre

 

 

 

Après leur venue pour les 2012 puis les 2013 l'an dernier, Marlène et Raphaël étaient de retour pour nous faire goûter leurs 2014. Quelle régularité année après année, des vins toujours aussi exceptionnels !

 

Cistes 2014

 

Belle Léone 2014

 

Marlène n°3 2014

 

 

 

Encore un grand merci à Marlène et Raphaël pour leur venue et leur générosité. En espérant les revoir très vite à la Cave du Théâtre !

 

 

27 mai 2024

Soirées Vins d'Auvergne (03 et 24/05)

 

 

Une introduction exhaustive ainsi que les comptes rendus de nos visites chez les vignerons des Côtes d’Auvergne sont disponibles ici :

Les visites en Auvergne

 

 

 

 

Pour bien comprendre les différences avec l’AOC Sant-Pourçain, voici quelques éléments de comparaison :

 

L’AOC Saint-Pourçain fait environ 600 hectares répartis sur 19 communes et 20kms de long contre 400 hectares sur 53 communes et 80 kms de long pour l’AOC Côtes d’Auvergne qui est donc plus étalée et encore plus hétérogène.

 

On compte une vingtaine de producteurs à Saint-Pourçain contre une petite cinquantaine dans les Côtes d’Auvergne, où les exploitations sont donc en moyenne bien plus petites.

 

Le climat est aussi bien différent, beaucoup plus chaud et sec dans les Côtes d’Auvergne protégées par les Monts du Sancy (effet de Foehn). Il y a en moyenne 200mm/an de pluie supplémentaire à Saint-Pourçain. Cela explique en partie la meilleure réussite des blancs à Saint-Pourçain et les expérimentations comme les blancs de noirs, les vins de macération, etc... dans le Puy-de-Dôme.

 

L’encépagement est différent également avec la présence du Tressallier à Saint-Pourçain et l’arrivée de nouveaux cépages plus sudistes comme la syrah en IGP Puy-de-Dôme par exemple.

 

Enfin, les sols sont eux aussi en partie différents : on trouve du granite, de l’argilo-calcaire et du sable dans les deux appellations mais les sols volcaniques à proprement parler ne se trouvent qu’à certains endroits des Côtes d’Auvergne.

 

 

 

 

 

Soirée Auvergne n°1

 

 

1 Terres Bariolées, Côtes d’Auvergne Les Suquets 2022 (100% chardonnay, à Chalus) : couleur or pâle un peu trouble, nez un peu fermentaire, levure, poire, agrumes. La bouche est assez simple, manquant un peu d’énergie et de tension sur ce millésime solaire dans le Puy-de-Dôme. Un vin qui se goûtait mieux il y a 6 mois finalement. 

 

2 Les Bérioles, Vin de France Autochtone 2021 (100% tressallier, à Cesset) : Couleur or, nez sur les agrumes, floral, à peine miellé, début d’évolution que l’on a senti avec l’ouverture vers des fruits plus exotiques. La bouche combine un très beau volume à une belle tension, aussi long que large, il s’est bien ouvert lui qui était un peu austère il y a un an, avec du fruit et aussi une sensation de minéralité sur la fin de bouche, finale très longue et salivante. Déjà excellent en l’état et un grand vin dans un an ou deux qui a fait l’unanimité.

 

3 Grosbot-Barbara, Vin de France Clos Jacques Chevallier 2018 (75% chardonnay + tressallier, pinot gris, à Cesset) : Couleur or pâle, nez déjà bien évolué, peut-être un peu trop pour 2018, avec un côté beurre rance. La bouche est très jolie, grasse et beurrée mais elle a aussi gardé une bonne fraîcheur et de la longueur. Un peu frustrant au final, la bouteille a probablement évolué un peu trop vite et se goûtait beaucoup mieux il y a un an ou deux. Le vin reste plutôt bon, mais pas au niveau espéré. 

