750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Cave du Théâtre
La Cave du Théâtre
  • Le site de la Cave du Théâtre à Clermont-Ferrand : retrouvez les nouveautés, les visites en Auvergne et l'historique des Soirées dégustation - sélection des vins pour la carte de notre restaurant, La Régalade.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
27 juin 2025

Soirée Caisse INEDIT de Benoît Montel du 27/06

 

La caisse INEDIT de Benoît Montel nous a permis de déguster un même vin, vieilli dans 6 contenants différents : une expérience rare et très enrichissante.

 

 

Outre l’impact des différents contenants sur le goût et l’équilibre des vins, l’exercice permet aussi de réfléchir au type d’élevage qui sera le plus adapté à l’avenir en tenant compte du réchauffement climatique (avec notamment des acidités de plus en plus faibles).

 

Il s’agit de son chardonnay 2022, récolté sur le lieu-dit Bourrassol, entre Châteaugay et Ménétrol, une parcelle plutôt solaire, exposée sud-est, sur sols argilo-calcaire avec un peu de basalte, vignes plantées en 1999. Les raisins ont été récoltés début septembre, à environ 13%, en pressurage direct grappe entière dans un pressoir pneumatique horizontal. Après un débourbage de 48h à froid, le vin a enchaîné fermentation alcoolique puis fermentation malolactique en cuve inox, pendant 6 semaines environ. Il y a eu un léger sulfitage après malo (puis un second à la mise en bouteille).


C’est à ce moment-là que le vin a été transféré dans les divers contenants, pour 9 mois, sans interventions (pas de bâtonnage par exemple).

 

 

 

I Cuve inox : (contenant le plus neutre, pratique et économique, pas de porosité, pas d’aromatisation) Le vin est à peine moins doré que les suivants, un nez de fleurs blanches et fruits jaunes. La bouche présente de la vivacité à l’attaque, pas de travail de texture, on a même l’impression d’un très léger perlant au départ mais qui disparait vite. On apprécie son côté vif et frais au départ, le vin perd un peu de son intérêt au fur et à mesure qu’il se réchauffe.


N Porcelaine : (un œuf en ballon de rugby de 500L. Fait à partir d’une argile blanche riche en kaolinite. La plus chère des céramiques, fragile. Pas de porosité, pas d’aromatisation, mais un brassage et une proportion de lies plus importants que sur la cuve inox) Couleur à peine plus dorée, nez qui semble un peu plus mûr. Bouche plus large à l’attaque, au départ on a une impression d’un vin plus élevé en alcool que le précédent, puis avec l’ouverture il semble plus complexe et gagne en intérêt.


E grès : (amphore de 500L en forme d’œuf. Fait à partir d’une argile riche en silice, à cuisson élevée, 1100 à 1300°. La porosité est faible, pas d’aromatisation, brassage des lies, come sur toutes les amphores il y a aussi une inertie thermique bien qu’elles ne soient pas enterrées ici) Couleur proche du précédent, le nez est un peu plus marqué par les agrumes confits, mûr mais moins miellé que d’autre. La bouche semble plus « caillouteuse », donnant une vraie sensation minérale, avec une impression d’acidité plus élevée, sans perdre en volume, finale avec de beaux amers, presque des petits tannins, beaucoup d’allonge, plus de fraîcheur et de longueur. Le gagnant du soir à l’unanimité. Benoît avait prévenu l’an dernier à la sortie de la caisse « Le grès demande toujours un peu de temps, la première année c’est le plus compliqué avec des amers trop marqués, mais ensuite c’est souvent celui qui s’impose ».


D terre cuite : (amphore de 500L. Cuisson d’une argile plutôt rouge, entre 800 et 1000°. Forte porosité ici. Pas d’aromatisation) Couleur un poil plus dorée, nez qui semble riche, fruits jaunes mûrs, presque exotiques. Bouche avec du volume, de la gourmandise, elle manque un poil d’acidité derrière le précédent, mais c’est très bon aussi.


I fût d’acacia : (fût de 228L neuf de chez Meyrieux, l’acacia a un grain plus serré que le chêne, il est donc moins poreux, il est aussi plus pauvre en vanilline et marque moins les vins. Très efficace sur les vins blancs, on le voit apparaitre de plus en plus, parfois en assemblage avec d’autres contenants, parfois en fût hybride avec une douelle sur deux chêne/acacia)  Couleur un peu plus claire, nez un peu plus miellé, petite touche vanillée légère. La bouche a une belle texture à l’attaque avec un léger gras, elle a gardé une bonne acidité, petite sucrosité gourmande, la finale est bien moins marquée par le bois que le suivant. Un contenant intéressant.


T fût de chêne : (fût de 228L neuf, chauffe blonde, tonnellerie Meyrieux. Forte porosité et aromatisation forte) Couleur à peine plus foncée, le nez est tout de suite plus vanillé, pas spécialement toasté ici. La bouche est très jolie à l’attaque, soyeuse, gourmande, avec une petite sucrosité vanillée, un fruité mûr, la finale est par contre un peu trop arrondie par l’élevage, on reste sur cette sensation vanillée. Cependant le bois a déjà été bien absorbé depuis l’an dernier, on sent qu’il ne manque que deux/trois ans de plus pour en faire un joli vin d’inspiration bourguignonne à l’ancienne.

 

 

Un grand merci à Benoît pour cette belle opportunité. C’était une première pour la plupart des participants est tout le monde a trouvé la dégustation à la fois enrichissante et d’un très bon niveau. Si le grès s’est imposé ce soir-là, la prudence reste de mise : en fonction du vin choisi, du millésime, du temps d’élevage, de l’âge auquel on boit les vins, du moment (à table ? l’été ?), etc… tous les contenants peuvent avoir leur intérêt. Sans oublier non plus qu’il y a la possibilité d’assembler plusieurs d’entre eux. Ce qui est sûr c’est qu’il y a des différences marquées, voire très marquées sur le grès et le chêne, entre les vins. La seule façon de mieux comprendre l’importance de l’élevage est de multiplier ce genre d’expérience. Alors vivement les prochaines caisses Benoît ! Pour les 2025 peut-être ?

 

 


A Lire : Le Rouge et le Blanc n°154 sur les amphores. « En fonction des minéraux utilisés et de leur proportion, du temps et de la température de cuisson, de la présence ou non d’une cire en surface, de la taille, de la forme, de la provenance, si elles sont ensuite enterrées ou non, etc… » on comprend que l’amphore est un terme générique qui renvoie à des réalités très différentes les unes des autres, avec une porosité allant notamment de 0 à 30%. Il y aurait généralement une montée des acides volatils plus faible que sur les fûts de chêne.
 

Commentaires