Soirée Gevrey-Chambertin du 25/09
Avec ses 408 hectares, l'appellation Gevrey-Chambertin est la plus grande de la Côte de Nuits. Si les vins ont la réputation d'être puissants, "masculins", c'est avant tout pour des raisons historiques, mais la réalité est bien plus complexe... Comme Chambolle-Musigny c'est une appellation à combe, avec des sols variés, des expositions variées, des altitudes variées... En ajoutant à cela les styles de vinification et les "effets millésime", on aboutit à des vins très hétérogènes.
Pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet : http://monocepage.com/gevrey-chambertin-breffage/
Les Gevrey « de la Combe »
1 Berthaut-Gerbet, Gevrey-Chambertin 2017 : (Les Crais et La Burie) Robe qui fait très jeune encore un peu violette, très beau nez expressif, sur la cerise avec une légère sucrosité, très gourmand, bouche pleine de fruit, aux tannins fins, avec de la fraîcheur. Un vin tout en finesse, très facile à boire.
2 Fourrier, Gevrey-Chambertin Vieille Vigne 2017 : (95% champerrier, 5% Combe du dessus) Couleur très claire, à peine trouble. Nez éclatant, envoûtant, plein de framboise, de fraise, de rose, tout en délicatesse. Bouche du même niveau, évidente, où tout est à la bonne place, très fruitée, florale, tannins insensibles, texture de velours, on pourrait se resservir sans cesse. A l’opposé du stéréotype Gevrey-Chambertin (un peu comme Reynaud à Châteauneuf). La magie Fourrier a encore opéré.
3 Armand Rousseau, Gevrey-Chambertin 2015 : (les crais, creux brouillard, clos prieur bas, en champs, les cercueils, 1e cru perrières, 1e cru les etournelles, 1e cru craipillots) Couleur plus sombre que le précédent, nez qu’il faut aller chercher un peu plus, plus puissant, plus de fruits noirs. En bouche on retrouve la finesse de Rousseau combnée au côté solaire/confituré du millésime, plus concentré que le précédent, avec une superbe longueur pour un village, mais on sent qu’il aurait besoin de quelques années supplémentaires pour s’exprimer complètement.
Secteur nord ou « secteur St-Jacques »
4 Dominique Gallois, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Goulots 2014 : le vin en-dessous dans cette soirée, avec des tanins un peu verts et une matière un peu trop fluette. Difficile pour lui dans cette soirée où tout le reste s’est montré d’un haut niveau.
5 Denis Mortet, Gevrey-Chambertin 1er cru Lavaux St Jacques 2012 : Couleur sombre, nez de fuits noirs, légèrement confituré, à peine torréfié. C'est surtout la bouche qui impressionne comme souvent chez Mortet avec une matière épaisse et une texture de velours, très belle longueur, avec juste ce qu'il faut de fraîcheur pour Lavaux et 2012.
6 Bruno Clair, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2000 : Couleur bien tuilée, nez animal, cuir, fourrure, viande fumée, sous-bois, kirsch, on rentre vraiment dans les arômes tertiaires. La bouche est peu épaisse, mais noble et très complexe, encore assez longue. Un vin à son apogée.
7 Bruno Clair, Gevrey-Chambertin 1er cru Clos St Jacques 2007 : (bu à l'aveugle) Vin sombre, très beau nez sur le cuir, le tabac, les fruits noirs, encore jeune. Bouche puissante, massive, encore des tannins un peu durs, mais grosse matière et grosse longueur, surtout pour 2007, on a l'impression d'être sur un grand millésime qui demande quelques années de garde supplémentaires. Mais il ira certainement plus loin que le précédent. Merci Bertrand !
Secteur sud ou « secteur des grands crus »
8 Marchand-Tawse, Gevrey-Chambertin 1er cru Fonteny 2012 : Couleur sombre, nez duquel se dégage une impression de fraîcheur, presque mentholé, plutôt sur les fruits noirs, un peu confituré. Bouche épaisse, tannins soyeux, proche du Lavaux de Mortet, avec plus de fraîcheur mais peut-être un peu plus simple.
9 Trapet, Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Prieur 2011 : On repasse sur une robe rubis, bien plus claire, comme souvent avec Trapet, le nez est sur les petits fruits rouges, la pivoine. La bouche fait un peu maigre, mais toute en tension, en longueur, très fraîche, avec un côté végétal noble apporté par la vendange entière, une impression de minéralité. Un vin peu démonstratif, mais avec beaucoup de fond, plus difficile à comprendre. Il a divisé l'assemblée.
10 Pierre Damoy, Chambertin Grand cru 2003 : Couleur très sombre, nez chocolaté, fumé, torréfié, kirsché, un peu de cuir et de sous-bois, belle complexité. Bouche massive, encore marquée par son élevage torréfié, puissante, qui appelle un plat en sauce ou qui peut se suffir à lui-même, presque comme un vin de dessert. Finale très longue, sur le café, le chocolat, la prune, presque pruneau même. Le stéréotype du Gevrey puissant arrive enfin, sans trop de surprises pour un Damoy sur une année chaude. Que de chemin parcouru depuis la première série !
Bonus
Henri Boillot, Puligny-Montrachet 1er cru Clos de la mouchère 2018 : un chardonnay encore légèrement marqué par son élevage grillé, avec une belle matière en bouche, et une finale très longue, minérale, bien tendue, surtout pour 2018. Déjà très bon, et probablement encore bien meilleur dans quelques années pour les plus patients. Merci Vincent !
Merci à tous pour cette soirée qui s'est révélée exceptionnelle. Prochaine étape : l'Australie !