 

4 Bastien Migeon, Côtes d’Auvergne Châteaugay Tiétà 2022 (75% gamay, 25% pinot noir) : couleur assez claire pour un gamay majoritaire, un nez plein de fruit et de pivoine, cerise, framboise. La bouche attaque avec ce joli fruité, puis elle se durcit sur la finale, sur des notes « volcaniques » de cendre et de fumée qui étaient plus discrètes il y a quelques mois. Le terroir est en train de ressortir, il apporte une certaine complexité mais a un peu trop resserré le vin peut-être. Ça reste d’un très bon niveau, surtout pour un premier millésime. 

 

5 Clos de Breuilly, Saint-Pourçain Barnabooth 2021 (60% pinot noir + gamay, à Cesset) : Couleur rubis foncé, nez plus classique de pinot à la bourguignonne, fruits noirs et rouges, à peine d’élevage mais déjà bien intégré. La bouche combine fruité, finesse des tannins, texture soyeuse, fraîcheur et une belle longueur, dans un style qui rappelle clairement la Côte de Nuits. Un style très différent du précédent, avec probablement plus de potentiel de garde ici. Il a fait l’unanimité lui aussi lors des deux soirées. 

 

6 Henri Chauvet, Côtes d’Auvergne Boudes Abrupts 2022 (100% gamay) : couleur grenat, à peine trouble, le nez est parfaitement propre dès l’ouverture, profond, on hésiterait entre gamay et syrah sur cette cuvée, un peu lardé, mais surtout fumé, avec des fruits noirs, de la violette, des notes racinaires, de la ronce. La bouche semble à la fois aérienne, légère en alcool, avec une belle texture soyeuse sans être boisé, mais aussi avec du corps, des arômes très nobles de grappe entière, beaucoup de fraîcheur, et surtout une finale qui allonge loin, très saline et très umami. Pour chipoter, l’aromatique en bouche est un peu discrète, plus qu’à sa sortie en tout cas, le vin est encore un peu jeune dans l’idéal même si tout le monde l’a trouvé superbe. Il a encore un gros potentiel de garde. 

 

7 Renards des Côtes, Vin de France Cheire de Poule 2022 (100% gamay, à Sayat) : dès l’ouverture de cette bouteille c’est très marqué vernis à ongle (acétate d’éthyle) et encore pire avec l’ouverture, le vin ne sera pas bu. Etonnant, car d'autres bouteilles de la même cuvée se goûtaient très bien.

 

8 Miolanne, IGP Puy-de-Dôme syrah 2022 (100% syrah, à Neschers) : couleur très sombre, nez très marqué syrah, violette, fruits noirs, lardé, semble annoncer un vin puissant. Mais la bouche est finalement légère, aérienne, avec des tannins très souples, très facile à boire, avec une belle fraîcheur, tout en gardant une aromatique de belle syrah très pure. Très joli. 

 

9 Benoît Montel, IGP Puy-de-Dôme Sang des volcans 2020 (100% syrah, à St Bonnet-près-Riom) : couleur très sombre aussi, un nez sur les fruits noirs, le cacao, petite touche d’élevage vanillé. La bouche est légèrement plus puissante et plus dense que le précédent, l’élevage fût a bien arrondi les tannins, un style plus civilisé et plus en rondeur, la finale a quand même gardé une bonne acidité qui donne une allonge bienvenue. Jolie syrah là aussi, qui profite bien de ses deux ans de plus en bouteille. 

 

10  Coteau Libre, Coteau rouge 2022 (80% syrah + gamay, pinot à Saint-Privat du Dragon) : une bouteille prélevée en cours d’élevage, couleur très sombre, un nez très typé syrah du Rhône, très lardé, un peu sanguin, violette, anchois, olive, toute petite volatile. Bouche plus puissante que les précédents, mais aussi un peu plus d’allonge avec à la fois plus d’acidité et de tannins, moins de rondeur, plus de salinité aussi, un côté umami en finale, très salivant. Pour des vignes plantées en 2020 tout le monde s’est accordé à dire qu’il y avait un vrai terroir et un style à part. Très intéressant. 

