Visite au Chlo d'Auzit à Molompize
Visite au Chlo d’Auzit à Molompize
Les Palhàs (les terrasses) du Cantal ont ressuscité à la fin des années 1990 grâce à Gilles Monier (premier millésime début des années 2000) puis Stéphan Elzière et Pierre Chabasseur.
Depuis Vincent Legrand qui vient de reprendre une partie des vignes de Gilles Monier et Chloé Chassang-Itier les ont rejoint.
Chloé est une « régionale de l’étape » puisque son mari Florian Itier cultive des pommes et des légumes dans le secteur, et qu’elle possède elle-même des champs de céréales (peut-être un whisky un jour !)
Après ses études à Beaune et un stage chez Gilles Monier, elle a eu l’opportunité de reprendre les vignes et le stock de Simon Chabasseur, qui ne souhaitait plus continuer. Elle a ainsi créé le Chlo d’Auzit en 2022, chemin d’Auzit à Molompize.
Elle possède désormais 3,5ha sur le coteau historique des Palhàs à Massiac, 0,5 ha qui ont été plantés en 2020 à Molompize et environ autant à Pierrefort plus au sud (des altesses plantées en 2022 à 900m d’altitude).
Les vignes ici sont généralement exposés au sud, sur des sols de gneiss avec quelques schistes, à 500 mètres d’altitude en moyenne, avec un pic à 900m à Pierrefort. Le climat y est à la fois très continental et montagnard, sec, chaud les après-midi d’été mais avec une grande amplitude thermique : les nuits y sont fraîches ce qui permet de préserver de bonnes acidités. Le vent bien présent préserve plus qu’ailleurs des maladies cryptogamiques (seulement 3-4 traitements en 2023 par exemple), par contre le gel y est fréquent en avril. Les vendanges se font généralement fin septembre, un peu après celles des Côtes d’Auvergne.
Les vins sortent ici en IGP Comté Tolosan (une vaste IGP étendue sur 12 départements), avec l’éventuelle mention « Cantal ». Face aux complications administratives, les échantillons devant être envoyés à Toulouse par exemple, Chloé sortira tout en Vin de France à partir de 2023, ce qui permettra en plus de sortir quelques cuvées de rouge qui ne sont pas parties en malo.
Parcelle défrichée et plantée en 2020, sur des Palhàs historiques, le long de la nationale à Molompize. La route puis l’Alagnon sont juste dans notre dos. La parcelle est clôturée pour éviter le gibier. Cépages : altesse, pinot gris, chardonnay, gamay, pinot noir, syrah. Un peu moins de 5000 pieds/ha, plants de la pépinière Vullien en Savoie, pas de massales, greffés sur du 3309-Couderc. Pas de certification recherchée, mais le travail est bio, avec un accent mis sur le bien-être des plantes, une sorte de phytothérapie empirique. Comme on peut le voir il y a eu désherbage en 2023 (pour éviter la concurrence avec l’herbe sur ce millésime où l’eau a beaucoup manqué) car Chloé a dû faire dans la précipitation mais pour la bonne cause puisqu’elle est devenue maman en juillet ! Pas toujours simple de tout concilier lorsqu’on travaille seule à la vigne une grande partie de l’année.
Un pied de baco, peut-être un projet à venir…
Comme on peut le voir, le gel est passé par là en 2024, comme dans tout le Sud de l’Auvergne. La perte est estimée à un peu plus de 90%...
Parcelle historique des Palhàs, à l’entrée de Massiac le long de l’autoroute.
La dégustation
Le chai est dans un ancien corps de ferme à côté de la maison de Chloé et Florian, de l’autre côté de l’Alagnon, parfaitement équipé avec un étage pour les vinifications et un sous-sol pour le stockage.
Les rouges sont égrappés (les rafles ont du mal à mûrir ici), avec des vinifications douces, peu d’extraction, une majorité en cuves fibre, en levures indigènes, légèrement sulfités. Filtration tangentielle sur les 2023 (pas sur les 2022). Mise en bouteille avec vide d’air.
Chardonnay 2022 : (10% fûts usagés, 90% cuves) chardonnay clair en couleur, nez aromatique, floral. Bouche légère en alcool (12%), fruitée, florale, vive à l’attaque, qui termine assez simple et court, mais digeste et facile à boire.
Gamay 2022 : (100% cuve. Vignes du coteau historique) gamay clair en couleur, léger aussi (12%), nez de fruits rouges et poivre, bouche légère, fruitée, acidulée, légèrement poivrée, pas un gros volume, mais fraîche et digeste, avec un peu plus d’allonge et de fond que le chardonnay.
Syrah 2023 : (100% cuve. Vignes de 2020. Mis en bouteille il y a quelques semaines mais ne sera commercialisé qu’après quelques mois de repos en bouteille comme tous les 2023) Couleur assez claire pour une syrah, encore violacée sur les contours. Nez de mûre, cerise, poivre, violette, typique d’une syrah fraîche. Bouche légère en alcool (dans les 12% aussi, les autres cépages sont montés plus haut en 2023 par contre), pas très épaisse, là aussi très fraîche, acidulée, tannins souples, digeste et facile à boire, prometteur pour des jeunes vignes.
Un grand merci à Chloé pour la visite et la dégustation