 

11 Annie Sauvat, Vin de France Syrius 2018 : (Vin de paille, 100% gamay à Boudes) : couleur framboise, nez très purée de fraise, fruits rouges, un peu vineux. Bouche avec un bel équilibre, pas trop sucrée, une bonne acidité, beaucoup de fruit, reste assez frais et digeste. Parfait pour finir. Merci Seb ! 

 

 

 

 

 

Soirée Auvergne n°2

 

 

1 Jean Wambergue, IGP Val de Loire-Allier Initial Tressallier 2022 (100% tressallier, à Saulcet) Couleur claire, nez sur le citron, les agrumes, à peine floral. Bouche vive, tendue, traçante, légère en alcool, citronnée, belle acidité qui réveille les papilles, sensation minérale et bonne longueur. Jean a choisi de ne pas faire la malo, peut-être un bon choix en 2022. Parfait pour débuter et mettre en appétit. 

 

2 Grosbot-Barbara, Saint-Pourçain Les Maltotes 2022 (50% chardonnay, 50% tressallier, à Montord) Un style complètement opposé, couleur plus marquée, nez beurré, encore jeune, sur des notes d’élevage vanille, coco, fruité plus mûr. La bouche est ronde, grasse, ample, boisée, mais heureusement l’acidité du tressallier s’impose en fin de bouche empêchant le vin de tomber dans la lourdeur en l’étirant juste ce qu’il faut. Un vin de gastronomie, qui séduit toujours l’assemblée. 

 

3 Les Bérioles, Vin de France Intrépide 2017 (100% chardonnay, à Cesset) Jean nous a ressorti un 2017 pour l’occasion, couleur bien dorée, nez très bourguignon, floral, fruits jaunes, beurré. En bouche l’attaque est grasse, large, encore en pleine forme, très vite l’acidité plus élevée que dans le vin précédent étire le vin, qui finit un peu plus austère mais plus long, sur des amers nobles. Très joli vin aussi, qui a l’avantage d’être à son apogée. 

 

4 Terres bariolées, Vin de France Sables de grès 2022 (100% chardonnay muscaté en macération, à Chalus) Couleur entre ambre et orange, plutôt limpide (sauf le fond de bouteille). Joli nez, exubérant, légèrement marqué par la rose, mais aussi, abricot, pêche, miel, semble proche d’un beau nez de liquoreux. La bouche est bien sûr sèche, sur des arômes de fruits secs et de fruits confits, de la rose, quelques tannins et quelques amers mais très fins pour ce vin orange qui reste accessible, complexe, avec beaucoup de peps. Par rapport au chardonnay de la semaine précédente qui manquait un peu de tension on voit là tout l’intérêt de la macération : aller chercher l’équilibre sur les amers et les tannins pour compenser le manque d’acidité. C’est réussi ! Bien sûr c’était un OVNI pour beaucoup ce soir-là, il a donc divisé l’assemblée.

 

5 Simon Bousquet, Vin de France Héloïm 2022 (80% gamay, 20% chardonnay, à Corent) On commence par la nouvelle mode du blouge (mélange de blanc et de rouge). La couleur est entre rose et rouge, un nez un peu réduit qui a besoin de temps, animal, puis il s’ouvre sur des fruits rouges acidulés et des notes de rose. La bouche est très légère, peu de corps, mais une belle acidité, très fraiche, un petit vin d’apéritif qui glisse tout seul, une aromatique de pinot sur un équilibre de vin blanc.

 

6 Terres d’Ocre, Vin de France Les Cailloux Pinot noir 2022 (100% pinot noir, à Châtel-de-Neuvre) Couleur framboise, nez plein de petits fruits rouges, éclatant, gourmand, marqué par la grappe entière aussi, clairement floral, pas très loin du côté bonbon mais il s’arrête juste où il faut. Bouche infusée, très pure, toute en fruit, acidulée, florale, toute en élégance, longueur moyenne mais on y retourne très facilement. (A carafer ou secouer un peu car il y a une pointe de gaz à l’ouverture - mais personne ne l’a senti du coup). 

 

7 Clos de Breuilly, Saint-Pourçain Barnabooth 2021 (60% pinot noir, 40% gamay, à Cesset) Couleur rubis foncé, nez plus classique de pinot à la bourguignonne, fruits noirs et rouges, à peine d’élevage mais déjà bien intégré. La bouche combine fruité, finesse des tannins, texture soyeuse, fraîcheur et une belle longueur, dans un style qui rappelle clairement la Côte de Nuits. Un style très différent du précédent, avec probablement plus de potentiel de garde ici. Il a fait l’unanimité lui aussi lors des deux soirées.

 

8 Henri Chauvet, Côtes d’Auvergne Boudes Abrupts 2022 (100% gamay, à Boudes) : couleur grenat, à peine trouble, le nez est parfaitement propre dès l’ouverture, profond, on hésiterait entre gamay et syrah sur cette cuvée, un peu lardé, mais surtout fumé, avec des fruits noirs, de la violette, des notes racinaires, de la ronce. La bouche semble à la fois aérienne, légère en alcool, avec une belle texture soyeuse sans être boisé, mais aussi avec du corps, des arômes très nobles de grappe entière, beaucoup de fraîcheur, et surtout une finale qui allonge loin, très saline et très umami. Pour chipoter, l’aromatique en bouche est un peu discrète, plus qu’à sa sortie en tout cas, le vin est encore un peu jeune dans l’idéal même si tout le monde l’a trouvé superbe. Il a encore un gros potentiel de garde. 

 

9 Les Chemins de l’Arkose, Vin de France Les terrasses 2022 (100% syrah, à Montpeyroux) : couleur claire pour une syrah, nez à peine réduit à l’ouverture au nez puis il s’ouvre sur des fruits noirs, un peu lardé. Bouche légère, facile à boire, peu d’alcool (12%), avec des tannins fins, très digeste, manque juste un peu de longueur dans cette série. On voit en tout cas clairement l’intérêt de la syrah en Auvergne, aujourd’hui très bien adaptée sur nos coteaux exposés sud. 

 

10 Miolanne, IGP Puy-de-Dôme Syrah 2022 (100% syrah, à Neschers) : couleur très sombre, nez très marqué syrah, violette, fruits noirs, lardé, semble annoncer un vin puissant. Mais la bouche est finalement légère, aérienne, avec des tannins très souples, très facile à boire, avec une belle fraîcheur, tout en gardant une aromatique de belle syrah très pure. Très joli. 

 

11 Les Chemins de l’Arkose, Vin de France 54-55 (100% plantet ou 54-55, pet’nat’ rosé, à Montpeyroux) : un pet’ nat’ à base d’hybrides. A ouvrir 1-2h à l’avance ou à carafer car la bulle est très présente à l’ouverture et pas de soucis, couleur rose foncé trouble, nez gourmand fraise, framboise, bouche légère, facile, simple mais efficace, impression d’une toute petite sucrosité. Parfait pour finir sur une note rafraîchissante. 

 

 

 

Désolé auprès des producteurs dont nous n’avions plus rien en stock ou dont les premiers vins ne sont pas encore tout à fait sortis, et que nous aurions pourtant beaucoup aimé faire goûter… Nous comptons bien y remédier l’an prochain. Et au vu de l'engouement des participants à ces deux soirées, nul doute qu'il y en aura d'autres.

 

15 mai 2024

Visite au domaine Les Grands Pans à Saint-Sandoux

Visite au domaine Les Grands Pans à Saint-Sandoux

 

 

Corinne et Jean-Marie Bonny, passionnés de vin depuis longtemps, ont réalisé leur rêve : devenir vigneron. Ne trouvant pas de parcelle idéale à reprendre, ils ont fini par planter eux-mêmes des vignes ; un choix qui demande beaucoup de temps, d’argent et d’énergie mais c’était le seul moyen d’obtenir le résultat dont ils avaient toujours rêvé.

En 2017, la mairie de Saint-Sandoux leur propose une parcelle en friche depuis au moins la seconde guerre mondiale, d’un peu plus d’1 hectare, à Saint-Sandoux, de l’autre côté de l’autoroute, face à Veyre-Monton et à Corent, juste au-dessus de la parcelle de blanc de leurs amis de l’Arbre Blanc.

 

 

   Le travail a été colossal entre le défrichage, le nettoyage, l'amendement, l'engrais vert, le labour, les plantations. Détails et photos sur le site du domaine https://grandspans.fr/notre-histoire/

 

 

En 2019 la parcelle est enfin plantée, 5500 plants (dans l’idéal 6000 bouteilles les années où tout ira bien) 2/3 de pinot noir sur la gauche, 1/3 savagnin sur la droite. Jean-Marie est un grand amateur de vins du Jura, des vins jaunes mais pas uniquement. Les sols argilo-calcaires ici sont adéquats pour le savagnin, le climat aussi, et ça peut être une bonne réponse au manque d’acidité des derniers millésimes. Comme il y a beaucoup de calcaire actif, la vigne a été greffée sur fercal. Les pinots sont des massales avec une grande diversité génétique, idem pour les savagnins sélectionnés chez le pépiniériste Guillaume dans le Jura. Tout est taillé guyot-poussard.

 

D'après le site du domaine : «  La taille Guyot-Poussard que nous tentons de mettre en place est une forme de taille douce. Les coupes annuelles doivent être ordonnées de telle sorte que les plaies de taille aient des surfaces réduites et soient situées sur la face supérieure des rameaux. En dehors de cette zone, le bois est sain et sans plaie. La sève circule alors librement. En outre, deux bras sont construits, la baguette portant les fruits est ainsi alternée chaque année. Chaque plant étant différent, cette taille est très chronophage, mais passionnante. Heureusement, Caroline du domaine de l’arbre blanc nous conseille et nous corrige patiemment. L’ambition est évidemment de mettre en place une vigne vigoureuse et de limiter le dépérissement des pieds. » 

 

 

La parcelle est très pentue, exposée sud très légèrement à l’est, solaire, très lumineuse le matin, protégée des vents d’Ouest. Ici, il n’a pas gelé en 2024 contrairement à tout le sud de Clermont, probablement grâce à ce soleil très matinal, peut-être aussi grâce aux haies et au fait de ne pas être trop bas dans la plaine. L’autre avantage ici c’est que la pression des maladies fongiques est faible, il y a peu de vignes autour, pour le moment 2 à 3 traitements par an suffisent.

 

 

Le travail à la vigne est bio, certifié. Jean-Marie est un passionné de biodiversité : il y a des haies tout autour, des composts sont réalisés en bas de la parcelle, les couverts végétaux sont déjà magnifiques après 4ans, avec beaucoup d’avoine, des coquelicots… Pas de labour, piochage de l’intercep. La vigne est palissée très haute pour avoir à la fois de la photosynthèse et le maximum d’ombre. Ebourgeonnage sévère sur ces jeunes vignes. Le savagnin se comporte très bien pour le moment, « il cherche toujours à monter, il est plus simple à gérer que le pinot qui a toujours besoin d’être redressé lui ». D’ailleurs tous les manquants sont replantés en savagnin, Jean-Marie regrette presque de ne pas en avoir planté un peu plus…

 

 

La Cave

Direction Veyre-Monton, dans le garage pour le moment. Mais un bâtiment est en construction à Saint-Sandoux pour l’avenir.

L’hygiène est parfaite, Jean-Marie y accorde beaucoup d’importance, nécessaire lorsqu’on travaille en nature.

Les raisins rentrent très tôt des vendanges, c’est l’avantage de travailler sur une petite surface. Sur une année chaude comme 2023, tout était rentré à 10h. Peu de vignerons peuvent se le permettre. C’est pour cette raison que le domaine n’a pas vraiment prévu de s’agrandir…

Tout passe dans le petit pressoir vertical, « c’est pratique parce qu’on voit ce qu’on fait, et parce que les jus traversent les rafles, ils sont en quelque sorte filtrés ».

 

Il y a ensuite un inertage dans la carboglace et tout part dans des cuves inox. Les blancs sont sur lies, il n’y a pas de bourbes en sortie de pressoir pour le moment.

Les rouges sont travaillés grappe entière, une sorte de semi-carbo avec une macération préfermentaire. Les jus de goutte vont dans une cuve et les jus de presse dans l’autre.

A l’heure actuelle les 2023 sont encore dans les cuves, ils attendent la mise en bouteille des 2022 en juin pour prendre leur place dans les fûts non neufs de chez Olivier Leflaive où Jean-Marie a un peu travaillé. Ce sont donc des élevages longs. « Ça c’est l’avantage d’être tous les deux doubles-actifs avec Corinne, quand tu n’as pas la pression financière et que tu peux te permettre de prendre le temps, ça change tout. Il faut le reconnaître, c’est une chance que nous avons ».

Tout est en levures indigènes, avec des pieds de cuve (sauf le cas du vin de voile), pour le moment aucun vin n’a eu besoin d’être sulfité que ce soit les 2022 ou les 2023. Le rouge 2022 verra probablement 10mg à la mise, mais ce sera décidé en fonction des analyses au labo.

Les levures du savagnin sous voile ont été sélectionnées avec l’INRA où Jean-Marie a ses entrées puisqu’il y travaille. Mais en faisant des essais sur des petites dames-jeannes on se rend compte que le savagnin même en Auvergne fait spontanément du voile !

Tout est embouteillé avec vide d’air, bouchons liège de qualité, dans l’optique d’une bonne garde.

 

 

Les 2022 sur fût

 

Tout est là !

 

228L de blanc, 300L de rouge et un fût de vin jaune qui sera mis en bouteille dans 2-3ans probablement (non goûté car difficile de toucher à un vin de voile en cours d’élevage). Il devrait y avoir le double de bouteilles en 2023 et on espère le triple en 2024.

Pas vraiment de volatile à l’analyse, pourtant le vigneron n’y est pas complètement hostile lorsqu’elle s’intègre bien dans l’équilibre du vin.

 

Résonance Savagnin 2022 : couleur or pâle, un nez un peu sur la retenue en l’état, il ne laisse pas présager d’une telle bouche. L’attaque est énergique, très bien équilibrée entre une matière dense, surtout pour d’aussi jeunes vignes, et une acidité élevée. Les 14% d’alcool ne se sentent que par le volume et l’intensité pendant que le pH très bas (2,9 en 2022 ! il y aura environ 3,1 en 2023) équilibre le vin, le porte très loin, sur une finale saline très longue. Le profil rappelle clairement de beaux savagnins ouillés du Jura, comme les Notes bleues par exemple. C’est parfaitement propre. Déjà un des plus jolis blancs d’Auvergne dès le premier millésime. Bien sûr c’est un vin de gastronomie, qui avec de telles « mensurations » n’est probablement pas fait pour tout le monde. Il faut clairement aimer la tension. Mais l’élevage long l’a quand même bien patiné. J’ai hâte de le revoir avec quelques années et aussi de voir le 2023.

 

Magnétique Pinot noir 2022 : un peu le contraire du précédent, un pinot clair en couleur, léger (entre 12,5 et 13%), acidulé, aux tannins souples, qui n’est pas maigre pour autant, mais très digeste, sur la griotte, la groseille, avec aussi une note fumée bien présente, typique des 2022 apparemment puisqu’on retrouve la même chez l’Arbre Blanc sur ce millésime-là. Pour le moment les deux s’équilibrent bien. Il va être important que le fumé ne prenne pas trop les devants par rapport au fruit je pense. Un pinot élégant, frais, qui devrait s’aborder facilement en jeunesse.

 

 

Un grand merci à Jean-Marie pour la visite. Je venais au départ pour la curiosité de goûter les premiers savagnins d’Auvergne, et force est de constater que c’est une vraie réussite. Le pinot est lui aussi très intéressant sur cette très belle parcelle parfaitement « jardinée ». Mais le savagnin par son originalité, et surtout les pH qu’il peut donner aux vins tout en gardant volume et longueur m’a semblé ce jour-là la meilleure réponse au réchauffement climatique qui est le grand problème des blancs d’Auvergne à l’heure actuelle.

 

Le savagnin : l’avenir de l’Auvergne ? Et pourquoi pas ? Il me semble en tout cas bien mieux adapté que le chardonnay !

 

9 mai 2024

Visite au Chlo d'Auzit à Molompize

 

 Visite au Chlo d’Auzit à Molompize

 

Les Palhàs (les terrasses) du Cantal ont ressuscité à la fin des années 1990 grâce à Gilles Monier (premier millésime début des années 2000) puis Stéphan Elzière et Pierre Chabasseur.

Depuis Vincent Legrand qui vient de reprendre une partie des vignes de Gilles Monier et Chloé Chassang-Itier les ont rejoint.

Chloé est une « régionale de l’étape » puisque son mari Florian Itier cultive des pommes et des légumes dans le secteur, et qu’elle possède elle-même des champs de céréales (peut-être un whisky un jour !)

 

Après ses études à Beaune et un stage chez Gilles Monier, elle a eu l’opportunité de reprendre les vignes et le stock de Simon Chabasseur, qui ne souhaitait plus continuer. Elle a ainsi créé le Chlo d’Auzit en 2022, chemin d’Auzit à Molompize.

Elle possède désormais 3,5ha sur le coteau historique des Palhàs à Massiac, 0,5 ha qui ont été plantés en 2020 à Molompize et environ autant à Pierrefort plus au sud (des altesses plantées en 2022 à 900m d’altitude).

Les vignes ici sont généralement exposés au sud, sur des sols de gneiss avec quelques schistes, à  500 mètres d’altitude en moyenne, avec un pic à 900m à Pierrefort. Le climat y est à la fois très continental et montagnard, sec, chaud les après-midi d’été mais avec une grande amplitude thermique : les nuits y sont fraîches ce qui permet de préserver de bonnes acidités. Le vent bien présent préserve plus qu’ailleurs des maladies cryptogamiques (seulement 3-4 traitements en 2023 par exemple), par contre le gel y est fréquent en avril. Les vendanges se font généralement fin septembre, un peu après celles des Côtes d’Auvergne.

 

Les vins sortent ici en IGP Comté Tolosan (une vaste IGP étendue sur 12 départements), avec l’éventuelle mention « Cantal ». Face aux complications administratives, les échantillons devant être envoyés à Toulouse par exemple, Chloé sortira tout en Vin de France à partir de 2023, ce qui permettra en plus de sortir quelques cuvées de rouge qui ne sont pas parties en malo.

 

 

Parcelle défrichée et plantée en 2020, sur des Palhàs historiques, le long de la nationale à Molompize. La route puis l’Alagnon sont juste dans notre dos. La parcelle est clôturée pour éviter le gibier. Cépages : altesse, pinot gris, chardonnay, gamay, pinot noir, syrah. Un peu moins de 5000 pieds/ha, plants de la pépinière Vullien en Savoie, pas de massales, greffés sur du 3309-Couderc. Pas de certification recherchée, mais le travail est bio, avec un accent mis sur le bien-être des plantes, une sorte de phytothérapie empirique. Comme on peut le voir il y a eu désherbage en 2023 (pour éviter la concurrence avec l’herbe sur ce millésime où l’eau a beaucoup manqué) car Chloé a dû faire dans la précipitation mais pour la bonne cause puisqu’elle est devenue maman en juillet ! Pas toujours simple de tout concilier lorsqu’on travaille seule à la vigne une grande partie de l’année.

 

 

Un pied de baco, peut-être un projet à venir…

 

 

Comme on peut le voir, le gel est passé par là en 2024, comme dans tout le Sud de l’Auvergne. La perte est estimée à un peu plus de 90%...

 

 

Parcelle historique des Palhàs, à l’entrée de Massiac le long de l’autoroute.

 

 

 

La dégustation

 

Le chai est dans un ancien corps de ferme à côté de la maison de Chloé et Florian, de l’autre côté de l’Alagnon, parfaitement équipé avec un étage pour les vinifications et un sous-sol pour le stockage.

 

Les rouges sont égrappés (les rafles ont du mal à mûrir ici), avec des vinifications douces, peu d’extraction, une majorité en cuves fibre, en levures indigènes, légèrement sulfités. Filtration tangentielle sur les 2023 (pas sur les 2022). Mise en bouteille avec vide d’air.

 

Chardonnay 2022 : (10% fûts usagés, 90% cuves) chardonnay clair en couleur, nez aromatique, floral. Bouche légère en alcool (12%), fruitée, florale, vive à l’attaque, qui termine assez simple et court, mais digeste et facile à boire.

 

Gamay 2022 : (100% cuve. Vignes du coteau historique) gamay clair en couleur, léger aussi (12%), nez de fruits rouges et poivre, bouche légère, fruitée, acidulée, légèrement poivrée, pas un gros volume, mais fraîche et digeste, avec un peu plus d’allonge et de fond que le chardonnay.

 

Syrah 2023 : (100% cuve. Vignes de 2020. Mis en bouteille il y a quelques semaines mais ne sera commercialisé qu’après quelques mois de repos en bouteille comme tous les 2023) Couleur assez claire pour une syrah, encore violacée sur les contours. Nez de mûre, cerise, poivre, violette, typique d’une syrah fraîche. Bouche légère en alcool (dans les 12% aussi, les autres cépages sont montés plus haut en 2023 par contre), pas très épaisse, là aussi très fraîche, acidulée, tannins souples, digeste et facile à boire, prometteur pour des jeunes vignes.

 

 

Un grand merci à Chloé pour la visite et la dégustation

21 avril 2024

L'eau qui dort à Lempdes-sur-Allagnon

 

 

L'eau qui dort est le négoce de Lisa (qui vinifie en parallèle ses propres vins) et de Paul (qui vinifie de son côté les vins du Coteau Libre).

 

 

 

Fiches techniques des mises 2024

 

 

Tour de Chauffe 2023 : (50% maccabeu, 50% grenache blanc du Roussillon. Vin orange. Les grenaches macèrent quelques jours en grappes entières. Les maccabeus sont travaillés en trempette cette année) Un vin de macération au nez exubérant, mais à la bouche finalement bien plus en finesse que ce qu'on pourrait penser avec juste ce qu'il faut de tannins et d'amers pour apporter de la fraîcheur.

 

Toï-Toï 2023 : (50% cinsault, 20% grenache du Languedoc + 15% gamay et 15% pinot noir de Saint-Pourçain. Les cinsault sont travaillés en mille-feuille avec les grenaches noirs, en grappes entières. Les pinots comacèrent une dizaine de jours dans une presse direct de gamay) Un jus de fruit !

 

Bosco 2023 : (90% pinot noir et 10% gamay à Dallet, Auvergne. La moitié de la vendange est pressée pour être ensuite rajoutée sur les grappes entières). Un vin plein de fruit, léger, frais, digeste, avec quelques notes fumées et poivrées.

 

Zeppa.o 2022 : (100% barbera du Piémont. Longue infusion tout en douceur) Un vin concentré, coloré, tannique, puissant, mais avec une belle acidité, taillé pour la garde.

 

 

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